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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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jeter à la tête des gens, ou bien tâche d’être plus adroit de ton arquebuse.
    Bel-Argent haussa les épaules, et après un dernier coup d’œil à Corentin, se dirigea vers son compagnon étendu là-bas près du cheval… À dix pas, il se retourna :
    – Alors, il est vrai ? répéta-t-il.
    – Quoi ! cria furieusement Corentin. Quoi donc ?…
    – Eh, l’ami ! dit soudain don Juan.
    Il hésita, se débattit peut-être contre la pensée qui venait de surgir en lui, puis :
    – Écoute ici… ou plutôt non, je vais à toi, se reprit-il en jetant vers Corentin un étrange regard.
    Il eut un geste rude et violent, Jacquemin Corentin s’immobilisa.
    – Oh ! songea-t-il. Pourquoi s’éloigne-t-il ? Pourquoi ne veut-il pas que je l’entende ? Il a cette figure de bête mauvaise et déchaînée que je lui ai vue deux ou trois fois… Que médite-t-il ?…
    Don Juan et le malandrin s’étaient écartés…
    Ils s’arrêtèrent près du cadavre de Jean Poterne.
    Sous le ciel tragique, dans l’obscurité d’instant en instant plus dense, c’était un sombre et sinistre groupe – le cheval sans cavalier allongeant les naseaux vers le sol en soufflant, puis brusquement, redressant la tête pour jeter au vent un hennissement semblable à une plainte stridente – le corps immobile, vague silhouette, pauvre tas de loques à peine visible – don Juan qui parlait d’une voix sourde, tout droit, tout raide, sans un geste – et le truand qui écoutait, drapé dans un manteau effrangé…
    Il se débattait là quelque hideux marché.
    Cela ressemblait au prologue d’un guet-apens.
    Peu à peu la nuit se faisait tout à fait noire et achevait d’engouffrer ces choses.

XVII
 
« LA GRÂCE DE DIEU »
    C’était le 18 de décembre.
    C’était à une demi-lieue au delà de Brantôme, au croisement d’un chemin de traverse.
    Léonor d’Ulloa venait de s’arrêter là, mais sans mettre pied à terre. Elle venait de Périgueux et avait résolu d’atteindre Angoulême en une étape.
    Vers dix heures du matin, les gens de Brantôme l’avaient vue traverser leur petite ville, caressant et excitant son beau genêt d’Espagne, – et les bonnes dames s’étaient étonnées à voir une noble demoiselle voyager sans escorte… mais Léonor n’avait pas peur de se trouver seule par les routes désertes, et la solitude ne pesait point à son fier esprit.
    Qu’elle était jolie et gracieuse, hardiment campée sur sa selle, silhouette d’élégance et de poésie en ce sauvage coin de terre !
    Toute la puissance de rêve qui fait l’immortelle force, et la gloire, et l’impérissable charme de la femme était en Léonor. Sa seule présence pouvait suffire à verser de l’espérance dans un cœur. Et qu’est-ce que la vie, sinon une espérance ?
    Et sa présence, aussi, suffisait à éclairer la nature. Elle venue, l’âpre tristesse de ce canton s’évanouit, et toutes choses prirent leur aspect de douceur et d’amour.
    Elle s’intéressa à ces paysages d’où se dégageait une sévère mélancolie ; et son regard, curieusement, interrogea les deux tours rondes d’un castel contre lequel des châtaigniers plaquaient l’armature de leurs branches sans feuilles, et elle songeait :
    « Comme tout est calme en ce joli domaine !… Je suis la voyageuse qui passe et n’a pas le droit de s’arrêter tant que sa mission ne sera pas remplie… Je suis l’annonciatrice du malheur, et c’est de la douleur que je porte avec moi… Paisible castel, combien j’aimerais me reposer au pied de tes tours qui, sans doute, abritent du bonheur, loin des villes, loin des tumultes, loin des conflits d’âme, loin des pervers, loin des méchants… Ô Christa ; ô ma pauvre chère Christa… tu les as connus, toi, ces méchants… tu en es morte ! »
    Et ce qu’elle regardait en rêvant ainsi, c’était le domaine de Ponthus…
    Elle se remit en route, et bientôt, devant elle, assise au bord du chemin, aperçut la maison solitaire, la maison abandonnée… la maison où le Commandeur Ulloa s’était arrêté pour porter secours à Clother de Ponthus blessé… l’auberge de la Grâce de Dieu.
    Et comme elle passait au pas devant cette maison, elle entendit un faible gémissement et s’arrêta.
    Aussitôt un homme parut, qui s’avança en gémissant :
    – Ma pauvre mère ! Blessée, mourante, peut-être ! Et personne pour m’aider ! Elle va donc périr faute de soins !…
    Léonor,

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