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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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« Je vais y réfléchir », ajouta-t-il.
     
    William E. Dodd n’avait rien du candidat type à un poste diplomatique. Il n’était pas riche. Il n’avait aucun poids politique. Il ne faisait pas partie des amis de Roosevelt. Mais il parlait l’allemand et était censé bien connaître le pays. Son allégeance passée à Woodrow Wilson pouvait représenter un handicap : en effet, la volonté de celui-ci de s’impliquer avec les autres nations sur la scène mondiale était une abomination aux yeux du camp grandissant des Américains qui considéraient que les États-Unis devaient rester à l’écart des affaires des pays étrangers. Ces « isolationnistes », conduits par William Borah de l’Idaho et Hiram Johnson de Californie, s’exprimaient de plus en plus fermement et gagnaient en puissance. Les sondages indiquaient  9  que 95 % des Américains voulaient que les États-Unis évitent de s’engager dans un nouveau conflit. Bien que Roosevelt fût lui-même favorable à l’implication internationale de son pays, il ne révélait pas ses idées sur la question pour ne pas freiner la progression de son programme sur les questions intérieures. Cependant, Dodd semblait peu susceptible d’enflammer les passions des isolationnistes. C’était un historien au tempérament pondéré et sa connaissance personnelle de l’Allemagne pouvait se révéler précieuse.
    Surtout, Berlin n’était pas encore l’avant-poste très délicat qu’il deviendrait dans le courant de l’année. Il existait à l’époque une idée largement répandue que le gouvernement d’Hitler ne saurait durer. La puissance militaire de l’Allemagne était limitée – son armée, la Reichswehr, ne comprenait que cent mille hommes, qui ne faisaient pas le poids face à la force militaire de la France voisine et moins encore à la puissance combinée de la France, l’Angleterre, la Pologne et l’Union soviétique. Et Hitler lui-même semblait faire preuve d’un naturel plus conciliant que prévu, compte tenu de la vague de violence qui avait balayé l’Allemagne au début de cette même année. Le 10 mai 1933, le parti nazi avait brûlé publiquement des livres déclarés indésirables – Einstein, Freud, Thomas et Heinrich Mann et des quantités d’autres – dans de grands autodafés à travers le pays ; une semaine plus tard, cependant, Hitler déclara vouloir se consacrer à la paix et alla jusqu’à promettre le désarmement complet si les autres pays s’engageaient sur la même voie. Le monde soupira de soulagement. Avec en arrière-plan les défis majeurs que Roosevelt devait affronter – la crise économique mondiale, une autre année de sécheresse accablante –, l’Allemagne faisait plutôt figure de source d’irritation. Ce que Roosevelt et le secrétaire d’État Hull considéraient comme le problème allemand le plus pressant, c’était le montant des réparations, s’élevant à 1,2 milliard de dollars, que l’Allemagne devait à ses créanciers américains, une dette que le régime d’Hitler semblait de moins en moins disposé à honorer.
    Il semble que personne n’ait beaucoup songé au caractère qu’il fallait avoir pour traiter efficacement avec le gouvernement d’Hitler. Le secrétaire Roper pensait  10  que « Dodd ferait preuve d’habileté dans l’exercice de ses fonctions diplomatiques et que, quand les consultations deviendraient tendues, il élèverait la discussion en citant Jefferson ».
     
    Roosevelt prit l’idée de Roper au sérieux.
    Le temps commençait à manquer, et il y avait des questions infiniment plus pressantes à régler, tandis que le pays s’enfonçait de plus en plus dans le marasme économique.
    Le lendemain, le 8 juin, Roosevelt donna l’ordre de passer un appel longue distance pour Chicago.
    Il fut bref. « Je voudrais savoir  11  si vous êtes prêt à rendre un service important au gouvernement. Je souhaiterais que vous vous rendiez en Allemagne en tant qu’ambassadeur », déclara-t-il à Dodd.
    Il ajouta : « Je veux un Américain libéral en Allemagne qui incarne ces valeurs. »
    Il faisait chaud dans le Bureau ovale, et chaud dans le bureau de Dodd. La température à Chicago dépassait largement les trente degrés.
    Dodd dit à Roosevelt qu’il avait besoin de réfléchir et d’en parler à sa femme.
    Roosevelt lui accorda deux heures  12 .
     
    D’abord, Dodd s’entretint avec des responsables de

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