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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Augustins et tâcher de faire entendre raison à Gilles de Rais et au Bâtard.
    – Il ne vous fera pas une autre réponse que la mienne, sauf qu’ils comptent davantage sur les armes que sur la volonté divine. Un conseil : prenez garde, monsieur le gouverneur, le coin est encore dangereux. Vous risquez de recevoir un trait d’arbalète...
    Elle aperçut en regagnant sa chambre frère Pasquerel dans le jardin en train de distribuer du pain aux canards.
    – Demain, dit-elle, il faudra te lever avant l’aurore et te rendre aux Augustins où il y aura du travail pour toi et les tiens. Tu ne me quitteras pas, parce que j’aurai besoin de la présence d’un homme de Dieu. Nous perdrons beaucoup de nos gens car la journée sera chaude. Elle ne se terminera pas sans que je sois blessée, et je sais où : près de l’épaule, par une flèche. Peu importe puisque nous remporterons la victoire et que nous rentrerons dans Orléans par le pont...
     
    La nuit avait été calme.
    Claquemurés dans les Tourelles, les Anglais ne bougeaient plus. Des habitants passèrent le fleuve à la nuit tombante, porteurs de victuailles et de boissons, si bien que les soldats laissés à la garde du fort purent fêter leur victoire au nez et à la barbe de l’ennemi. Gilles de Rais ne fit sonner le couvre-feu qu’à la minuit. On aurait bien fait la fête jusqu’à l’aube, mais il fallait se reposer.
    Gilles avait reçu la visite de M. de Gaucourt et de quelques membres du Conseil de ville. Il les avait éconduits.
    À l’aube, après la messe, Jeanne prit la tête des troupes de la milice conduites par leurs dizainiers à cheval, pour passer la Loire et retrouver les Augustins où rien n’avait encore bougé.
    Elle trouva Gilles, Dunois, La Hire et tous les chefs en train de se tailler, au milieu des cadavres que l’on n’avait évacués qu’en partie, des tranches de pain, de jambon, et de boire à la régalade. L’air sentait le lourd sommeil des hommes, le vin et le pain frais. Le fleuve haletait doucement sous les draps roses du petit jour. Dans les buissons de la rive, des canards sauvages saluaient l’aube en s’ébrouant. Sur la rive méridionale de l’île aux Toiles, un pêcheur venait de s’asseoir dans l’herbe et lançait sa ligne dans le courant ; en prêtant l’oreille, on aurait pu l’entendre parler à son chien.
     
    Lorsque le jour fut à son plein, Gilles donna l’ordre d’avancer les échelles en prévision du premier assaut.
    – Jeanne, dit-il, je suis inquiet. Les Anglais des Tourelles ont reçu cette nuit des renforts par le fleuve. Combien peuvent-ils être dans ce trou à rats ? Je l’ignore, mais ce dont je suis certain, c’est que nous aurons du mal à les déloger. Gaucourt est venu me rendre visite hier soir. Il avait peut-être raison de vouloir tout arrêter pour tenter une négociation, mais j’ai tenu bon. Il nous faut les Tourelles. Après, nous aviserons.
    Ce qui l’inquiétait aussi, c’est que les chefs anglais qui tenaient les autres bastilles n’aient pas tenté une manoeuvre de diversion, sachant que l’on n’avait laissé dans la ville que de faibles contingents.
    – Nous n’allons pas tarder à savoir, dit-il, ce que ces Godons ont dans la tête.
    Il ajouta :
    – Jeanne, vous avez eu tort de ne pas revêtir votre cuirasse. Cette cotte de mailles est plus légère à porter mais vous protège mal des flèches et des coups.
    Elle haussa les épaules, prit la bannière des mains de son écuyer, s’avança à pied jusqu’au fossé, grimpa sur le talus. Les premiers attaquants commençaient l’escalade sous une grêle de flèches dont ils se protégeaient par des écus de jonc et d’écorce. C’étaient d’anciens routiers de la compagnie commandée par La Hire, des durs à cuire familiers des rudes empoignades.
    – Hardi, les gars ! leur criait Jeanne. Ahay ! Poussez ferme !
    Une première échelle, écartée depuis les créneaux par les fourches, bascula dans le fossé. On ramena les malheureux tout meurtris pour les mettre à l’abri des moellons qui tombaient en pluie. Un deuxième assaut n’eut pas plus de succès. Jeanne, au mépris du danger, sauta dans le fossé à demi comblé par des fascines, remonta sur la levée jusqu’au pied du boulevard fait de planches qui entourait la forteresse, brandissant sa bannière et lançant son ahay ! à tous les vents. Les assaillants dégringolaient autour d’elle dans le bruit métallique des pierres sur les

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