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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Son père est mort, certainement, car je l’ai vu expirant du coup d’épée de Maugency… Va-t-il donc, maintenant, s’établir ici ?… Oh ! si cela était !… Mais non ! Sans doute, bientôt, il va rentrer à Paris… Il faut… Qu’est-ce que ce Philippe de Ponthus ? demanda-t-il d’une voix indifférente.
    – Un digne seigneur qui, dit-on, a eu des chagrins. On ne le voit guère à Ponthus. En ces deux derniers ans, il n’y est venu que trois fois. Et toujours accompagné de son fils… Aujourd’hui, le fils vient seul… Je voudrais bien savoir pourquoi…
    – Le fils ?… Quel fils ?
    – Ce gentilhomme qui vient de passer sur le chemin. Eh quoi, vous ne l’avez pas vu ?… Un brave, assure-t-on… Mais j’en sais de plus braves qui, s’il le fallait…
    – Ce serait douze cents livres, pas moins ! trancha Bel-Argent avec une sorte de candeur terrible.
    Jean Poterne le foudroya du regard.
    – Qu’est-ce que ce clocher, là-bas, à l’horizon ? demanda Loraydan toujours indifférent.
    – C’est Brantôme, monseigneur. Une fort jolie ville. Mais les gens laissent toujours leur bourse à la maison quand ils sortent…
    – Des ladres, dit Bel-Argent avec dédain.
    – Et à la nuit tombante se barricadent, ajouta Jean Poterne.
    – Des poltrons ! acheva Bel-Argent.
    L’effrayant débat se poursuivait dans l’esprit de Loraydan. Son regard, de côté, d’une mince coulée, jugeait les deux malandrins de grande route… Bel-Argent n’avait pas l’air bien terrible… mais, de toute évidence, on pouvait faire confiance au chef. Jean Poterne, figure intelligente, audacieuse et mauvaise, œil dur, mains énormes de meurtrier.
    Une bouffée de chaleur montait au front de Loraydan, puis il serrait son manteau à ses épaules comme s’il eût eu grand froid… Il en était à son premier crime.
    – Comment feriez-vous ?
    – Cela nous regarde, dit Jean Poterne.
    – Quand ?
    – Sous trois jours au plus !
    Ils ne se dirent plus rien. Loraydan se redressa, livide. C’était fait. Il était maintenant dans le crime. Quelques moments, il demeura immobile, les yeux fixés sur les tours de Ponthus. Puis, froidement, méthodiquement, déboucla les courroies de l’une des fontes de sa selle, et l’ouvrit. Jean Poterne et Bel-Argent s’immobilisèrent, pétrifiés : ils entendaient sonner l’or !… Sur un signe de Loraydan, Jean Poterne tendit son bonnet et le comte y laissa tomber la somme qui, avec une rapidité fantastique, disparut, nul n’aurait su dire où, excepté toutefois Bel-Argent qui surveillait l’opération d’un œil impossible à tromper.
    Loraydan, alors, reboucla sa fonte, et, sans jeter un regard aux deux malandrins, reprit, au pas, en sens inverse, le chemin qu’il avait parcouru en suivant Clother de Ponthus…
    Il s’en retournait à Poitiers… bon voyageur tranquille, bon gentilhomme qui s’en va, en toute loyauté, exécuter les ordres de son roi…
    Mais quand il fut à dix pas, il se retourna, leva le doigt, et dit :
    – Je le saurai !…
    Ce fut simple et bref. Mais ce dut être terrible. Geste, voix et figure durent évoquer d’effrayantes représailles, car Jean Poterne et Bel-Argent se courbèrent en pâlissant, et grondèrent :
    – Avant trois jours !…
    Loraydan prit le trot, et bientôt disparut vers le nord, dans la direction de Poitiers. Et alors, Jean Poterne :
    – Je ne donnerais pas un liard de notre peau si nous manquions de parole à ce démon. Il faut y aller tout de suite, et coûte que coûte tenir le marché dès aujourd’hui… Allons… préparons notre embuscade…
    Clother de Ponthus était arrivé au castel, et avait mis pied à terre dans une cour envahie par les herbes. Un homme d’une cinquantaine d’années, sec et vigoureux, vint prendre son cheval qu’il conduisit à l’écurie. Puis, étant revenu auprès de Clother qui, pensif, n’avait pas bougé, cet homme demanda :
    – Le sire de Ponthus s’est sans doute arrêté en chemin ?… Il va arriver ?…
    – Non, Agénor, mon père ne viendra pas… mon père ne viendra plus jamais à Ponthus…
    Le serviteur des Ponthus, gardien du castel, vit que deux larmes jaillissaient des yeux de Clother. Alors il se découvrit, et, avec une émotion grave, prononça :
    – Le seigneur de Ponthus est donc mort…
    – Oui, dit Clother. Mort dans toute la force de son irréductible jeunesse. Mort l’épée à la main. Mort en brave. Cette

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