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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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décrivit l’incendie de Castelginaux et le meurtre de sa mère, jetée dans les flammes.
    Tout le monde réfléchit alors à l’hypothèse évoquée par Simon : un être doué des pouvoirs de guérir, de faire fuir les démons, d’incarner le sang du Christ, de voir les défunts et de communiquer par la voie des songes.
    Simon résuma d’une question l’intuition secrète qui naissait en chacun d’eux :
    — Ces dons ne sont peut-être qu’une malédiction… ?
    Un long silence régna de nouveau.
    Ce fut Perrot qui le rompit :
    — En ce cas, notre obligation consiste à faire échouer les plans de nos ravisseurs ! Nous ne pouvons pas rester sans réagir, alors que nous ignorons ce qu’ils cherchent.
    — Comment ? demanda Agnès.
    Perrot expliqua l’incident avec Até alors qu’elle prenait son bain. Ce jour où il lui avait rouvert une cicatrice…
    — La colère, affirma-t-il. Pour un moment, j’ai cessé d’avoir peur. J’ai haï cette femme pour les méchantes choses qu’elle disait sur ma mère. Mon don s’est retourné contre elle.
    Les enfants se regardèrent.
    — N’est-ce pas cela, céder aux lois du démon ? Faire le mal ? s’inquiéta Damien.
    — Peut-être, répondit Perrot. Mais pour l’heure, nous n’avons rien d’autre à notre portée. Si nous arrivons à pervertir les dons pour lesquels ils nous ont élus, ils rateront tout ce qu’ils préparent…
    Peu après, sous l’œil des gardes qui n’entendaient pas leur conversation, les cinq jurèrent de respecter ce vœu de désobéissance, quel qu’en fût le prix. Ils braveraient leurs ravisseurs, feraient front, n’obéiraient plus, se tiendraient ensemble pour faire échouer Domenico Profuturus et ses hommes…

C HAPITRE 0 9
    Le père Aba atteignit les remparts d’Albert-le-Grand grâce au monte-charge en compagnie des deux derniers mercenaires et de trois chevaux.
    Du sommet, son regard embrassa l’intérieur de l’enceinte : elle était divisée en quatre carrés formant autant de cloîtres agrémentés de jardins, avec fontaines et haies de buis. Le long des murailles, pas moins de cinq étages hébergeaient les occupants du monastère et tous les ateliers et les prestations indispensables à une si importante vie communautaire ; il aperçut le verger, le potager, le cimetière, les étables, les écuries et une basse-cour circulaire à chaque angle de la forteresse. Les croisées étaient montées de verre et les murs agrémentés de sculptures et de reliefs.
    Au-delà de la perfection formelle de l’ensemble et de l’absence d’une église abbatiale en son milieu, Aba fut surtout surpris par le prodigieux arsenal de défense dissimulé derrière les remparts. Il y avait là de quoi refouler une armée de mille hommes.
    Au sortir du monte-charge, le père Aba aperçut le mécanisme qui mettait en mouvement l’engin d’élévation : un jeu de six blocs de pierres contrebalançait le poids de la cage de bois au cours de la descente ; deux immenses roues crantées dans lesquelles se tenaient quatre hommes debout servaient à tracter les chaînes et hisser le monte-charge.
    Des dispositifs comme celui-ci, Aba en compta deux par versant du monastère !
    Sur la passerelle d’arrivée, un chemin pavé s’inclinait en pente douce vers le sol, assez large pour laisser descendre les chevaux jusqu’aux écuries.
    Aba suivit les hommes en noir.
    Arrivé au niveau des jardins, des palefreniers se saisirent de leurs montures et du carrosse ; les mercenaires se dirigèrent vers un guichet où attendait un moine. Chacun d’eux déposa sur le comptoir un morceau de bois octogonal ; identique à celui qu’Aba avait trouvé dans les affaires du mercenaire de Castelginaux et qu’il s’était gardé d’égarer.
    Il s’avança et présenta lui aussi l’objet. Le guichetier l’observa et fronça les sourcils. Aba s’aperçut que les autres bois recouverts de cuir, s’ils affichaient comme le sien un numéro à quatre chiffres, comportaient un sigle différent de sa croix encerclée. Cela voulait sans doute dire qu’il n’appartenait pas au même bataillon. Cependant le moine ne posa aucune question et le rangea avec les précédents dans une armoire à cases.
    Aba poursuivit sa route en suivant les autres hommes en noir.
    Sous son capuchon, son front était moite de sueur, il sentait ses tempes le brûler.
    Il se savait en sursis : le cadavre de l’homme laissé sur le chemin serait retrouvé

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