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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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C’est pure vérité, je le jure devant Dieu ! Si tu ne me crois pas, arrête ta mule et je repartirai à pied.
    – Mais je te crois, ma belette ! Alors, comme ça, tu veux aller te battre contre les Anglais ? Fichtre, Bêtefort n’a qu’à bien se tenir.
    – Cesse de plaisanter ou je m’en retourne. Mes conseils du Ciel...
    – ... les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
    – ... mes conseils du Ciel ont ajouté que je dois aller trouver messire Robert de Baudricourt pour qu’il accepte de m’écouter, de me donner des armes et un cheval. Tu m’aideras à le rencontrer.
    – Le moment est mal choisi. Il est comme un chien enragé. En revanche, si tu en es d’accord, nous irons à Nancy. J’ai caché la chose à ton père, mais je dois te dire que le duc Charles de Lorraine aimerait te rencontrer. Je ne sais qui a pu lui raconter que tu as tenu tête aux gens de d’Orly, dans le château de l’île, il est en tout cas persuadé que tu as des dons et que tu peux le guérir.
    – De quoi souffre-t-il ?
    – Des maladies de son âge. C’est un vieil homme mais encore vert grâce à une jeune et jolie maîtresse. Pour tout t’avouer, ce n’est pas pour t’occuper de mon épouse que je suis venu te demander à tes parents mais pour te conduire à Nancy. Je garderai ton secret, il faudra que tu gardes le mien. Si ton père apprenait notre complicité, il finirait de me briser les os. Ça ne lui serait pas difficile...
    Il ajouta :
    – Tu verras : Nancy est une belle et grande ville, à une journée de cheval de Burey. Tu y trouveras quelqu’un d’autre qui souhaite aussi te rencontrer : René d’Anjou, un des fils de Madame Yolande, reine de Sicile, et gendre du duc de Lorraine. Il a, dit-on, beaucoup entendu parler de toi. Cela te surprend ? Moi de même.
    – Comment as-tu appris tout cela ? Serais-tu du Conseil de Lorraine ?
    – À chacun son conseil : tu reçois le tien du ciel et moi des hommes. Ne m’en demande pas plus. Il s’agit d’un secret d’État.
    On ne savait jamais quand l’oncle parlait sérieusement et quand il plaisantait. Jeannette en resta sur cette seule évidence, qui l’intriguait : deux princes attendaient sa visite...
     
    Le temps de poser son bagage, d’aller dire une prière à la chapelle du Vieux-Astre, Jeannette, chaperonnée par son oncle, partit pour Nancy. Elle emportait dans ses bagages une paire d’escarpignons que l’oncle lui avait achetés en prévision de cette randonnée, une hauvette dont les ailes lui battaient les oreilles, un habit emprunté à l’épouse de Laxart et dont, au premier essayage, elle avait fait éclater les coutures. Elle se trouvait ridicule, mais Laxart la rassura : elle pourrait se présenter en cotte rouge, en bonnet et en sabots, ces messieurs de Nancy n’y attacheraient aucune importance.
    En cours de route, il lui fit la leçon : elle devrait faire au duc la révérence qu’il lui avait apprise, éviter de le regarder dans les yeux sauf s’il s’adressait à elle, répondre avec discrétion, observer une attitude modeste en toutes circonstances, éviter dans la conversation les propos vulgaires, ne rire que si d’autres riaient...
    Il donna à sa nièce quelques notions de politique utiles pour ne pas commettre d’impairs, car le duc était susceptible et habitué à changer souvent d’avis ou de parti, mais il se trouvait présentement du côté du dauphin. Jeannette devrait éviter de le contredire ou d’émettre en sa présence des opinions trop tranchées.
     
    Le duc Charles était très frileux et, comme on était en février et qu’il neigeait, il avait trouvé refuge dans un cabinet donnant sur ses jardins où des marbres d’Italie semblaient grelotter entre les pièces d’eau gelée. La chaleur suffocante, chargée d’odeurs sui generis et de parfums d’aloès de Socotora destinés à tuer la vermine, indisposa Jeannette, mais elle n’en dit rien.
    Son patient était installé dans un fauteuil de vannerie, enfoui dans un magma de coussins comme dans un cocon. Le visage se dégageait, osseux, presque cadavérique, d’un bonnet qui lui recouvrait les oreilles ; le reste du corps disparaissait sous des couvertures.
    Une voix grêle, haut perchée, lança :
    – C’est donc toi, Jeannette, la pucelle de Domrémy ? Mon gendre René te tient pour une étrange créature, entre soldat et sorcière. Une bien jolie garce, en tout cas ! Eh bien, approche !
    Laxart lui donna de la main dans les côtes pour

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