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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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« manifestations insultantes » similaires qui avaient eu lieu aux États-Unis au cours de l’année précédente, décrivant celles-ci comme des « agissements équivalents à une ingérence directe dans les affaires intérieures d’un autre pays ». Le document s’en prenait aussi au boycott juif américain des produits allemands prôné par l’American Jewish Congress. Jouant sur la crainte des États-Unis d’une cessation de paiement des obligations allemandes, il prétendait que le boycott avait réduit la balance des paiements de l’Allemagne vis-à-vis des États-Unis au point que « Le maintien des engagements des sociétés allemandes à l’égard de leurs créanciers américains n’est plus désormais que partiellement envisageable ».
    Von Neurath concluait en déclarant que le pseudo-procès rendait extrêmement difficile « Le maintien de relations amicales, sincèrement souhaitées par les deux gouvernements ».
    Après l’avoir lu, Dodd expliqua tranquillement que, aux États-Unis, « personne ne pouvait interdire  8  une réunion privée ou publique », un point que les Allemands semblaient totalement incapables de comprendre. Dodd fit entendre également que l’Allemagne s’était attiré elle-même ces problèmes de relations publiques. « J’ai rappelé au ministre  9  que beaucoup d’événements qui continuent de se produire ici sont choquants pour l’opinion publique étrangère. »
    Après le rendez-vous, Dodd appela le secrétaire d’État Hull et lui dit que le gouvernement allemand était « extrêmement troublé »  10  par le pseudo-procès. L’ambassadeur Dodd fit traduire le document de von Neurath par le personnel de l’ambassade et ne l’envoya qu’après à Hull, par courrier.
    Le matin qui précéda le simulacre du procès, l’ambassadeur allemand Luther tenta encore de l’arrêter. Cette fois, il s’adressa au sous-secrétaire William Phillips, qui lui répéta qu’on ne pouvait rien faire. Luther exigea que le Département annonce immédiatement que « Le gouvernement se désolidarisait  11  de toute déclaration qui serait faite au cours du rassemblement ».
    Là aussi, Phillips rechigna  12 . Il ne restait pas suffisamment de temps pour préparer un tel communiqué, objecta-t-il ; il ajouta que le secrétaire d’État ne pouvait décemment anticiper ce que les intervenants déclareraient durant ce procès.
    Luther fit une ultime tentative, en exigeant que le Département d’État publie au moins un désaveu le lendemain matin du procès.
    Phillips répondit qu’il ne pouvait engager le Département mais que « La question ferait l’objet de toute son attention »  13 .
    Le procès eut lieu comme prévu  14 , sous la garde de trois cent vingt policiers new-yorkais en uniforme. À l’intérieur du Madison Square Garden, quarante policiers en civil circulaient parmi les vingt mille personnes présentes. Les vingt « témoins » qui apparurent au cours du procès comprenaient le rabbin Stephen Wise, le maire Fiorello LaGuardia et un ancien secrétaire d’État, Bainbridge Colby, qui exposa les faits. Le procès conclut à la culpabilité d’Hitler : « Nous déclarons que le gouvernement d’Hitler  15  oblige le peuple allemand à renoncer à la civilisation pour retourner à un despotisme archaïque et barbare qui met en danger les progrès de l’humanité en vue de la paix et de la liberté, et représente actuellement une menace pour la civilisation dans le monde. »
    Lors d’une conférence de presse, le lendemain, Phillips déclara qu’il n’avait « aucun commentaire à faire  16 , si ce n’est souligner de nouveau la nature privée du rassemblement et qu’aucun membre du gouvernement n’y était présent ».
    Phillips et ses collègues se concentrèrent sur d’autres dossiers. Cependant, comme cela ne tarderait pas à apparaître, l’Allemagne n’était pas disposée à tourner la page.
     
    Avant son départ, l’ambassadeur devait s’acquitter d’une deuxième tâche déplaisante : rencontrer Hitler. Le secrétaire Hull le lui avait demandé ; il le chargeait de transmettre au chancelier la consternation des États-Unis devant la vague de propagande nazie qui avait récemment déferlé en Amérique. Putzi Hanfstaengl organisa le rendez-vous, qui devait être privé et secret – juste Hitler et Dodd – et ainsi, le mercredi 7 mars, peu avant treize heures, Dodd se retrouva

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