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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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réceptionniste. Il salua Gérard et retourna dans son bureau après
avoir laissé passer devant lui une nouvelle cliente. Deux autres personnes
attendaient maintenant dans la salle, en compagnie de Laurette.
     
    La réceptionniste
fit asseoir Gérard devant elle après avoir installé un petit miroir sur son
bureau. Elle ouvrit un présentoir dans lequel étaient rangées plus d'une
douzaine de montures différentes.
     
    — Vos lunettes
seront prêtes dans une semaine, monsieur Morin, lui dit-elle. Il vous reste
juste à choisir la monture que vous voulez.
     
    Gérard se tourna
vers Laurette qui n'avait pas bougé de sa chaise. Il lui fit signe d'approcher.
     
    — Aide-moi à
choisir, lui demanda-t-il.
     
    — Est-ce qu'elle
sont toutes du même prix?
     
    — Non, madame. Il
y en a qui sont pas mal plus chères que d'autres. Les moins chères sont celles
en broches et en corne.
     
    Gérard regarda
attentivement les montures disposées devant lui et chaussa finalement une fine
monture dorée.
     
    — Elle vous fait
parfaitement bien, approuva la jeune femme. On voit que vous avez du goût,
monsieur.
     
    — C'est vrai.
Elle est pas mal, concéda Laurette. Gérard en essaya trois ou quatre autres avant
de revenir
     
    à la monture
dorée.
     
    — Je pense que je
vais prendre celle-là, décida-t-il.
     
    — T'as pris parmi
les plus chères, lui fit remarquer Laurette d'une voix acide.
     
    L'expression de
Gérard changea et il lança un regard mauvais en direction de sa femme. Il était
évident que cette remarque, faite devant une étrangère, le mettait mal
     
    à l'aise.
Toutefois, Laurette ne tint aucun compte de son mécontentement et poursuivit de
plus belle en s'adressant à la réceptionniste.
     
    — Ça va lui faire
des lunettes qui vont lui coûter combien s'il prend cette monture-là ?
     
    Cette dernière
prit la prescription laissée par l'optométriste et se mit à remplir une facture
sur laquelle elle aligna diverses sommes. Après les avoir additionnées, elle
annonça : n
     
    — Trente-quatre
dollars, madame.
     
    — Trente-quatre
piastres ? Maudit verrat, c'est ben cher, cette affaire-là !
     
    — Il faut dire
que la monture choisie...
     
    — C'est cette
monture-là que je veux, trancha sèchement Gérard.
     
    — Vous pourriez
peut-être faire un petit effort et me baisser le prix un peu, fit Laurette.
     
    Gérard rougit
violemment et allait remettre sa femme à sa place, mais la réceptionniste
répondit avant qu'il ait eu le temps de réagir.
     
    — Je vais voir,
madame.
     
    Sur ce, elle se
leva et se dirigea vers la porte du bureau de l'optométriste. Après avoir
frappé, la jeune femme entra dans la pièce en refermant la porte derrière elle.
     
    — Bâtard,
Laurette, j'ai jamais eu aussi honte de ma vie ! fit Gérard, les dents serrées.
Veux-tu nous faire passer pour des maudits quêteux ?
     
    — C'est ce qu'on
est, Gérard Morin, des quêteux, rétorqua sèchement sa femme. On n'a pas les
moyens de lancer notre argent par les fenêtres.
     
    Laurette aurait
bien continué, mais le retour de la réceptionniste l'obligea à se taire.
     
    -— Monsieur
Talbot accepte de vous les laisser à trente et un dollars, dit-elle avec un
léger sourire en changeant
     
    certains chiffres
sur la facture déjà remplie. Pouvez-vous me laisser cinq dollars d'acompte ?
     
    Laurette la
remercia et lui tendit la somme demandée avant de quitter l'endroit sur les
talons de son mari.
     
    — T'as vu ?
fît-elle, triomphante, en posant le pied sur le trottoir. Si tu demandes rien,
t'as rien. C'est ben beau vouloir jouer au riche, mais trois piastres, c'est
trois piastres. Et on n'a pas les moyens de gaspiller ça.
     
    Durant tout le
trajet de retour, Gérard bouda. Il ne s'était jamais senti aussi humilié. Selon
lui, étaler sa pauvreté devant des étrangers était un manque de tenue
impardonnable.
     
    Une semaine plus
tard, tel que convenu, le père de famille revint à la maison, le nez chaussé de
ses nouvelles lunettes. Sa nouvelle apparence surprit passablement ses enfants.
     
    — Puis, est-ce
que ça me fait ben ? demanda-t-il à sa femme.
     
    — Au prix
qu'elles coûtent, c'est sûr qu'elles te font ben, se contenta-t-elle de
répondre en l'examinant.
     
    — Talbot m'a même
donné un étui pour les mettre, ajouta-t-il en tirant fièrement un mince étui en
cuir noir de sa poche de poitrine.
     
    — Aie pas peur,
t'as dû le payer, laissà-t-elle

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