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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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que vous êtes particulièrement adapté à cette position clé, je souhaite vivement proposer votre nom au Sénat en tant qu’ambassadeur américain en Allemagne. J’espère grandement que vous accepterez après en avoir discuté avec votre charmante épouse qui, soit dit en passant, serait parfaite en femme d’ambassadeur. Envoyez-moi donc un télégramme pour me dire oui. »
    Cox répondit par la négative  3  : les exigences de ses multiples affaires, y compris dans plusieurs journaux, l’obligeaient à décliner. Il ne faisait aucune allusion à la violence qui secouait l’Allemagne.
    Roosevelt mit le dossier de côté  4  pour faire face à la crise économique qui s’aggravait, la grande dépression qui, en ce printemps, avait mis au chômage le tiers de la main-d’œuvre non agricole du pays et réduit de moitié le produit national brut ; il ne reprit le dossier qu’au moins un mois plus tard, où il offrit le poste à Newton Baker, qui avait été secrétaire à la Guerre sous Woodrow Wilson et était à présent associé dans un cabinet juridique de Cleveland. Baker déclina aussi. De même un troisième, Owen D. Young, un éminent homme d’affaires. Ensuite Roosevelt sollicita Edward J. Flynn, une figure clé du Parti démocrate et un partisan de premier plan. Flynn s’entretint avec sa femme, « et nous sommes convenus que, compte tenu de l’âge de nos jeunes enfants, une pareille nomination était impossible ».
    À un moment donné, Roosevelt lança en plaisantant à un membre de la famille Warburg : « Vous savez, Jimmy  5 , ce cher Hitler mériterait que je lui envoie un Juif à Berlin comme ambassadeur. Le poste vous tenterait-il ? »
    Au mois de juin, le temps commençait à presser. Roosevelt luttait avec acharnement pour faire passer sa loi de redressement industriel national (National Industrial Recovery Act), la pièce centrale du New Deal, face à l’opposition féroce d’un noyau irréductible de Républicains puissants. Au début du mois, le Congrès n’étant qu’à quelques jours des vacances d’été, le projet de loi semblait sur le point de passer, mais était encore en butte aux attaques des Républicains et même de quelques Démocrates, qui lançaient des salves d’amendements, forçant le Sénat à tenir des séances marathons de délibérations. Roosevelt craignait que plus la bataille s’éterniserait, plus le projet de loi risquait d’être abandonné ou d’être gravement affaibli, en particulier parce que tout prolongement de la session du Congrès risquait de déclencher le courroux des législateurs bien résolus à quitter Washington, l’été venu. Tout le monde était de mauvaise humeur. Une vague de chaleur, en cette fin de printemps, avait fait grimper les températures à des niveaux records à travers tout le pays, faisant plus de cent victimes. Washington était une étuve ; les hommes empestaient. Le  New York Times titra sur trois colonnes : «  ROOSEVELT RÉDUIT L’ORDRE DU JOUR  6  POUR ACCÉLÉRER LA FIN DE LA SESSION : SA POLITIQUE EST MENACÉE . »
    Et il y avait là un dilemme : il revenait au Congrès d’entériner le choix et le financement des nouveaux ambassadeurs. Plus vite le Congrès ajournerait la session, plus Roosevelt serait pressé de choisir un ambassadeur pour Berlin. Il se trouva donc contraint  7  d’envisager des candidats se situant hors du cadre habituel des amis politiques, dont les présidents d’au moins trois universités et le pasteur baptiste de Riverside Church, à Manhattan, Harry Emerson Fosdick, un ardent pacifiste. Aucun ne semblait pourtant être le choix idéal ; aucun ne se vit offrir le poste.
    Le mercredi 7 juin  8 , la fin de la session parlementaire n’étant plus qu’à quelques jours, Roosevelt réunit plusieurs de ses proches conseillers et ne cacha pas son agacement de ne pas parvenir à trouver son nouvel ambassadeur. Parmi ces collaborateurs se trouvait le secrétaire au Commerce, Daniel Roper, un ami de longue date que Roosevelt appelait de temps à autre « oncle Dan ».
    Roper réfléchit un moment et lança un nouveau nom, celui d’un de ses vieux amis :
    « Pourquoi pas William E. Dodd ?
    – L’idée n’est pas mauvaise », convint Roosevelt, bien qu’il ne fût pas clair s’il le pensait vraiment.
    Toujours affable, Roosevelt avait tendance à faire des promesses qu’il n’avait pas nécessairement l’intention de tenir.

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