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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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mille
forteresses, neuf cents villes et quatorze pays, dont la Syrie, la Palestine, l’Arabie,
la Mésopotamie et la Judée. La baguette se remit à voltiger. Il avait restauré
pas moins de trente-neuf villes, et n’en avait autorisé que trois à prendre
pour nom Pompeiopolis. Il avait levé en Orient un impôt sur la propriété qui
augmentait d’un tiers les revenus annuels de Rome. Et il se proposait de faire
sur sa fortune personnelle une donation immédiate de deux cent millions de
sesterces au Trésor public.
    — Pères conscrits, j’ai multiplié par deux la taille de
notre empire. Les frontières de Rome s’étendent désormais jusqu’à la mer Rouge.
    Alors même que je copiais ses propos, je fus frappé par le
ton singulier que prit Pompée pour faire son compte rendu. Il ne cessa de
parler de « mon » ceci et « mon » cela. Mais tous ces
États, toutes ces villes et tous ces monceaux de richesses appartenaient-ils de
fait à Pompée ou bien étaient-ils la propriété de Rome ?
    — Je demanderai une loi rétrospective afin de légaliser
tout cela, bien entendu, conclut-il.
    Il y eut un silence. Cicéron, qui venait juste de retrouver
sa respiration, haussa un sourcil.
    — Vraiment, une seule loi ?
    — Une loi, insista Pompée en remettant sa baguette d’ivoire
à son aide de camp, qui ne dépassera pas une phrase : « Le sénat et
le peuple de Rome approuvent par la présente toutes les décisions prises par
Pompée le Grand pour la colonisation de l’Orient. » Évidemment, vous
pouvez y ajouter quelques lignes de félicitations si vous le souhaitez, mais ce
sera l’essentiel.
    Cicéron jeta un regard vers les autres sénateurs. Tous
regardaient ailleurs. Ils étaient trop heureux de le laisser parler.
    — Désires-tu autre chose ?
    — Le consulat.
    — Quand ?
    — L’année prochaine. Dix ans après mon premier.
Parfaitement légal.
    — Mais pour te présenter aux élections, il va falloir
que tu entres dans la cité, ce qui implique d’abandonner ton imperium . Et
tu n’es sans doute pas prêt à renoncer à ton triomphe ?
    — Bien sûr que non. Mon triomphe aura lieu pour mon
anniversaire, en septembre.
    — Comment procéder, alors ?
    — C’est simple. Une autre loi. Une phrase encore :
« Le sénat et le peuple de Rome autorisent par la présente Pompée le Grand
à se porter candidat à l’élection au poste de consul in absentia. » Je
pense que je n’ai guère besoin de faire campagne pour ce poste. Les gens savent
qui je suis !
    Il sourit et regarda autour de lui.
    — Et ton armée ?
    — Dissoute et dispersée. Il faudra récompenser les
soldats bien sûr. Je leur ai donné ma parole.
    Le consul, Messalla, intervint :
    — On nous a rapporté que tu leur avais promis des
terres.
    — C’est exact.
    Pompée lui-même détecta l’hostilité dans le silence qui
suivit.
    — Ecoutez, dit-il en se penchant en avant sur son siège
pareil à un trône, parlons sans détours. Vous savez que j’aurais pu marcher
jusqu’aux portes de Rome avec mon armée de légionnaires et exiger tout ce que
je voulais. Mais mon intention est de servir le sénat et non de lui dicter mes
volontés, et c’est exactement ce que j’ai voulu démontrer en traversant l’Italie
dans la plus grande humilité. Et c’est ce que je veux continuer à démontrer.
Vous savez tous que j’ai divorcé ?
    Les sénateurs acquiescèrent d’un hochement de tête.
    — Qu’en serait-il si je faisais un mariage qui me liait
à tout jamais au parti des sénateurs ?
    — Je crois que je parlerai au nom de tous, répondit
prudemment Cicéron, qui surveillait les autres du regard, en disant que le
sénat ne désire rien d’autre que de travailler avec toi, et qu’une telle
alliance serait d’une grande utilité. Tu penses à quelqu’un ?
    — En fait, oui. On me dit que Caton est quelqu’un d’influent
au sénat en ce moment, et Caton a des nièces et des filles en âge de se marier.
Mon projet est d’en prendre une et de faire épouser l’autre par mon fils aîné.
Voilà, dit-il en se calant avec satisfaction dans son siège. Qu’est-ce que vous
en dites ?
    — Nous en disons que ce serait une très bonne chose,
répliqua Cicéron après un nouveau coup d’œil à ses collègues. Une alliance
entre les maisons de Pompée et de Caton assurerait la paix pendant une
génération. Les populares en resteront tous prostrés par le choc, et les
hommes de bien

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