Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie
qualité qu'on exige d'eux.
Sur la présentation du Biarque, le Dedjazmatch nomme:
La Wouette-Bet Alaka, maîtresse des cuisinières;
La Netch-Abbeza Alaka, maîtresse des boulangères qui font le pain blanc;
La Tokour-Abbeza Alaka, maîtresse des boulangères qui font le pain bis;
La Tedj-Abbeza Alaka, maîtresse de quelques femmes chargées de la fabrication de l'hydromel;
La Talla-Abbeza Alaka, maîtresse des brasseuses de bouza ou bière;
La Gonbegna Alaka, maîtresse des porteuses des amphores d'hydromel.
Chacune de ces maîtresses nomme parmi ses subordonnées un lieutenant et d'autres fonctionnaires telles que gardienne, contrôleuse, directrice, assaisonneuse (etc.). Le Dedjazmatch désigne parmi les cuisinières une femme qui a la fonction de lui laver les pieds lorsqu'il descend de cheval ou lorsqu'il remonte sur son alga après une sortie à pied. Il choisit aussi une femme chargée du soin de tresser sa coiffure. Les femmes qui composent ces différents services suivent l'armée à pied et portent elles-mêmes leurs ustensiles ou les font porter par des apprenties qu'elles engagent pour leur compte. On donne ordinairement une mule de selle à la maîtresse des cuisinières et à celle des fabriquantes d'hydromel. Toutes ces femmes reçoivent des rations par les soins du Biarque, auprès duquel elles campent. Selon leurs attributions, elles ont droit à certains morceaux de viande par chaque bête abattue; les porteuses d'hydromel entre autres ont droit à l'épaule. Celles-ci doivent apporter l'eau pour la boisson des chevaux et enlever le fumier de leurs loges; en campagne, elles sont chargées de la mouture des grains et elles prélèvent un droit sur la farine; elles ont droit aussi à la cire qu'on retire de la fabrication de l'hydromel. Quand l'armée n'est pas en campagne, elles sont chargées de la filature du coton qui sert à la confection des toges. Les cuisinières fournissent l'eau pour la boisson des mules de selle et enlèvent le fumier de leurs loges. Les boulangères concourent à la mouture, doivent porter leur levain, leur pâte et leurs fours, mais reçoivent la farine de la main des sommiers; de même que les cuisinières et les brasseuses, elles ont parmi elles une section de femmes chargées de ramasser les broutilles et de faire les fagots.
En temps prospère, ces femmes réunies peuvent être au nombre de deux à trois cents; une campagne laborieuse ou des marches longues et rapides les réduisent souvent de plus de moitié. Si la campagne a lieu en pays chrétien, la fatigue les pousse souvent à la désertion; mais en contrée musulmane ou païenne, stimulées par la crainte d'être vendues comme esclaves ou d'être retenues prisonnières, elles font preuve de beaucoup d'énergie. Ces femmes reçoivent de quoi acheter leur habillement, des rations, et certains morceaux sur chaque bête abattue.
Le Dawoulla-Bet Tabbaki Alaka, ou chef des gardiens de la pourvoirie. Ces gardiens sont des hommes de confiance; ils reçoivent les provisions des mains des sommiers, auprès desquels ils campent entre les timbaliers et le campement du Biarque; ils sont tenus aussi de construire de bonnes huttes imperméables pour y loger les provisions; ils reçoivent leur soutenance, une solde très-modique, et ils prélèvent des bas morceaux de viande sur chaque bœuf de boucherie.
Le Tchagne Alaka ou chef des sommiers. Ces serviteurs chargent, conduisent, paissent les chevaux, mules ou ânes de somme dont ils ont la responsabilité. À l'arrivée au campement, ils remettent leurs charges aux gardiens de la pourvoirie, dressent les tentes du Dedjazmatch, les abattent, et veillent à leur transport ainsi qu'à celui de toutes les provisions de bouche. De jour, ce sont les pages qui doivent redresser et tendre les tentes infléchies, mais durant la nuit, les sommiers sont chargés de ce soin, comme aussi de celui de transporter et de verser les grandes jarres de vin, d'hydromel ou de bière, dont on se sert les jours de festin; ils en perçoivent alors l'écume, un peu de la liqueur de dessus, ainsi que les effondrilles. Ils ont droit aussi aux curures des outres à miel, et, à chaque bête abattue, il leur est attribué un morceau spécial de viande. Ils sont chargés en temps ordinaire d'aller chercher et de transporter les impôts en grains, en miel, en beurre et autres que fournissent les terres domaniales ou des alleux imposés au profit du Dedjazmatch. Ils jouissent d'une paye
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