Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie
c'est-à-dire du pied droit et du côté nommé hors-montoir. Cette habitude provient de ce que, portant le bouclier au bras gauche, ils ne pourraient commodément saisir la crinière en se présentant par le côté gauche du cheval et de ce qu'aussi les Éthiopiens portent le sabre au côté droit. Le cavalier est muni d'un fouet dont le manche, d'un pied de long, est en peau d'hippopotame, et la mèche en cuir de bœuf: il excite aussi son cheval du talon, mais ne porte jamais d'éperons. La plupart des chevaux ont un collier de petites chaînettes et une sonnaille qui ne les quitte jamais. La taille des chevaux ne dépasse guère celle de nos chevaux de dragons; leur ossature est un peu plus forte que celle des chevaux du Nedj, au type desquels se rapporte évidemment l'ensemble de leurs formes et même de leurs allures. Comme eux, ils sont doux, familiers, entrent en fougue à la moindre provocation, et reprennent subitement leur calme au gré du cavalier. Les éleveurs éthiopiens, bien moins stricts que les Arabes dans le choix des producteurs, ont laissé dégénérer leur race chevaline. Le cheval éthiopien est rustique, sobre, mais il mange trop d'herbe et pas assez d'orge; il ne porte aucune ferrure, a le pied très-sûr et fait un bon cheval pour le combat, quoiqu'il n'ait plus ce fonds qui fait encore de ses ancêtres asiatiques les premiers chevaux de guerre du monde.
Le soldat à pied ou rondelier est armé du sabre ou du harpé, d'une ou deux javelines, et d'un bouclier dont le diamètre excède un peu celui du bouclier du cavalier, et rappelle quelquefois, par ses dimensions, la harasse des fantassins du moyen-âge. De même que le cavalier et le fusilier, il porte le sabre au côté droit; cette singularité est motivée par l'inconvénient qu'il y aurait à se découvrir, en dégainant du côté gauche. Les Éthiopiens portent le sabre assujetti aux flancs par un ceinturon qui maintient l'arme à un angle à peu près droit avec le corps; cette disposition fort commode pour permettre le dégaînement d'une seule main, exposerait le cavalier qui dégaînerait de son flanc gauche à blesser le col de sa monture.
Les fusiliers sont armés du sabre ou du harpé et d'une carabine à mèche. Ils bouclent à la ceinture une cartouchière d'où pendent des mèches prêtes et un petit pulvérin en corne; ils portent très-rarement un bouclier; plusieurs sont munis d'un mince bâton garni à une extrémité d'une pointe en fer, et dont trois ou quatre branches, rognées à environ un pouce de la tige, leur servent à appuyer le canon de leur carabine, lorsqu'ils visent un objet éloigné; les bons tireurs ne font usage de cet appui ou fourchette qu'à la chasse, ou lorsqu'au combat ils tirent d'une position couverte. Quelques-uns combattent à cheval, mais il en est très-peu qui soient à la fois assez bons cavaliers et tireurs pour tirailler de la selle; ils mettent pied à terre, tirent et remontent aussitôt. Chaque fusilier fabrique lui-même sa poudre, qui est assez bonne; mais comme ils n'ont pas de plomb, ils se servent de balles en fer forgé, d'une rotondité toujours imparfaite; ces projectiles rendent d'ailleurs les rayures inutiles, le tir incertain, et détériorent l'âme de leur arme. Leurs carabines longues, lourdes et mal équilibrées, sont en général de vieilles armes de fabrique indienne, persane, turque ou kurde. La mise en bois, est faite dans le pays; des attaches en cuir remplacent les capucines.
À l'exception des soldats les plus pauvres, l'homme de guerre est constamment suivi d'un servant d'armes, qui lui porte son bouclier et sa javeline, souvent un petit hanap ou corne à boire, et un enkassé ou fort bâton garni à une extrémité d'une douille en fer terminée par une forte pointe, et à l'autre d'une frette qui permet de frapper dessus pour l'enfoncer en terre sans le faire éclater. Cette espèce de pieu porte à sa partie supérieure trois ou quatre crampons; fiché en terre, il sert à suspendre les armes, à une halte ou sous la tente. Ceux qui conduisent les bêtes de somme, les bûcherons, les coupeurs d'herbe, et tous les valets d'armée sont munis de cet instrument, qui, au camp, sert à suspendre les armes ou les harnais, et qui sert d'avant-pieu pour construire les huttes, dresser les tentes, creuser les rigoles, planter les piquets d'attache des chevaux, découvrir les silos cachés dans la campagne ou creuser la fosse pour les morts. Il se trouve dans
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