Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
cet
homme, car il méritait de mourir plus que quiconque. Je ne sais pas où vous
allez vous rendre désormais, mais, monsieur, je supplie Jésus-Christ, Notre-Seigneur,
de vous garder et de vous protéger.
     
    Alice Poer.
    Le vingt-cinq janvier 1538.
     
    Je repliai la lettre et restai immobile, contemplant l’estuaire.
    « Ils ne parlent pas du tout de moi.
    — C’est à moi qu’elle écrivait. Ils ne savaient pas que
je vous reverrais.
    — Donc ils sont vivants et en sécurité… Qu’ils aillent
au diable ! Mes cauchemars vont peut-être cesser maintenant. Puis-je le
dire au père de Mark qui a beaucoup de chagrin ? Juste qu’on m’a confié en
secret que son fils est vivant ?
    — Bien sûr.
    — Elle a raison. Aujourd’hui, on n’est nulle part en
sécurité dans le monde. Rien n’est plus certain. Parfois je pense au frère
Edwig et à sa folie, à la façon dont il croyait pouvoir acheter le pardon de
Dieu pour ces meurtres avec deux sacoches d’or volé. Peut-être sommes-nous tous
un peu fous. La Bible dit que Dieu a fait l’homme à son image, mais je pense
que nous Le faisons et Le refaisons à l’image qui correspond à nos besoins du
moment. Je me demande s’il le sait ou si ça L’intéresse. Tout se dissout, frère
Guy, tout n’est que dissolution. »
    Nous restâmes silencieux, regardant les oiseaux marins se
balancer sur la rivière, tandis que, loin derrière nous, on entendait le plomb
s’écraser sur le sol.

NOTES HISTORIQUES
    La dissolution des monastères anglais entre 1536 et 1540 fut
mise en œuvre du début à la fin par Thomas Cromwell, vice-régent et vicaire
général. Après avoir fait inspecter les monastères et recueilli une grande
quantité de preuves accablantes, Cromwell fit voter en 1536 une loi
parlementaire qui dissolvait les monastères de moindre importance. Mais, lorsque
ses agents commencèrent à la mettre en application, une puissante révolte armée,
le « Pèlerinage de la grâce », éclata dans le nord de l’Angleterre. Henri VIII
et Cromwell la calmèrent en proposant aux meneurs l’ouverture de négociations, tout
en attendant de lever une armée capable d’anéantir la rébellion.
    L’assaut contre les grands monastères fut livré l’année
suivante. Comme le décrit le roman, on poussa les maisons vulnérables à se
soumettre volontairement. La soumission forcée du prieuré de Lewes, en novembre
1537, constitua un tournant décisif, et pendant les trois années suivantes, un
par un, tous les monastères se soumirent au roi. Dès 1540 il n’en restait plus
un. Les bâtiments furent laissés à l’abandon, le plomb arraché aux toits par
les agents des Augmentations. On accorda des pensions aux moines. S’ils
résistaient, comme certains osèrent le faire, on les traitait avec sauvagerie. L’abbé
et les moines supérieurs des monastères avaient sans doute dans l’ensemble plus
peur des commissaires, hommes réellement brutaux, que les moines de Scarnsea de
Shardlake. Mais Scarnsea n’est pas un monastère moyen ni Shardlake un
commissaire ordinaire.
    On accepte généralement que les accusations d’adultères
multiples portées contre la reine Anne Boleyn furent forgées par Cromwell pour
Henri VIII qui s’était lassé de son épouse. Mark fut le seul de ses amants
supposés à passer aux aveux, probablement sous la torture. Son père était
menuisier, son précédent métier de fabricant d’épées étant une invention de l’auteur.
    La Réforme anglaise reste un sujet de controverse. Le point
de vue des historiens de naguère, à savoir que l’Église catholique était si
corrompue qu’une réforme radicale était nécessaire, sinon inévitable, a
récemment été remis en cause par un certain nombre d’auteurs, notamment C. Haigh, English Reformations (« Les Réformes anglaises », Oxford
University Press, 1993) et E. Duffy, The Stripping of the Altars (« Le Dépouillement des autels », Yale University Press, 1992), qui
décrivent une Église prospère et très aimée. Je pense que Duffy surtout donne
une vision trop romanesque de la vie catholique médiévale. Il est significatif que
ces chercheurs mentionnent à peine la Dissolution, la dernière étude importante
sur ce sujet étant celle de David Knowles dans les années 50 : The
Religious orders in England : The Tudor Age (« Les Ordres
religieux à l’époque des Tudors », Cambridge University Press, 1959). Dans
ce livre exceptionnel, le

Weitere Kostenlose Bücher