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Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Titel: Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnauld d'Abbadie
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relativement élevée et reçoivent des rations. Ils sont au dernier rang dans la considération de l'armée, sont très-nombreux, bien nourris, insolents, brutaux et querelleurs, et n'ont pour armes que des bâtons. Ils campent auprès des gardiens de la pourvoirie.
    Les chanteuses et improvisatrices sont appointées pour l'année, ainsi que les poëtes et les improvisateurs qui chantent en s'accompagnant de la guzla ou de la lyre à cinq cordes. Les uns ont leurs entrées aux jours ordinaires, et d'autres ne sont admis qu'aux jours de festin. Enfin, on règle la soutenance des bouffons. Les poëtes reçoivent une paye, des rations, et prélèvent un droit sur chaque bête de boucherie.
    On nomme et on appointe, pour l'année courante, quatre ou cinq clercs, qui servent au Dedjazmatch de secrétaires, de copistes ou de lecteurs.
    On désigne aussi, parmi les soldats de la bande des gardes du Trésor, des Gueuddaffis ( supporteurs ), qui, les jours de grande parade, marchent en tenant, l'un la bride de la mule du Dedjazmatch, l'autre le parasol au-dessus de sa tête.
    Ce poste est fort recherché, parce qu'il procure aux titulaires leurs entrées à l'heure des repas, et leur permet dans les moments de danger de se tenir auprès de leur maître.
    Après avoir nommé les Sénéchaux et quelques autres dignitaires, le Dedjazmatch fait la distribution des fiefs importants, espèce de fiefs à bannières, qui confèrent aux titulaires le droit de se faire précéder par des joueurs de flûte, ou de trompettes et tambourin, et qui selon leur étendue permettent l'enrôlement de deux cents à quinze cents combattants. Parmi les fiefs de cette nature en Damote, aucun ne comportait ni titre, ni la cotte d'armes en soie, à l'exception de celui du chef de l'avant-garde et d'un autre fief qui conférait le titre de Sénéchal. La dignité attachée à ce dernier fief provient de ce que du temps des Empereurs il était attribué au grand Sénéchal de l'Empire. Ces grands fivatiers, qui peuvent être renouvelés d'année en année, constituent, sans toutefois les former explicitement, le corps dirigeant de la maison d'un Dedjazmatch. C'est parmi eux souvent que la fortune prendra son successeur ou son rival. Ils composent son conseil, et malgré le pouvoir personnel en apparence du Dedjazmatch, on peut dire que pour tout ce qui est important, il n'agit que d'après l'avis de ces possesseurs de grands fiefs. Ils campent sous des tentes blanches au milieu de cercles formés par les huttes de leurs soldats, et chacun occupe dans le campement une place déterminée en raison du fief dont il a la tenure.
    Les titulaires de fiefs moins importants, dits fiefs à hydromel, parce que les revenus de ces fiefs leur permettent l'usage journalier de cette liqueur, sont reçus à dresser au camp une ou plusieurs tentes en toile blanche; les tenanciers de fiefs moindres n'ont que des tentes noires faites en laine beige grossièrement tissée, ou bien à chaque nouveau campement, ils se font construire par leurs soldats une hutte recouverte de chaume, d'herbes vertes, ou même de feuilles.
    Après avoir distribué les grosses investitures, le Dedjazmatch répartit, entre ses nombreux Meuzeuzos, les fiefs secondaires, et il arrive graduellement à ceux dont l'étendue et les revenus sont le moins considérables; puis, il nomme à tous les offices énumérés plus haut.
    Il nomme ensuite aux différents bénéfices ecclésiastiques de ses provinces et il nomme les Alakas ou abbés des villes d'asile. Il compose ensuite le Sihil-bet (maison à images) ou chapelle particulière, consistant en trois ou quatre prêtres et un nombre indéterminé de clercs. Ces ecclésiastiques campent à la droite de la tente du Dedjazmatch, sous des huttes et autour d'une grande tente blanche qui sert de chapelle, où, longtemps avant le jour, ils se réunissent pour chanter les offices.
    À cause des éventualités de la guerre, ils emportent rarement une pierre d'autel avec eux, ce qui fait qu'en campagne, ils ne disent pas la messe. Le Dedjadj Guoscho ne se faisait point suivre de ses aumôniers quand il avait lieu de prévoir que la campagne serait périlleuse; en ce cas, il emmenait seulement son confesseur. Parmi les clercs, il se trouvait toujours un légiste, muni du texte guez du code Byzantin, et capable de le consulter dans les rares cas où les parties en référaient à ce code. Le Père confesseur est ordinairement pourvu d'un bénéfice; les autres

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