Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
âme vaillante et tendre n’est plus… et je suis seul au monde…
    Agénor, la tête baissée, avait écouté cette sorte d’oraison funèbre. Et sans doute, en lui-même, il murmurait une prière, car, finalement, il fit le signe de la croix. Alors, il dit :
    – C’est donc de ce jour que vous êtes seigneur de Ponthus, maître de ces plaines, avec droit de justice haute et basse… Clother, seigneur de Ponthus, je vous salue et vous promets fidélité… Mais je dois, dès cet instant, obéir à l’ordre souvent répété de monseigneur Philippe : venez donc, car je dois vous conduire en la salle d’armes…
    – C’est pour cela que je suis venu, dit Clother.
    Agénor entra dans un pavillon où il logeait avec sa femme et ses deux fils. Il reparut avec les clefs du castel.
    – Voici, dit-il, la porte de la salle d’armes. Vous voyez qu’elle est en fer. Pour l’ouvrir autrement qu’avec les clefs, il faudrait employer la poudre. Voici les deux fenêtres de la salle d’armes. Vous voyez que les volets en sont fermés. Ils sont blindés en fer et ferment à l’intérieur au moyen de clefs. Pour les ouvrir, aussi, faudrait-il creuser des mines dans la muraille. Rendez-moi témoignage que, tandis que tout est ouvert au castel, car il faut bien que l’air entre, n’est-ce pas ? la porte et les fenêtres de la salle d’armes sont bien et dûment fermées, selon l’ordre. Jamais cette porte et ces deux fenêtres ne sont perdues de vue. Mes fils et moi, à tour de rôle, restons là, de garde.
    – Je suis sûr, Agénor, que vous avez dignement observé les instructions de mon père. Entrons…
    Non sans peine, le serviteur de Ponthus ouvrit la porte de fer, puis, avec des clefs, les deux fenêtres. Alors il sortit, et se retira en disant :
    – J’ai l’ordre de vous laisser seul dans la salle d’armes…
    Tout de suite, Clother se dirigea sur la panoplie qu’il connaissait bien pour l’avoir maintes fois admirée. Elle se composait de rapières, de dagues, d’épées, toutes lames portant la marque des grands armuriers de Tolède ou de Milan. Clother décrocha celle du centre et l’examina.
    – N’oublie pas l’épée de Ponthus, murmura-t-il. Épée de Ponthus, tu ne me quitteras plus, tu seras ma fidèle compagne dans ce que mon père a appelé la conquête du bonheur.
    Il dégrafa la rapière qu’il portait au côté et l’accrocha sur la panoplie à la place de celle qu’il venait de prendre. Puis il alla s’asseoir à une table en travers de laquelle, devant lui, il posa l’épée de Ponthus. C’était une arme solide et légère, toute simple, avec une poignée droite dont la garde était protégée par des volutes d’acier ciselé. À l’extrémité de cette poignée s’arrondissait une boule d’acier qui portait le blason de Ponthus. Cette boule, Clother essaya de la tourner à droite et à gauche, et après un léger effort, il vit qu’elle se dévissait. La boule retirée, la poignée de l’épée lui apparut comme un cylindre creux, ce qui n’ôtait rien à sa solidité, d’ailleurs. Un papier roulé de façon à occuper le creux, apparut, et Clother le retira aussitôt.
    À la suite de ce papier, un diamant roula sur la table…
    Ayant penché la poignée en la secouant, Clother vit tomber un deuxième diamant, puis un autre… Finalement, lorsque la poignée se trouva vide, il y eut douze diamants assemblés sur la table.
    Clother les considéra un instant, et, avec une angoisse inexplicable venue des profondeurs de son être, murmura :
    – Je ne savais pas que mon père possédât cette fortune… il ne m’en a jamais parlé…
    En même temps, son regard se porta sur le papier. Il le déroula, et non sans quelque hésitation, se mit à le lire. Il était daté du 20 mai de l’an 1519. Il y avait donc plus de vingt ans qu’il avait été écrit, et l’encre en était jaunie, pâle reflet d’une passion défunte, portrait effacé par le temps, ce suprême niveleur, ultime consolateur, unique guérisseur des plaies du cœur… quand il les guérit ! Voici ce que disait Philippe de Ponthus :
    «  Clother,
    Quand vous lirez ces lignes, vous aurez vingt et un ans révolus. Mon intention, à moi, n’était pas que vous fussiez instruit de la vérité, car la vérité, pour le malheur du monde, est souvent funeste et parfois mortelle. Mais votre mère en a décidé autrement. En mourant, trois jours après votre naissance, elle m’a fait jurer de

Weitere Kostenlose Bücher