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Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Titel: Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnauld d'Abbadie
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de la santé. Les habitants des kouallas, exposés, à cause de la grande sécheresse du sol, à voir se fendiller la plante du pied, y remédient par des onctions grasses et mettent alors, jusqu'à guérison, des sandales ou une sandale seulement. Cette sandale consiste en deux ou trois semelles de cuir, brédies ensemble, et en lanières étroites formant un œillet pour recevoir le second doigt du pied et s'entrelaçant jusqu'à la hauteur de la cheville. Les trafiquants, les moines gyrovagues, les ecclésiastiques et les citadins se munissent ordinairement de sandales, lorsqu'ils ont à cheminer hors des villes, et souvent ils n'en chaussent qu'une à la fois, comme il est dit dans l'Énéïde. Les lépreux en portent presque toujours. Les femmes des classes inférieures semblent éprouver, moins encore que les hommes, la nécessité de la chaussure; les indigènes prétendent que cela provient de ce que la femme marche plus près de terre, d'une façon moins accentuée et que son pied s'échauffe moins. Quant aux femmes riches, leurs habitudes sédentaires et la réclusion dans laquelle elles vivent font que leurs pieds restent délicats; et dans la maison, elles font usage d'un véritable soulier en cuir, dont la forme est celle du calceus qu'on voit sur les monuments égyptiens et étrusques. Comme dans l'antiquité, elles abandonnent cette chaussure lorsqu'elles assistent au pleur funéraire d'un parent et lorsqu'elles prennent leurs repas. Les princes de la famille impériale, les juges de la cour suprême et quelques dignitaires ecclésiastiques portent aussi cette chaussure, mais plutôt comme marque de dignité, que par besoin réel; de même que les femmes riches, lorsqu'ils ont à faire une marche tant soit peu longue, ils montent toujours à mule: un domestique ou un esclave porte à la main, devant eux, leurs souliers, qu'ils ne pourraient, du reste, conserver à cheval, puisque leur étrier n'est fait que pour admettre l'orteil.
    Les hommes ont une culotte en étoffe légère de coton blanc, soit demi-aisée comme nos culottes du dernier siècle et descendant comme elles jusqu'à la naissance du mollet, soit collante et s'arrêtant à quatre doigts au-dessus du genou. Dans la province du Chawa, quelques parties du Wallo et du Tegraïe et dans plusieurs kouallas, on donne de l'ampleur à ce vêtement jusqu'à en supprimer quelquefois la fourche; il a alors l'aspect d'un jupon court qui couvre des genoux à la taille où il est fixé au moyen d'une coulisse, et présente une ressemblance frappante avec le campestre , le cinctus et le semicinctium , vêtements des athlètes et des soldats représentés sur les anciens bas-reliefs grecs et romains. Ces dénominations me paraissent appliquées à des vêtements de même espèce, différant entre eux par le volume seulement. Par une corrélation singulière, dans les langues amarigna, tigrigna et galligna ou ilmorma, on désigne le cinctus par des expressions dont les racines sont analogues à celle du mot latin, et, de même que dans l'antiquité, il est surtout porté par les esclaves, les laboureurs, les chasseurs et les artisans dont le travail demande de l'activité, et, pendant leurs occupations, forme, avec une petite ceinture, leur unique vêtement. Les habitants des kouallas lui substituent un pagne ou pièce d'étoffe rectangulaire dont ils s'entourent le milieu du corps, reproduisant ainsi le vêtement qu'on voit dans les peintures étrusques et égyptiennes. Ils se servent aussi d'une pièce d'étoffe, ordinairement une petite ceinture, roulée autour de la taille, passée ensuite dans l'entre-jambe et rattachée à la ceinture. Ce vêtement paraît être le même que le subligar en usage parmi les gymnastes et athlètes de l'antiquité.
    Les hommes portent une ceinture d'une étoffe semblable à celle des culottes, mais un peu plus forte; elle est large de une à deux coudées, c'est-à-dire de 46 à 92 centimètres; quant à sa longueur, elle varie, selon la mode, de 10 à 100 coudées, c'est-à-dire de 4 m. 60 à 46 mètres environ 2 . Les longues ceintures s'enroulant jusqu'à la hauteur du sein, forment un volume à la fois gênant et disgracieux, mais la mode éthiopienne est très-variable en ce point.
Note 2: (retour) Les mesures éthiopiennes sont la coudée, l'empan, le doigt, la semelle, la sommière et la corde.—Ces deux dernières mesures sont uniquement agraires et d'un usage peu fréquent; le nombre de coudées qui les

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