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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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qu’il a extraits de Rome en les dissimulant dans son cercueil.
    Il désigna le cardinal et s’adressa encore au roi :
    — Votre Grâce, vous détenez désormais la parole d’un des plus puissants cardinaux de la curie pour soutenir la thèse que je vous ai livrée contre le Convent de Megiddo. La situation est désormais entre vos mains…

C HAPITRE 0 7
    Hanté par la vue des cadavres, le père Aba estima que pour pénétrer le monastère Albert-le-Grand, il ne pourrait compter que sur son travestissement d’homme en noir.
    Aux alentours de la forteresse, aucune route ne menait à la bâtisse, hormis des pistes rocailleuses et étroites, à peine tracées. Aba reconnut sous le givre des marques anciennes de sabots et de roues ; il dénombra les pieds qui séparaient ce chemin de l’arbre rabougri auquel était attaché son cheval. Là il établit un campement de fortune, se servant de l’écran de brousse pour se dissimuler, parvenant à dresser un muret de pierrailles afin de contrer le vent qui soufflait depuis le large.
    Ensuite il partit pour Varano avec le cheval.
    Varano était une petite cité portuaire au sud du monastère en plein essor depuis que s’y était installé un chantier naval aux tarifs inférieurs à ceux d’Ancône et de Pescara.
    Ici, il perçut dans l’œil des habitants que sa silhouette sombre leur était familière ; et qu’ils la craignaient.
    Il s’arrêta dans une ferme où il réclama de quoi se nourrir et panser sa monture. On s’empressa de lui obéir. Il fut servi de viande fraîche et de lait. Il requit des vivres pour un long voyage et quelques couvertures. Lorsqu’il voulut payer son dû, ses hôtes, d’abord surpris, se récrièrent, refusant la moindre pièce, pressés de le voir s’en aller.
    Le père Aba fit halte dans un atelier qui confectionnait des gréements et acquit un cordage raide à trois lacets fins, long de vingt-deux pieds et neuf pouces.
    En quittant Varano, il croisa un prêtre emmitouflé sous des peaux qui sortait d’une chapelle. Ce dernier ne l’aborda pas, il fit seulement le geste – curieux aux yeux d’Aba – de le bénir.
    Il reprit la route de son campement. Mais à mi-chemin, il descendit de sa monture et la fit détaler vers le nord en lui affligeant les flancs de la pointe de son épée.
    Le père Aba regagna son refuge devant le monastère.
    La journée était froide et brumeuse. Il alluma un petit feu, ce qu’il jugea sans risques, la fumée s’évanouissant loin de la route et la brume annulant les indices de fumée.
    Il ne vit personne venir.
    La nuit, il réussit à dormir quelques heures dans le froid, mais se réveilla les membres engourdis et douloureux.
    Il ne ralluma pas le feu. Le matin était plus clair. De là où il se tenait, il avait vue sur le ponton en bord de mer.
    « Les membres du monastère viendraient-ils par voie de mer ? »
    Ce jour-là se passa sans la moindre apparition. La nuit suivante fut calme et glacée. Le lendemain, sa patience fut récompensée peu avant midi : une troupe apparut enfin.
    Neuf cavaliers en noir, harnachés comme à Cantimpré, escortaient un carrosse. Ils piquaient droit vers le monastère.
    Aussitôt Aba se saisit de son arbalète et se rangea à l’affût au ras des broussailles.
    Le convoi dut ralentir. De la rocaille amoncelée par le prêtre sur le chemin obligea la voiture à faire une embardée et les cavaliers à se mettre à la file. Comme il l’avait prévu, ils passèrent non loin d’Aba à faible allure.
    Au moment propice, il se dressa et décocha un carreau dans le dos du dernier cavalier ; la flèche était attachée à la corde raide qu’il s’était procurée à Varano, dont l’extrémité était nouée au tronc de l’arbre. Le père Aba avait calculé la distance et l’angle de tir de sorte que, une fraction de seconde après l’impact de la flèche, le cordage arrive à bout et désarçonne le cavalier.
    L’homme fut projeté vers l’avant par la puissance du trait puis renversé en arrière, arraché de sa selle, jeté à terre comme une poupée de chiffon.
    Aba lui passa son épée à travers le corps et sauta sur son cheval afin d’attraper le convoi qui ne s’était aperçu de rien ; pas un bruit, pas un cri n’avait été émis au cours de ce meurtre expéditif.
    Il les rejoignit, quelques pas en arrière. La tenue des soldats était quasi identique à celle qu’il revêtait.
    Ils avancèrent jusqu’au pied du monastère.

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