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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rendait visite à Pardaillan !
    Pourquoi ? dans quel but ?… Nous allons le savoir.
    Le matin, Crillon, comme on l’a vu, avait quitté la chambre royale, pour ne pas assister aux préparatifs d’un guet-apens qu’il réprouvait. Crillon était d’ailleurs parfaitement d’avis qu’il fallait frapper Guise et s’en débarrasser à jamais par quelque bon coup d’épée… mais non par un coup de dague donné par derrière. Crillon admettait le duel : il ne voulait pas de l’assassinat. Le vieux capitaine avait donc quitté l’appartement royal d’assez mauvaise humeur.
    – Tous ces mignons et ordinaires, grommelait-il, sont en train de faire faire une grosse sottise au pauvre Henri. Guise tué en duel était bien mort. Mais je crains que Guise tué en embuscade par les Quarante-Cinq ne meure pas tout à fait, ou que mort, il soit plus redoutable encore qu’il n’était vivant.
    Crillon, là-dessus, avait soigneusement visité les postes. Il renforça les points faibles. Il doubla le nombre de patrouilles. En sorte qu’à partir de ce moment, le château ne retentit plus que du pas des soldats et du bruit des armes.
    – Jolie idée qu’il a eue de confier les clefs à Guise !… reprit bientôt le brave Crillon. Cette façon de se livrer, de se mettre soi-même la tête dans la gueule du loup, et puis de crier : « Au loup ! » Oui, tout cela est trop habile pour moi. Cela sent d’une lieue son Ruggieri… Morbleu, c’était pourtant bien simple et facile, ce que je proposais !…
    On voit que le brave Crillon était à la fois mécontent et inquiet. Lorsqu’il eut donné les mots d’ordre et changé les consignes, Crillon sortit du château, dans l’intention d’en faire le tour et de s’assurer qu’aucun coup de main n’était possible. Comme il quittait l’esplanade qui s’étendait devant le porche, il s’aperçut qu’on le suivait à distance. Il s’arrêta en fronçant les sourcils.
    – Si c’est un guisard et qu’il me cherche querelle, maugréa-t-il, le guisard tombe bien. Ah ! tête et ventre ! je donnerais bien dix écus pour pouvoir dégainer sur-le-champ et calmer la démangeaison que j’ai d’en découdre…
    Cependant, l’homme qui semblait le suivre s’était rapproché de Crillon et marchait droit sur lui, enveloppé dans sa cape jusqu’aux yeux, car le froid était violent, et un petit vent du nord balayait le plateau.
    – Parbleu, monsieur, dit Crillon quand l’inconnu ne fut plus qu’à deux pas, est-ce à moi que vous en voulez ?
    – Oui, sire Louis de Crillon, fit tranquillement l’homme.
    Mais en même temps, cet homme laissa son visage à découvert et se mit à regarder Crillon en souriant. Crillon le reconnut aussitôt et tendit sa main d’un mouvement cordial.
    – Le chevalier de Pardaillan ! s’écria-t-il…
    – Lui-même, capitaine, et qui court après vous…
    – Après moi ?…
    – Oui. Pour vous rappeler une promesse que vous me fîtes…
    – Laquelle ?…
    – Celle de me présenter au roi.
    – Ah ! par le mortbœuf, ce n’est pas trop tôt ! fit Crillon avec un large sourire de bienveillance. Vous y venez donc enfin !…
    – Que voulez-vous ?… J’éprouve le besoin de voir de près une figure de roi ; cela ne m’est jamais arrivé, et je suppose que ce doit être curieux…
    – Il suffit, mon digne ami. Peu m’importe les motifs pour lesquels vous avez besoin de voir le roi. Il suffit que vous souhaitiez être présenté à Sa Majesté. Ce sera fait. C’est moi qui m’en charge. Seulement, je dois vous prévenir d’une chose… c’est que si vous ne connaissez pas le roi, le roi vous connaît parfaitement…
    – En effet, je ne savais pas avoir l’honneur d’être connu de notre sire…
    – Je lui ai dix fois raconté la manière dont vous m’avez aidé à sortir de Paris. Mordieu ! ce fut un beau fait d’armes ! Je vous vois encore levant haut votre rapière et donnant le signal de la marche en avant, je vous entends encore crier : « Trompettes, sonnez la marche royale !… » Oui, ce fut beau, et moi qui ai vu maint fait d’armes, je n’ai rien vu qui m’ait ému autant que cette sortie de Paris…
    – Vous me comblez, mon cher monsieur de Crillon, dit Pardaillan ; vous me comblez vraiment d’éloges que peut-être je ne mérite pas…
    – Et qu’est devenu, reprit Crillon à voix basse, qu’est devenu ce jeune brave qui n’avait qu’un malheur contre lui…

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