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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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intelligence ! Pouvez-vous me dire pourquoi, l’été, ils se couvrent de feuillage, et pourquoi, l’hiver venu, ils s’en dépouillent et le laissent tomber ?… Vous ne répondez pas ?… Vous ne savez pas ! Je sais, moi. Et pourtant je n’étudie pas les livres comme vous. Les arbres, monsieur, madrés et retors plus qu’on ne pense, les arbres se couvrent de feuilles l’été, pour garantir leur tête des ardeurs du soleil. L’hiver, ils ont froid aux pieds, et, du même feuillage, se font une couverture pour les réchauffer… Il y a aussi une chose que je voudrais savoir…
    – Tu m’ennuies. Parle à ton nez, s’il faut absolument que ta langue marche.
    Corentin loucha sur son nez, d’un air aimable, comme pour le saluer, et reprit :
    – Monsieur mon nez, je voudrais bien savoir pourquoi nous sommes partis de Périgueux, les premiers ? Depuis Séville, nous ne perdions pas de vue la noble demoiselle…
    Don Juan tressaillit et regarda Corentin de travers. Celui-ci continua :
    – Pourquoi, aujourd’hui, la laissons-nous en arrière ? C’est à vous que je parle, monsieur mon nez. Aurions-nous renoncé à cette poursuite indigne d’un vrai gentilhomme ? Serions-nous touché enfin du courage et de la fermeté de cette malheureuse enfant ?
    Don Juan poussa un long soupir et frissonna…
    – Répondez-moi, nez sans scrupule ! Quand nous partîmes de Séville, cette vaillante fille d’Andalousie était accompagnée de deux serviteurs. Lorsque nous traversâmes les gorges de la Sierra-Morena, une nuit, vous vous éloignâtes seul… c’est à vous que je parle, mon nez ! Le lendemain, la demoiselle n’avait plus qu’un écuyer près d’elle. Pourquoi ?… Pourquoi ?…
    – Corentin !…
    – Taisez-vous, mon nez ! Et lorsque nous eûmes passé la Bidassoa, une fois encore, par un soir sans lune, vous me laissâtes seul. Quand nous entrâmes à Bayonne, la noble demoiselle était seule ! Seule !… Pourquoi ? Pourquoi ? Ah ! pourquoi y avait-il du sang à notre rapière, à telles enseignes que je dus passer une heure à la fourbir et faire reluire comme devant ?
    – Eh ! fit don Juan, Que de bruit pour deux malheureux coups d’épée !
    – C’est à vous, à vous seul que je parle, mon nez ! Je ne vous reproche pas ces deux coups d’épée, car je vous connais : sous ce rapport, du moins, vous êtes incapable de traîtrise…
    – Tu peux le croire ! Le combat fut loyal. Et j’aurais pu les tuer : je me contentai de les mettre hors d’état de continuer leur route.
    – Taisez-vous, nez scélérat ! La déloyauté de ces coups d’épée gît justement en ce que vous vouliez que la pauvre demoiselle fût seule ! Seule ! À votre merci !… Mais mal vous en prit, c’est de vous que je parle, mon nez !… Par trois fois, vous voulûtes aborder cette enfant… toute seule !… sur ces routes désertes !… Et il lui suffit de vous regarder de la tête aux pieds, comme ceci, lentement, sans même daigner montrer de la colère… elle vous regarda ! Et vous demeurâtes court, sur la route déserte !… Ah ! mon nez, mon nez ! J’en ris encore ! Comme vous vous êtes allongé ! Dieu sait pourtant que vous étiez déjà assez long ! Corentin loucha joyeusement sur la pointe de son nez.
    – Hélas ! soupira don Juan. Tu as bien raison, va ! La cruelle n’eut point pitié de mes larmes. Elle s’obstina à ne point voir cet amour qui me consume. Ah ! Léonor, lui eussé-je dit si elle eût daigné m’entendre… mais, par le Ciel, elle m’entendra ! Il le faut. Cela sera, et avant peu, dussé-je…
    – Monsieur, interrompit Corentin, elle vous entendra… c’est à vous, maintenant, que je m’adresse. Mais peut-être ne vous croira-t-elle pas !
    – Et pourquoi, Corentin ? L’amour véritable trouve de sincères accents auxquels ne se trompe jamais l’oreille d’une femme. Il faudrait un cœur de roche pour ne pas écouter le cri de ma passion !
     
    – Oui, mais elle ne vous croira pas si elle sait comment on vous appelle à Séville… et elle doit le savoir.
    – Eh ! Comment m’appelle-t-on ? Tu le sais donc, toi ?
    – Sans doute. Comme tout le monde. On vous nomme Don Juan el Burlador…
    – Ciel ! Est-ce possible ! Peut-on à ce point travestir la vérité ! Moi ! Un trompeur !… Arrête, Corentin ! Faisons un peu halte en cet endroit… Mets pied à terre… Vois-tu cet arbre dont le tronc se

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