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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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appelée un objet d’horreur. Et il lui a donné deux soufflets pour avoir osé lui montrer une figure qui lui donnerait le cauchemar, qu’il a dit, bon sang ! Après quoi, il l’a forcée de manger le reste des pâtisseries, et lui a donné deux pièces d’or pareilles à la mienne, une pour chaque soufflet, qu’il a dit, bon sang !…
    Ah ! pauvres, pauvres carolus d’or de Jacquemin Corentin !…
    – Et alors ? répéta Loraydan de plus en plus en défiance.
    – Alors ! Ameline-la-Borgnesse est partie en pleurant pour les soufflets et en riant pour les pièces d’or. Dame ! monsieur, mettez-vous à sa place… Alors, je lui ai demandé si, pour le même prix, il ne pourrait pas m’administrer une douzaine de soufflets. Mais il n’a pas voulu, en disant que les soufflets qu’il me donnerait étaient marchandise gratuite, ce qui m’a bien prouvé…
    – Assez ! interrompit Loraydan. Les valets, les huit valets de Turquand, où sont-ils ?
    – Partis, monsieur, ils sont partis une minute après que vous eûtes quitté l’hôtel avec MM. d’Essé et de Sansac et cet autre seigneur dont vous m’avez défendu de prononcer le nom. Seulement, au lieu de prendre le chemin de la Corderie, ils sont entrés dans le terrain des Enfants-Rouges.
    Le logis Turquand avait une petite porte de derrière sur ce terrain. Loraydan comprit quelle avait été la manœuvre de Turquand, et que le chef de la forteresse n’avait commis aucune imprudence comme il l’avait pensé : le logis s’était retrouvé muni de ses défenseurs au moment même où le roi et ses compagnons étaient arrivés devant la porte d’entrée.
    – C’est bon, dit Loraydan. Tu mériterais les étrivières pour avoir bu mon vin. Mais, pour cette fois, je te fais grâce. Ne bouge pas d’ici jusqu’à ce que ce gentilhomme s’en aille.
    Et Brisard, sa lanterne à la main, s’immobilisa à la même place…
    Loraydan pénétra dans la salle d’honneur et vit Juan Tenorio installé à table dans le fauteuil qu’avait occupé François I er et finissant à petits coups un flacon de vin des îles.
    Don Juan se leva et s’avança avec empressement au-devant du comte de Loraydan. Les deux seigneurs s’arrêtèrent à trois pas l’un de l’autre et s’inclinèrent profondément, de cet air de noble politesse qui était l’un des plus séduisants attraits des courtisans de cette époque encore si près des mœurs chevaleresques.
    – Seigneur Juan Tenorio, dit Amauri, permettez-moi tout d’abord de vous remercier de tout mon cœur de m’avoir fait l’honneur de vous asseoir à ma table, et laissez-moi espérer que mes gens auront fait de leur mieux en mon absence.
    – Seigneur comte de Loraydan, répondit don Juan, tout l’honneur fut pour moi – l’honneur et l’agrément. – Vos confitures sont exquises, et vos vins dignes de la table des dieux. J’en ai usé envers vous comme on en usait jadis envers ces preux de qui, ami ou ennemi, on était toujours sûr de recevoir une hospitalité de bon aloi.
    – Je vous jure, seigneur Juan Tenorio, que votre compliment me va droit au cœur.
    – Mon compliment, seigneur comte de Loraydan, n’est qu’un bien pâle reflet de tout le bien que je pense de vos pâtisseries et de votre bonne grâce.
    Sur ces mots, il y eut de part et d’autre un nouveau salut aussi profond que le premier. Puis Loraydan conduisit son hôte jusqu’au fauteuil, le pria de s’asseoir et alors seulement s’assit lui-même.
    – Seigneur Juan Tenorio, nous devions, demain, à midi, en cet hôtel même, nous rencontrer pour tirer au clair notre situation l’un vis-à-vis de l’autre. Cet entretien, puisque vous voilà, aura lieu dès maintenant, si cela vous plaît.
    – Cela me plaît, dit don Juan, et je bénis le hasard qui devance de douze heures une entrevue dont l’attente, je l’avoue, aiguisait ma curiosité.
    – Tout est donc pour le mieux.
    Loraydan, une minute, fixa silencieusement son adversaire. Puis :
    – Seigneur Tenorio, dit-il, lorsque vous sortirez d’ici, nous serons ennemis mortels, mais de telle sorte qu’il faudra que l’un de nous deux tue l’autre, ou nous serons amis et unis au point que de la destinée de chacun de nous dépendra la destinée de l’autre.
    – C’est mon avis, dit don Juan. Établissons donc clairement les choses : lorsque, tout à l’heure, près de la grille de l’hôtel d’Arronces, vous m’avez chargé avec une folle

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