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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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qui était le premier consul, était aussi un ami de
Clodius et désirait étouffer le scandale. Il fut néanmoins bien obligé de lire
le rapport des pontifes, et leur verdict était sans appel. La conduite de
Clodius répondait indubitablement aux critères du nef as – un
sacrilège, un péché, un crime contre la déesse, une abomination.
    Le premier sénateur à se lever fut Lucullus, et comme il dut
lui être agréable d’annoncer avec la plus grande solennité que son ancien
beau-frère avait entaché les traditions de la république et risqué d’attirer la
colère des dieux sur la cité !
    — Leur colère ne pourra être apaisée qu’en punissant
sévèrement le coupable, déclara-t-il.
    Et il proposa officiellement que Clodius soit accusé d’avoir
violé le caractère sacré des vierges vestales – crime pour lequel la
peine prévue était d’être battu à mort. Caton soutint la motion. Les deux
dirigeants patriciens, Hortensius et Catulus, se levèrent pour l’appuyer, et il
paraissait évident que la majorité de la curie allait dans leur sens. Les
sénateurs demandèrent que le plus haut magistrat de Rome après les consuls, le
prêteur urbain, réunisse un tribunal spécial, nomme un jury trié sur le volet
parmi les sénateurs et traite l’affaire le plus rapidement possible. Avec de
tels hommes aux commandes, le résultat était joué d’avance. Pupius accepta à
contrecœur de prendre une résolution à cet effet et, à la fin de la séance,
Clodius pouvait déjà être considéré comme un homme mort.
    Tard cette nuit-là, quand j’entendis frapper à la porte de
Cicéron, je sus avec une certitude toute viscérale que ce devait être Clodius.
Malgré sa rebuffade au lendemain du fiasco de la Bonne Déesse, le jeune homme
avait continué de revenir régulièrement dans l’espoir de voir Cicéron. Mais j’avais
pour strictes instructions de lui refuser l’entrée de la maison. À sa grande
irritation, il n’avait jamais pu dépasser l’ atrium . Aussi me
préparais-je en traversant le vestibule à une nouvelle scène désagréable.
Pourtant, après avoir déverrouillé la porte, quelle ne fut pas ma surprise de
découvrir Clodia sur le pas de la porte. Elle ne se déplaçait en général qu’au
milieu d’une flottille de servantes, or, cette nuit-là, elle était sans
escorte. Elle demanda d’une voix glacée si mon maître était là, et je lui
répondis que j’allais voir. Je la fis entrer dans le vestibule et l’invitai à
attendre, puis je courus presque à la bibliothèque où Cicéron travaillait.
Quand je lui annonçai qui venait le voir, il posa son style et réfléchit un
instant.
    — Terentia est-elle montée dans sa chambre ?
    — Je crois, oui.
    — Alors fais-la entrer.
    Je fus stupéfait qu’il puisse prendre un tel risque. Il dut
se rendre compte du danger, lui aussi, car il ajouta, juste avant que je sorte :
    — Et prends garde de ne pas me laisser seul avec elle.
    J’allai la chercher. À peine eut-elle pénétré dans la
bibliothèque qu’elle se dirigea vers Cicéron et s’agenouilla à ses pieds.
    — Je suis venue te supplier de nous accorder ton
soutien, dit-elle en baissant la tête. Mon pauvre garçon est pétri de peur et
de remords, et cependant il est trop fier pour tenter de nouveau de te demander
de l’aide, aussi suis-je venue seule.
    Elle saisit entre ses mains le bord de la toge de Cicéron et
le baisa.
    — Mon cher ami, il en faut beaucoup pour que les Claudii
se mettent à genoux, mais je te demande ton aide.
    — Lève-toi, Clodia, répliqua Cicéron en jetant des
coups d’œil nerveux vers la porte. Quelqu’un pourrait te voir et cette histoire
ferait le tour de Rome.
    Comme elle ne réagissait pas, il ajouta, plus gentiment :
    — Je ne te parlerai même pas, si tu ne te relèves pas
tout de suite !
    Clodia se releva, tête baissée.
    — Maintenant, écoute-moi, reprit Cicéron. Je te le
dirai une fois et, ensuite, tu partiras. Tu veux que j’aide ton frère, oui ?
    Clodia acquiesça.
    — Alors dis-lui de faire exactement ce que je lui
conseille. Il faut qu’il écrive une lettre à chacune des femmes dont l’honneur
a été outragé. Il doit leur dire qu’il est désolé, qu’il s’agissait d’un accès
de folie, qu’il n’est plus digne de respirer le même air qu’elles et leurs
filles, etc. – crois-moi, il ne sera jamais trop obséquieux. Ensuite,
il devra renoncer à la questure. Quitter

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