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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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menace Rome, et il faut abaisser le drapeau. Ma
bague prouvera que tu es mon émissaire. Tu crois que tu peux y arriver ?
    J’acquiesçai d’un signe de tête. Que pouvais-je faire d’autre ?
Metellus, de son côté, appelait le centurion qui était intervenu contre
Catilina et, presque immédiatement, je me retrouvai en train de cavaler, hors d’haleine,
derrière une troupe de trente légionnaires qui avançaient au pas de course, l’épée
tirée, avec Celer et le centurion à leur tête. Notre mission – soyons
francs – était d’interrompre l’assemblée légale du peuple romain, et
je me souviens d’avoir pensé : Qu’importe Rabirius, là, c’est de la
trahison. Nous quittâmes le Champ de Mars et franchîmes le pont Sublicius
par-dessus les eaux brunes et tumultueuses du Tibre avant de traverser la
plaine vaticane, hérissée des tentes sordides et des cabanes de fortune des
miséreux. Au pied du Janicule, les corbeaux de Junon veillaient sur les
branches dénudées des arbres sacrés en une telle profusion de formes noires et
ratatinées que, lorsque nous passâmes à côté et les fîmes s’envoler en criant,
ce fut comme si c’était le bois lui-même qui décollait. Nous remontâmes la
route vers le sommet de la colline, et jamais éminence ne me parut si abrupte.
Au moment même où j’écris ces mots, je crois sentir mon cœur cogner dans ma
poitrine et les poumons me brûler alors que je cherchais mon souffle en
sanglotant. La douleur qui me perçait le flanc paraissait aussi vive qu’un coup
de lance.
    Au point culminant, sur la crête de la colline, se dressait
un temple de Janus, un visage tourné vers Rome et l’autre vers la campagne,
au-dessus duquel flottait un immense drapeau rouge qui battait et claquait au
vent. Une vingtaine de légionnaires se serraient autour de deux grands
braseros, et nous les encerclâmes avant qu’ils ne pussent faire le moindre
geste pour nous arrêter.
    — Certains d’entre vous me connaissent déjà ! cria
Celer. Je suis Quintus Caecilius Celer, préteur et augure , et j’ai
combattu dans l’armée de mon beau-frère, Pompée le Grand. Et voici un homme,
ajouta-t-il en me désignant, qui vient avec la bague de notre consul Cicéron.
Il donne l’ordre de descendre le drapeau. Qui commande ici ?
    — Moi, répondit un centurion, soldat expérimenté d’une
quarantaine d’années, en avançant d’un pas. Et je me moque de qui vous êtes ou
de quelle autorité vous représentez : ce drapeau continuera de flotter
tant qu’un ennemi ne menace pas Rome.
    — Mais justement, Rome est menacée, assura Celer.
Regarde !
    Et il désigna la campagne à l’ouest de la cité qui s’étendait
à nos pieds. Le centurion se tourna pour regarder et, dans un éclair, Celer le
saisit par les cheveux et lui colla le fil de son épée contre la gorge.
    — Quand je dis qu’un ennemi arrive, siffla-t-il, c’est
qu’un ennemi arrive, tu comprends ? Et sais-tu comment je sais qu’un
ennemi arrive, alors que tu ne peux pas le voir ?
    Il tordit vicieusement la chevelure du soldat, lui arrachant
une exclamation.
    — C’est parce que je suis un augure , nom de nom.
Et maintenant, descends-moi ce drapeau et sonne l’alarme.
    Nul n’émit plus de protestation après cela. L’une des
sentinelles défit la corde et abaissa le drapeau pendant qu’une autre prenait
sa trompette et en tirait quelques notes perçantes. Je scrutai le Champ de
Mars, de l’autre côté du Tibre, et les milliers de citoyens rassemblés là-bas,
mais la distance était trop grande pour déterminer tout de suite ce qui s’y
passait. Il fallut attendre un moment pour comprendre que les gens semblaient
se disperser, et que les nuages de poussière qu’on apercevait à la périphérie
du champ étaient soulevés par la foule qui fuyait vers les maisons. Cicéron me
décrivit par la suite l’effet produit lorsque l’assistance avait entendu la
trompette et s’était aperçue que le drapeau descendait. Labienus avait tenté de
calmer la foule en lui assurant que ce n’était qu’un subterfuge, mais les
grands rassemblements de gens sont aussi stupides et faciles à effrayer qu’un
banc de poissons ou un troupeau de bêtes. La rumeur se répandit aussitôt que la
ville allait être attaquée. Malgré les exhortations de Labienus et des autres
tribuns, le vote dut être abandonné. Nombre des enclos furent fracassés par les
citoyens affolés. La tribune où

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