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En Nos Vertes Années

En Nos Vertes Années

Titel: En Nos Vertes Années Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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dés, ou
pissant dans les encoignures des fenêtres. Seront de même punis des verges ceux
qui en viennent aux mains dans l’enceinte de l’École et se navrent l’un l’autre
par battements, soufflets, nasardes, et coups de pied de par le cul. Enfin
seront mêmement punis de verges les écoliers qui auront osé affronter par
paroles sales, fâcheuses ou outrageantes les professeurs royaux, les docteurs
ordinaires, les licenciés et les bacheliers, ainsi que le bedeau qu’ils devront
appeler Monsieur le Bedeau en tout convenable respect.
    Ici, Figairasse, se paonnant à
l’idée de se voir donner du « Monsieur » par les écoliers qui sous
Rondelet (à ce qu’on me raconta) l’appelaient – à prudente distance –
« Figue mon cul », redressa haut la crête et coupa l’air d’un fort
sifflement de sa verge.
    — Monsieur le Bedeau
Figairasse, dit Saporta, désormais vous ne ferez siffler votre verge que je
n’aie toqué du marteau.
    — À votre commandement,
Monsieur le Chancelier, dit Figairasse en s’inclinant jusqu’à terre, la trogne
cramoisie (et pas seulement le nez) et bien qu’il eût, en se relevant, l’air
des plus quinauds, personne parmi les écoliers n’osa sourire, tant les fesses
commençaient à nourrir de l’appréhension de cette terrible verge qui, sous
Rondelet, était presque tombée en quenouille.
    — Je vous ramentevois enfin,
reprit Saporta, qu’en l’honneur de notre maître Hippocrate, il n’y a point de
lectures en l’école le mercredi, sauf quand un autre jour de la semaine est
déjà désoccupé de par la fête d’un saint… (Je crus qu’il allait dire
« d’un saint papiste », mais envisageant le Docteur Feynes siégeant à
son côté, il dit tout uniment d’un « saint catholique ») auquel cas,
reprit-il, il va sans dire que nous labourerons le mercredi, ne désirant pas
avoir deux jours chômés par semaine.
    Ici, le Docteur Feynes, qui avait
fort bien senti la nuance polie de ce discours, fit au chancelier un signe de
tête amical, lequel me donna à penser que le Docteur Saporta n’était pas qu’un
furieux, mais qu’il mettait aussi de la finesse dans son commandement.
    — Les anciens, reprit Saporta,
ont déjà juré de respecter nos statuts, mais les novices nous doivent ce
jurement, qu’ils vont prononcer un par un, M. le Bachelier Fogacer faisant
l’appel sur le registre.
    Là-dessus Fogacer se leva de son
banc, et long, noir, élégant, sautillant sur ses grandes jambes et se balançant
sur ses hanches, gagna l’estrade où le chancelier Saporta lui tendit le livre
de l’Ecole.
    — Luc Sanche ! cria
Fogacer qui commença par les derniers inscrits, Luc ayant après moi fermé la
marche.
    — Que dois-je dire ? dit
Luc en se levant, et la face fort pâle.
    — Juro [64] .
    — Juro ! dit Luc.
    Là-dessus, Merdanson se tourna vers
Luc et l’envisageant, dit d’une voix haute et grave :
    — Il a belle couille…
    — Mais molle, reprit d’une voix
frêle et plaintive le chœur de ses acolytes.
    J’eusse gagé que le Chancelier
allait ici lancer la foudre et les éclairs et réduire ces fols à quia, mais
merveille ! il resta coi comme souche en forêt, l’œil paisible et le
sourcil serein. Et je sus plus tard que la tradition (à laquelle il ne voulait
point toucher en cette École) voulait que les anciens accueillissent les
novices, lors du jurement, par cette gausserie empruntée à l’auteur de Gargantua.
    — Pierre de Siorac !
appela Fogacer.
    Je me dressai à mon banc et
Merdanson se tourna vers moi.
    — Juro  ! dis-je en levant la main.
    — Il a belle couille, dit
Merdanson.
    — Mais molle, reprit le chœur.
    Nous étions treize novices, et les
treize appelés tour à tour, dirent juro  ! et furent de la même
guise salués. Après le treizième, les anciens, qui s’étaient enhardis,
voulurent essayer, à notre adresse, huées et quolibets, mais incontinent,
Saporta toqua la table de son maillet, Figairasse fit siffler sa verge, et un
silence profond se fit.
    — Messieurs les Écoliers,
reprit Saporta. Monsieur le Doyen Bazin entend maintenant vous parler des
études.
    Le Doyen Bazin, comme j’ai dit,
était petit, maigre et chenu, et parlait d’une voix sans force, mais son œil
était si froid et vipérin qu’il compensait l’absence de vigueur qui était en sa
personne par la venimeuse expression de sa prunelle. Il s’exprima en peu de
mots comme un homme qui économise son

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