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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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contre son sein pour le rassasier, il s’écria soudain :
    — Notre fils n’a pas de nom ! Comment est-ce possible ? Qu’Allah nous pardonne !
    — Il ne devait pas être nommé avant votre retour, répondit calmement Fatima. C’est à toi et à mon père de le faire.
    Ali approuva :
    — Tout à l’heure, je demanderai sa préférence à l’Envoyé.
    — Non. Tout à l’heure, tu selleras nos chevaux. Nous irons dans la cour de mon père. Je veux qu’il prie avec nous pour qu’Allah accueille son petit-fils sous Sa paume.
    Ali plissa les paupières. La rage grondait dans le ton de Fatima. Ce qu’elle avait retenu depuis des jours jaillit d’un coup :
    — Mon père n’est pas venu me voir pendant que j’étais grosse. Il n’est pas venu me voir avant de partir combattre ceux de Mekka. Au retour, il m’a souri de loin et a posé sa paume sur le front de notre fils comme si c’était le petit-fils d’un autre. Se désintéresse-t-il absolument de sa descendance ?
    — Non !
    Ali secoua la tête, mais sans oser soutenir le regard de Fatima. Il répéta :
    — Bien sûr que non !
    Il sourit en caressant le dos replet de son fils qui tétait goulûment, indifférent à la colère de sa mère.
    — Il ne se détourne pas de toi, ajouta-t-il avec douceur. Il lui faut s’occuper de son épouse. Abu Bakr raconte à qui veut l’entendre que les anges d’Allah ont accompli à Badr plus de prodiges qu’on ne le croit. Sur le chemin du retour, Aïcha est devenue femme. Notre père en ruisselle de bonheur autant que d’avoir tranché la tête d’Abu Lahab. Qui pourrait lui en vouloir ? Lui qui nous a conduits à une si grande victoire, qu’il goûte au bonheur de son épouse vierge sans attendre ! Et si Dieu le veut, peut-être aura-il lui aussi un fils avant l’hiver.
    Fatima ne répliqua pas.

Le bonheur de la descendance
    Aux premières ombres du soleil leurs chevaux parvinrent à la porte de la grande maison. Attirant tous les regards, ils posèrent pied à terre à l’intérieur de l’enceinte et se dirigèrent vers le tamaris. Les épaules couvertes du manteau rouge de ses épousailles et son fils serré contre sa poitrine, Fatima lança à une servante :
    — Préviens mon père que sa fille est ici pour le voir.
    La servante répondit :
    — Il prie Allah dans le masdjid avec ses compagnons.
    — Nous patienterons, rétorqua Fatima.
    L’attente ne dura pas longtemps. Bientôt, Muhammad sortit de la longue pièce sous l’auvent qui désormais servait de mosquée. Il avait le visage et les mains encore humides de ses ablutions.
    Ali s’inclina, mains sur la poitrine.
    — Père, mon épouse et moi voulons que tu nommes ta descendance.
    Muhammad observa l’enfant avec stupeur, avant de s’adresser à Fatima :
    — Ton fils n’a pas de nom ? s’étonna-t-il.
    — Mon fils est ton sang autant que celui d’Ali. Quel nom pourrait-il porter qui ne vienne pas de toi ?
    Sa voix tremblait un peu, mais elle ne détourna pas les yeux de ceux de son père. Un attroupement se forma autour d’eux. Omar, Tamîn, Zayd, Al Arqam, tous ceux qui venaient d’achever la prière, s’approchèrent. Abu Bakr vint se placer tout à côté de Muhammad. Chacun vit son regard dédaigneux sur le nourrisson.
    Muhammad tendit les mains. Fatima y déposa l’enfant. L’Envoyé caressa son front. L’enfant, qui babillait, se tut en ouvrant de grands yeux étonnés.
    Muhammad chantonna :
    — « Nous lui donnâmes Isaac et Jacob et les guidâmes tous ; et Noé tout autant, Nous l’avions guidé dans sa descendance [32] … » Ce fils sera sous mon manteau. Que la volonté d’Allah s’accomplisse ! N’est-il pas la chair de ma fille Fatima, qui est une partie de moi-même ?
    Il souleva l’enfant entre Ali, Fatima et lui.
    — À vous tous je dis : Voici Hassan qui est né parmi nous ! Pouvait-il porter un autre nom que celui du plus beau, du plus fort, du plus puissant ? Hassan ! Hassan ! Que Dieu le Clément et Miséricordieux t’accorde le butin des longues vies : la sagesse et l’humilité devant ton Rabb !
    D’un seul élan, la cour lança :
    — Longue vie à Abu Muhammad Hassan ibn Ali Abu Talib, fils de Fatima et chair de la chair de l’Envoyé d’Allah !
    Tous prièrent dans l’enceinte du masdjid pour la protection des jeunes années de l’enfant. Quand Muhammad redéposa Hassan dans les bras de Fatima, leurs mains se touchèrent. Sous le linge qui

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