Dissolution
professeur Knowles, moine catholique lui-même, reconnaît
que le confort et le relâchement régnant dans la plupart des grands monastères
constituaient un vrai scandale. Tout en déplorant leur fermeture forcée, il
juge qu’ils s’étaient tant éloignés des idéaux de leurs fondateurs qu’ils ne
méritaient pas de survivre tels quels.
Personne ne sait vraiment ce que le peuple anglais dans son
ensemble pensait de la Réforme. S’il existait un puissant mouvement protestant
à Londres et dans certaines zones du Sud-Est, le Nord et l’Ouest demeuraient
fortement catholiques. Mais le pays intermédiaire où vivait la majorité de la
population reste en grande partie une terra incognita. Je pense, quant à
moi, que la masse des gens ordinaires devaient considérer les changements
successifs imposés d’en haut comme Mark et Alice, c’est-à-dire précisément des
changements imposés par les classes dirigeantes qui leur indiquaient, comme
toujours, ce qu’ils devaient penser et faire. Tant de changements survenaient –
d’abord, un protestantisme de plus en plus radical, puis un retour au
catholicisme sous Marie Tudor, et enfin de nouveau le protestantisme sous
Élisabeth I re – que cela ne pouvait que pousser au cynisme les gens
du peuple. Ils se taisaient, puisque de toute façon personne ne leur demandait
leur avis. Et si Élisabeth ne souhaitait pas « ouvrir des fenêtres dans
les âmes » de ses sujets, ses prédécesseurs l’avaient fait, à la hache et
par le feu.
Ceux qui profitèrent le plus de la Réforme furent les « hommes
nouveaux », les classes montantes des capitalistes et des bureaucrates, les
hommes sans naissance mais possédant du bien. Je pense qu’il y avait beaucoup
de Copynger dans l’Angleterre du milieu du règne des Tudors. La Réforme
concernait surtout, en fait, un changement de structure de classes. Cette
opinion n’est pas à la mode aujourd’hui. Il est mal vu de parler de classes
quand on discute d’histoire. Mais les modes disparaissent et reviennent…
4 e COUVERTURE
Remarquable fresque historique, galerie de personnages hauts
en couleur, roman d’atmosphère, Dissolution est aussi une passionnante
enquête sur fond de complots politiques et de conflits religieux.
Angleterre, 1537. En butte aux menées du redoutable Thomas
Cromwell, le clergé catholique jadis tout-puissant perd son pouvoir, voit ses
biens confisqués et ses monastères menacés de dissolution. Partout, la révolte
gronde.
Après la décapitation d’un commissaire du roi à Scarnsea, l’ardent
réformateur anglican Matthew Shardlake est envoyé sur les lieux. Dans le
monastère glacial, son enquête se heurte au mutisme des moines. Chacun d’entre
eux semble avoir quelque chose à cacher. Quels secrets pèsent sur ces lieux ?
Qui veut-on protéger ?
Alors que la mort frappe de nouveau, Shardlake doit percer au
plus vite les mystères de cette étrange congrégation. Mais il ignore encore à
quel point de terribles découvertes ébranleront ses plus profondes convictions…
C. J. Sansom
est né en Angleterre en 1952. Titulaire d’un doctorat de l’université de
Birmingham, il a exercé divers métiers, dont celui d’avocat. Passionné d’histoire
et de littérature, il se consacre aujourd’hui pleinement à l’écriture. Dissolution est finaliste du prix du premier roman et du prix Ellis Peters du roman
historique décernés par la prestigieuse Crime Writers’Association.
Traduit de l’anglais par Georges-Michel Sarotte.
ISBN 2-7144-3961-6
----
[1] La barrière du Temple.
[2] L'île des Chiens.
[3] Jardin de pierre.
Weitere Kostenlose Bücher