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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bourgeois, pour qu’ils tournassent contre elle les épées qu’elle avait solennellement distribuées en les bénissant !… Ces cardinaux qui s’agenouillaient à ses pieds !… avec quelle lâche ardeur ils avaient entonné le
Domine salvum fac Sixtum…
    Seule maintenant !… Seule ou presque !… Quelques femmes, quelques domestiques, voilà tout ce qui lui restait de sa cour pontificale !…
    Pendant des heures, Fausta pleura, rugit, sanglota, se tordit dans la crise. Puis lorsque son corps abattu, sans forces, demeura inerte en travers du lit, lorsqu’elle eut compris que lentement la tempête s’apaisait, que les idées redevenaient plus claires comme les étoiles qui recommencent à briller dans un ciel lavé par l’ouragan, lorsqu’elle put penser enfin, elle chercha comment avait pu se produire la trahison.
    Des détails qu’elle avait dédaignés lui revinrent en mémoire. Elle revit toute l’attitude de Rovenni dans les trois derniers mois, elle pesa ses paroles, mesura ses gestes, et acquit la conviction que Sixte avait acheté Rovenni dès le moment où il était venu à Paris pour reprendre les millions destinés à Guise. Rovenni avait fait le reste, détaché d’elle l’un après l’autre, tous ceux qu’elle avait entraînés…
    Et elle comprit qu’elle avait commis une faute d’inexpérience et d’orgueil. Inexpérience, parce qu’elle n’avait jamais envisagé la possibilité humaine, permanente, universelle, de la trahison. Orgueil aussi ! parce qu’en voyant des hommes s’agenouiller, se prosterner devant elle, elle avait fini par croire qu’on l’adorait vraiment… que c’était elle qu’on adorait, et non la puissance, les faveurs, les jouissances qu’elle pouvait distribuer.
    Et dans ce cœur le fiel s’amassa goutte à goutte.
    Fausta redevint plus femme, peut-être, et rejetée du rang des anges, reprit sa place dans l’humanité. Lorsqu’elle remonta de cette descente aux enfers, lorsqu’elle eut éclairé ce passé de trahison avec la torche de la souffrance, Fausta sentit le calme revenir dans son esprit, et elle songea à l’avenir, elle établit la balance de ses pertes et de ses profits, elle jeta sur le champ de bataille de sa vie le coup d’œil de l
’imperator
vaincu qui cherche s’il doit battre en retraite ou violenter la fortune, et voici ce qu’elle put nettement établir en passant de l’analyse à la synthèse :
    Elle venait de subir une défaite : elle perdait du coup toute possibilité de réaliser son rêve. Jamais elle ne serait à Rome la grande prêtresse reprenant la tradition de la papesse Jeanne. Mais si elle ne pouvait être la papesse, et si elle comprenait qu’elle userait en vain ses forces à soulever ce rocher de Sisyphe qui retomberait sans cesse et l’écraserait enfin, elle pouvait, elle devait être reine…
    Reine de France, C’était encore un magnifique et rutilant hochet pour une imagination pareille ! Reine de France par Guise, roi de France !… Et plus tard, peut-être, reine absolue par la mort de Guise !…
    D’abord la mort d’Henri III lui donnant la moitié de la royauté. Puis la mort de Guise lui donnant la royauté tout entière. Et en attendant, c’était la vengeance assurée !… Avec Guise, avec Alexandre Farnèse, elle entreprenait la conquête de l’Italie, enfermait le pape dans Rome ; ne lui laissant qu’une puissance illusoire… tout le rêve de Machiavel, de César Borgia, de tant de penseurs et de tant de reîtres conquérants…
    Fausta rouvrait ses ailes toutes grandes. Elle s’élançait d’un vol éperdu dans une chimère cette fois réalisable… cette fois réalisée en grande partie ; et mathématiquement, elle posait la marche du problème à résoudre.
    D’abord la mort de Valois. Puis, le couronnement d’Henri de Guise. La répudiation de Catherine de Clèves, femme du duc. Le mariage de Guise avec la princesse Fausta. La conquête de l’Italie. La mort de Guise. Le règne de Fausta, seule maîtresse de la France et de l’Italie…
    Voilà par quels degrés elle se hausserait maintenant à la suprême puissance !… Et le premier échelon de cette progression, c’était un assassinat : tout cet échafaudage était bâti sur une mare de sang. En haut, la couronne. En bas, un poignard. Tout reposait sur le meurtre d’Henri de Valois !… Il fallait donc commencer par tuer le roi de France.
    Fausta, ayant ainsi établi la marche nouvelle qui rendait

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