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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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jeunesse.
    Peu avant son départ, néanmoins, survint une étincelle de lumière qui lui réchauffa le cœur et donna à penser que ses efforts n’avaient pas été vains. Le 12 mars, Hans-Heinrich Dieckhoff, haut fonctionnaire  18  du ministère allemand des Affaires étrangères, annonça lors d’une réunion au club de la presse allemand que, dorénavant, le gouvernement allait demander qu’un mandat soit délivré préalablement à toute arrestation et que le camp de Columbia-Haus, de sinistre réputation, serait fermé. Dodd pensait avoir pesé personnellement sur cette décision.
    Il aurait été moins réjoui d’apprendre la réaction de Hitler en privé après leur dernière rencontre, telle que la rapporte Putzi Hanfstaengl : « Dodd n’a guère fait impression  19 . Hitler avait presque pitié de lui. » Après l’entretien, le Führer avait déclaré : «  Der gute Dodd. C’est tout juste s’il parle l’allemand et il a raconté n’importe quoi. »
    Ce qui concorde assez bien avec la réaction, à Washington, de Jay Pierrepont Moffat. « L’ambassadeur Dodd, sans aucune consigne à cet égard  20 , écrivit-il dans son journal, a abordé avec Hitler le concept de non-agression du président et lui a demandé à brûle-pourpoint s’il était supposé participer à une conférence internationale sur ce sujet. D’où l’ambassadeur tient-il l’idée que nous désirons une autre conférence internationale est un mystère. »
    Et de conclure, avec une exaspération évidente : « Je suis content qu’il rentre bientôt pour ses congés. »
     
    La veille au soir de son départ, Dodd monta dans sa chambre à coucher et trouva Fritz, le majordome, qui faisait ses valises. Dodd en fut agacé. Il ne faisait pas confiance à Fritz, mais ce n’était pas la question. En réalité, les efforts de Fritz heurtaient son attachement aux principes de Jefferson. « Je ne trouve pas qu’il soit déshonorant  21  pour un homme de préparer ses propres bagages », note-t-il dans son journal.
    Le mardi 13 mars, il se rendit en famille à Hambourg, situé à deux cent quatre-vingt-dix kilomètres au nord-ouest de Berlin, où il fit ses adieux à chacun et s’installa dans sa cabine à bord du Manhattan des United States Lines.
     
    Dodd savourait le bonheur d’être en pleine mer quand la colère du gouvernement allemand, causée par le faux procès d’Hitler, éclata de nouveau. Le Troisième Reich, semblait-il, n’arrivait pas à se faire une raison.
    Au moment du départ de Dodd, six jours après le procès, l’ambassadeur Luther à Washington avait rappelé le secrétaire Hull. D’après le récit de ce dernier, Luther protesta contre « des actes aussi déplaisants et insultants  22  de la part de la population d’un pays contre le gouvernement et les dirigeants d’un autre pays ».
    Hull commençait à perdre patience. Après avoir exprimé ses regrets pour la forme et réitéré que le gouvernement américain n’avait aucun lien avec le pseudo-procès, il lança une attaque sournoise. « J’ai déclaré en outre être confiant  23  qu’à l’avenir le peuple de chaque pays montrerait une certaine retenue et s’abstiendrait de manifestations ou démonstrations excessives ou déplacées du fait des actions d’un peuple étranger. J’ai tenté de rendre claire cette allusion voilée à l’Allemagne. J’ai ajouté de manière plus générale que le monde semblait être largement en ébullition, ce qui explique que, dans plusieurs pays, les gens ne pensent ni n’agissent normalement. »
    Dix jours plus tard, en pleine tempête de neige, l’ambassadeur allemand revint à l’attaque, plus en colère que jamais. Quand Luther entra dans le bureau de Hull, le secrétaire lança qu’il espérait que l’ambassadeur « ne serait pas aussi glacial  24  que la neige qui tombait dehors ».
    Employant un langage que Hull décrivit comme « presque violent », Luther passa les trois quarts d’heure suivants à citer avec fureur une « kyrielle d’expressions injurieuses et insultantes utilisées par des citoyens américains contre le gouvernement hitlérien ».
    Hull se dit peiné que les États-Unis soient devenus la cible des critiques des Allemands mais nota au moins ceci : « Mon gouvernement ne se trouve pas seul dans cette situation ; presque tous les gouvernements voisins de l’Allemagne, ainsi que les gens à l’intérieur et à

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