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Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Titel: Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnauld d'Abbadie
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toutes les maisons et semble être identique à celui que Moïse recommandait aux Hébreux, pour creuser la terre et y déposer tout ce qui pouvait nuire à la salubrité de leur campement. Les soldats éthiopiens l'emploient au même usage; les chefs s'en servent pour y accrocher un porte-missel et une bougie, lorsqu'ils se lèvent de nuit pour accomplir leurs dévotions.
    De nombreuses décorations honorifiques entretiennent la vanité des Éthiopiens; les principales sont une espèce de brassard en argent ou en vermeil, la demi-couronne, certaines parties de la peau du lion et diverses pèlerines de guerre. Le brassard, haut d'environ 20 centimètres, orné quelquefois de fort belles applications en filigrane doré, se porte au poignet droit; à l'origine, il fallait avoir tué dix hommes pour l'obtenir. La demi-couronne, garnie de trois tourelles, est faite aussi en argent ou en vermeil; elle s'attache sur le front, au moyen d'une espèce de lemnisque écarlate; elle ne se donnait qu'aux cavaliers les plus intrépides; l'homme qui la portait encourait la peine du fouet, si, même lors d'une défaite, il tournait le dos à l'ennemi. Quiconque s'était rendu remarquable pour avoir pénétré plusieurs fois le premier dans des lignes ennemies, recevait du chef d'armée une bande de la crinière d'un lion, qu'il avait le droit de fixer à l'umbon de son bouclier. Celui qui s'était distingué en couvrant une retraite, recevait une queue de lion qu'il portait également à son bouclier; et celui qui avait tué un lion avait droit d'y accrocher également la peau d'une des pattes de devant armée de ses griffes.
    Les chefs d'armée donnent aux combattants qui se distinguent des pèlerines de guerre faites en peau de lion, en peau de panthère noire, en velours bleu ou écarlate ou en drap de même couleur; pour les hommes d'un rang élevé, ces pèlerines sont souvent chargées d'ornements en argent et en vermeil. Celui qui s'est distingué plusieurs fois en combattant avec le sabre, recevait un fourreau de sabre, garni de nombreuses bélières et d'une bouterolle en vermeil; celui qui, dans un combat, a reçu un certain nombre de javelines sur son bouclier, a seul le droit d'y faire appliquer des ornements en cuivre ou en vermeil, comme aussi de porter suspendu, par un cordonnet en soie, au ceinturon de son sabre, un petit étui en argent orné de breloques. Cet étui remplace celui en peau renfermant une pincette terminée en lame de couteau, dont tous les Éthiopiens se servent pour extraire les épines de leurs pieds. Celui qui a tué un éléphant a le droit d'orner la douille de sa javeline d'une spirale de fil de laiton.
    Telle était la valeur primitive attachée à ces décorations; mais la plupart se trouvent démonétisées par suite de la prodigalité avec laquelle des chefs d'armée, peu certains de leur pouvoir, les ont distribuées à leurs soldats. Le brassard, le fourreau de sabre garni en argent, la demi-couronne, la queue et surtout la patte du lion sont celles auxquelles on attribuait encore, il y a quelques années, le plus de valeur.
    Les huttes de nos gens, pressées côte à côte sur un seul rang, formaient une enceinte circulaire d'environ 100 mètres de diamètre, n'ayant qu'une ouverture, large d'une quinzaine de pas, en face de l'entrée de la tente du Prince, dressée au centre. Devant l'entrée des huttes, toutes tournées vers la tente, étaient les feux; les chevaux de selle, les sommiers, les mules et les ânes attachés à des piquets, formaient comme un deuxième cercle intérieur. À dix pas derrière la tente du Prince, se trouvait celle de la Waïzoro, et plus loin derrière, trois tentes en bure pour la sellerie, la cuisine et les amphores d'hydromel; les divers services du Prince étaient encore loin, me dit-on, d'être au complet. Devant la sellerie, autour d'un énorme feu, ses quatre chevaux et ses trois mules mangeaient leur herbe, sous la surveillance de palefreniers et d'un piquet de fusiliers; une autre troupe de fusiliers et des pages se chauffaient, ou dormaient autour d'un grand feu, devant sa tente; celle de la Waïzoro était enveloppée d'une obscurité discrète, qui laissait à peine distinguer les eunuques de garde. Les hennissements des chevaux et des mules, le tapage qu'ils faisaient en s'entrebattant, et les cris et la rumeur qui s'élevaient du camp, cessèrent vers le milieu de la nuit, mais le bourdonnement des conversations dura jusqu'au point du jour. Les

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