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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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comprendre, ni me pardonner. Les conventions établies me condamnent. Mais mon amour se hausse au-dessus de toute morale. Mon amour est ce qu’il est. Mon amour fût-il même criminel, que puis-je contre sa puissance ? Répondez-moi, Léonor !… Quoi !… Pas un mot ?… Pas un regard ?… Un seul mot… M’écoutez-vous ?… M’entendez-vous ?…
    Il fit un pas encore.
    La passion lui montait au cerveau avec de soudaines pensées de violence. Don Juan ! Il était don Juan, maître de l’amour, maître des femmes ! Il se reprochait d’avoir humilié don Juan. Il s’affirmait que la manière suppliante est la mauvaise manière, qu’elles n’ont pas de pitié pour qui souffre et pleure, qu’elles ont seulement de l’admiration pour qui ose, qu’elles adorent leur propre défaite, et qu’il faut les dompter, et que celles qui se réfugient dans le silence et l’impassibilité sont tout près de succomber. Il faut vouloir ! Il faut oser être le maître. Alors, elles trouvent leurs délices à se soumettre.
    Ces délirantes pensées traversèrent comme des éclairs le fond de son imagination chargée de nuées noires. Une sorte de fureur le fit gronder :
    – Répondez-moi, Léonor !…
    Des mots inintelligibles lui vinrent ensuite. Il était temps. Il allait oser. Il allait montrer qu’il était le maître. Il s’avança, éperdu, la figure mauvaise, il dit :
    – Par le ciel, vous ne sortirez pas avant d’avoir répondu ! Léonor, Léonor, je jure que vous me répondrez !
    – Non ! dit derrière don Juan, une voix calme et ferme. Tenorio eut un sursaut et se retourna violemment, furieux et désespéré.
    Les traits de Léonor, un instant crispés par l’imminence du danger, se détendirent…
    Et tous deux virent s’avancer au fond de la salle délabrée un jeune homme d’allure un peu timide, eût-il semblé, très gracieux dans sa marche et ses gestes, la figure très douce éclairée par des yeux où, à livre ouvert, se lisait la franchise, la bravoure, la loyauté…
    Juan Tenorio le jugea d’un regard et respira : celui-là ne pèserait pas lourd !
    Le jeune homme salua Léonor avec infiniment de respect, puis, se retournant vers Tenorio, doucement, paisiblement, avec un sourire, il lui dit :
    – Vous voyez bien, monsieur, que cette dame ne veut pas vous répondre. Pourquoi diable insistez-vous ?
    – De quoi vous mêlez-vous ? fit don Juan avec un suprême dédain.
    – Mais… Je me mêle de ce qui me regarde, il me semble. Vous outragez une femme, c’est mon droit de m’interposer. Il me déplaît que vous imposiez votre présence à une dame qui, de toute évidence, ne peut la supporter. Je vous prie donc de sortir…
    Don Juan se redressa. Un éclair jaillit de ses yeux. Mais, secouant la tête comme s’il se fût refusé à la colère comme étant disgracieuse, il salua d’un joli geste et dit :
    – Monsieur, on me nomme Juan Tenorio, noble espagnol, l’un des vingt-quatre de Séville. Et vous ?
    – Clother, seigneur de Ponthus… dit le jeune homme en rougissant un peu.
    Léonor, curieusement, regarda ce jeune inconnu qui, avec tant de grâce et d’à-propos, tant de simplicité aussi, venait à son secours. Chose étrange : elle lui en voulait presque de cette intervention qu’elle n’avait pas désirée. À sa ceinture, elle avait sa bonne dague : elle se jugeait capable de se défendre soi-même.
    Cependant, elle fit un léger signe de tête, comme pour remercier Ponthus.
    – Monsieur, reprenait don Juan, vous avez agi comme un bon gentilhomme et je vous supplie de permettre que je vous en félicite. Mais si vous paraissez connaître les devoirs du gentilhomme, en revanche, vous semblez ignorer ou dédaigner les droits de l’amour. Ces droits, vous m’empêchez de les exercer. À mon tour, donc, je vous prie de me laisser le champ libre. J’ai encore bien des choses à dire à cette noble dame. De grâce, monsieur, veuillez sortir d’ici, je vous en serai reconnaissant toute la vie.
    – Seigneur Juan Tenorio, dit froidement Clother, je n’entends pas la plaisanterie espagnole. Je vais donc vous répondre par une plaisanterie française.
    En même temps, il tira sa rapière et, tout au fond de lui, murmura :
    – Épée de Ponthus, sois-moi fidèle !…
    – Voilà, dit Tenorio, une manière de parler qui a cours dans toutes les langues du monde et qui me plaît.
    Aussitôt, il dégaina…
    À ce moment, Léonor s’avança

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