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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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devrait aller vers l’ouest.
    — Ou vers le sud, suggéra Lucullus. Pourquoi ne pas
aller jusqu’à Pétra ? Il y a des terres très fertiles au-delà, quand on
suit la côte.
    — Donc, le nord, l’est, l’ouest ou le sud, résuma
Cicéron. On dirait que Pompée n’a que l’embarras du choix. Nepos, sais-tu de
quel côté vont ses préférences ? Je suis certain que le sénat ratifiera sa
décision, quelle qu’elle soit.
    — En fait, je crois qu’il voudrait se replier, répondit
Nepos.
    Dans le profond silence qui suivit, j’entendis roucouler les
pigeons nichés sous le toit de la curie et leurs claquements d’ailes pareils à
des coups de fouet.
    —  Se replier ? répéta Isauricus. Qu’entends-tu
par se replier ? Il a quarante-huit mille hommes aguerris sous ses
ordres, sans rien pour les arrêter dans aucune direction.
    — Certes, on peut les qualifier d’« aguerris »,
mais « épuisés » serait plus exact. Certains d’entre eux marchent et
combattent là-bas depuis plus de dix ans.
    Il y eut un autre silence, le temps que tous digèrent cette
nouvelle information. Puis Cicéron reprit :
    — Tu veux dire qu’il a l’intention de ramener toutes
ses troupes en Italie ?
    — Pourquoi pas ? rétorqua Nepos. C’est chez eux,
après tout. Et Pompée a signé des traités extrêmement avantageux avec les
dirigeants locaux. Son prestige personnel vaut bien une douzaine de légions.
Savez-vous comment on l’appelle en Orient ?
    — Je t’en prie, dis-le-nous.
    — « Le Gardien de la Terre et de la Mer. »
    Cicéron scruta les visages des anciens consuls. Ils paraissaient
tous incrédules.
    — Il me semble, commença-t-il, parler au nom de tous si
je te dis, Nepos, que le sénat ne se satisfera pas d’un retrait total.
    — Sûrement pas, renchérit Catulus, et toutes les têtes
grises s’agitèrent pour le soutenir.
    — Auquel cas, voici ce que je propose, poursuivit
Cicéron. Tu vas retourner auprès de Pompée avec un message qui lui manifestera – bien
entendu – notre fierté, notre joie et notre gratitude pour ses
exploits, mais aussi notre désir de laisser son armée sur place en vue d’une
nouvelle campagne. Évidemment, s’il veut se décharger du fardeau d’un tel
commandement, après toutes ces années de service, Rome tout entière comprendra
et accueillera le plus chaleureusement du monde le plus brave de ses fils…
    — Tu peux proposer tout ce que tu voudras, l’interrompit
Nepos, mais ce n’est pas moi qui lui porterai le message. Je reste à Rome.
Pompée m’a relevé du service militaire, et j’ai l’intention de faire campagne
pour l’élection au tribunat. Alors, maintenant, si vous voulez bien m’excuser,
d’autres affaires m’attendent.
    Isauricus jura en regardant le jeune officier quitter la
salle avec assurance.
    — Il n’aurait jamais osé parler de la sorte si son père
avait été encore en vie. Quelle sorte de génération avons-nous donc élevée ?
    — Et si un jeune chiot comme Nepos nous parle ainsi,
remarqua Curion, imaginez comment sera son maître, avec ses quarante-huit mille
légionnaires pour le soutenir !
    — « Le Gardien de la Terre et de la Mer »,
murmura pensivement Cicéron. Je suppose que nous devrions le remercier de nous
avoir encore laissé l’air.
    Il y eut quelques rires.
    — Je me demande ce que Nepos pouvait avoir de plus
important à faire que de s’entretenir avec nous.
    Il me fit signe d’approcher et me glissa à l’oreille :
    — Cours-lui après, Tiron. Vois où il va.
    Je franchis l’allée centrale d’un pas pressé et atteignis la
porte juste à temps pour voir Nepos et ses satellites traverser le forum en direction
des rostres. On approchait de la huitième heure du jour et il y avait encore du
monde, aussi n’eus-je aucun mal à me dissimuler dans l’agitation de la ville – non
que Nepos fût le genre d’homme à regarder souvent par-dessus son épaule. La
petite troupe dépassa le temple de Castor, et ce fut une chance que je me sois
rapproché parce que un peu plus loin, sur la via Sacra, elle disparut
soudainement et je compris qu’ils étaient tous entrés dans la demeure
officielle du pontifex maximus .
    Je fus tenté de retourner au plus vite auprès de Cicéron
pour l’en informer, mais un instinct plus judicieux m’en empêcha. Il y avait
une rangée de boutiques en face de la grande demeure, et je feignis d’examiner
des bijoux tout en

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