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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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signifiait
que le vieil homme devrait quitter l’Italie immédiatement, que sa maison serait
démolie et tous ses biens confisqués.
    — C’est une tragédie, jura Cicéron.
    — Tu as fait de ton mieux, frère. Au moins, il est très
vieux et a déjà vécu sa vie.
    — Je ne pensais pas à Rabirius, imbécile, mais à mon
consulat !
    Il n’avait pas fini de parler que nous entendions une
exclamation puis un cri perçant. Une échauffourée venait d’éclater tout près,
et nous distinguâmes clairement la haute stature de Catilina émerger de la
mêlée et assener force coups de poing. Des légionnaires se précipitèrent pour
séparer les combattants. Derrière eux, Metellus et Lucullus s’étaient levés
pour regarder la scène. Celer, l’augure, qui se tenait à côté de son cousin
Metellus, avait mis ses mains en cornet contre sa bouche et encourageait les
soldats.
    — Regarde Celer, là-bas, dit Cicéron non sans une
pointe d’admiration. Il brûle d’en être. Il aime la bagarre !
    Il devint un instant pensif puis annonça soudain :
    — Je vais lui parler.
    Il partit si brusquement que ses licteurs eurent du mal à
passer devant lui pour lui ouvrir un chemin. Lorsque les deux généraux virent
le consul approcher, ils lui jetèrent un regard peu amène. Tous deux étaient
coincés hors les murs de la cité depuis longtemps, à attendre que le sénat vote
leur triomphe – plusieurs années dans le cas de Lucullus, qui en
avait profité pour faire bâtir une vaste retraite à Misène dans la baie de
Naples, et un palais au nord de Rome. Mais le sénat hésitait à accéder à leur
demande, principalement parce qu’ils s’étaient tous les deux disputés avec
Pompée. Ils étaient donc pris au piège. Seuls les détenteurs de l’ imperium pouvaient se voir attribuer un triomphe ; mais s’ils pénétraient dans l’enceinte
de Rome pour réclamer ce triomphe, ils mettaient automatiquement fin à leur imperium .
On pouvait comprendre leur frustration.
    —  Imperator , dit Cicéron en levant la main pour
saluer chaque homme l’un après l’autre. Imperator .
    — Il y a des choses dont il faudrait que nous parlions,
commença Metellus sur un ton menaçant.
    — Je sais exactement ce que tu vas me dire, répliqua
Cicéron, et je t’assure que je tiendrai ma promesse et plaiderai ta cause
devant le sénat. Mais aujourd’hui n’est pas le jour. Vous voyez à quelles
pressions je dois faire face pour le moment ? J’ai besoin d’aide, pas pour
moi mais pour le salut de la nation. Celer, m’aideras-tu à sauver la république ?
    Celer échangea un regard avec son cousin.
    — Je ne sais pas. Tout dépend de ce que tu voudrais que
je fasse.
    — Il s’agit d’une affaire périlleuse, l’avertit
Cicéron, sachant pertinemment que cela rendrait la mission d’autant plus
attirante pour un homme comme Celer.
    — Personne ne m’a jamais traité de lâche. Parle.
    — Je voudrais que tu prennes un détachement des
excellents légionnaires de ton cousin, que tu traverses le Tibre, montes sur le
Janicule et abaisses le drapeau.
    Celer lui-même eut un instant d’hésitation en entendant la
requête car chacun savait qu’en abaissant le drapeau – signal de l’approche
d’une armée ennemie – on suspendrait aussitôt l’assemblée, et que le
Janicule était toujours défendu par de nombreux gardes. Son cousin et lui se
tournèrent tous deux vers Lucullus, qui était de loin le plus vieux des trois,
et je regardai cet élégant patricien peser le pour et le contre.
    — C’est un stratagème plutôt désespéré, consul,
lâcha-t-il.
    — Effectivement, convint Cicéron. Mais si nous perdons
ce procès, ce sera un désastre pour Rome. Aucun consul ne sera plus jamais
assuré d’avoir l’autorité pour réprimer une rébellion armée. Je ne sais pas
pourquoi César veut instituer un tel précédent, mais je sais que nous ne
pouvons pas nous permettre de le laisser faire.
    À la fin, ce fut Metellus qui dit :
    — Il a raison, Lucius. Donnons-lui des hommes. Quintus,
demanda-t-il à Celer, tu veux le faire ?
    — Bien sûr.
    — Parfait, conclut Cicéron. Les gardes devraient t’obéir
en tant que préteur, mais au cas où ils renâcleraient, je te fais accompagner
par mon secrétaire.
    Et, à ma consternation, il fit glisser sa bague de son doigt
et me la mit dans la paume.
    — Tu diras au commandant que le consul est formel, me
confia-t-il : un ennemi

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