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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Pardaillan avec un sourire.
    – Tout peu s’arranger, en effet, dit Jacques Clément d’une voix morne, tout, excepté les désespoirs d’amour. Ah ! si vous aviez vu de quel air de mépris elle m’a reçu !…
    – La duchesse de Montpensier ?
    Jacques Clément ne parut pas avoir entendu. Il avait laissé tomber sa tête dans sa main et, le regard fixé sur le feu dont les reflets coloraient sa tête pâle, il songeait. Et, par moment, une sorte de contraction douloureuse venait donner à son visage une expression d’indicible souffrance. Ce fut d’une voix amère qu’il continua :
    – On n’a plus besoin de moi, Pardaillan ! J’ai hésité à frapper, et on me rejette comme une mauvaise gaine de cuir où on avait espéré trouver une bonne lame d’acier. Tout m’échappe donc à la fois : et l’amour et la vengeance…
    – Je comprends que l’amour vous échappe, dit Pardaillan. D’après ce que vous m’avez raconté de votre visite, cette jolie diablesse que vous appelez un ange, vous a quelque peu malmené. Laissez-moi vous dire que vous n’y perdez pas grand-chose, si toutefois vous la perdez…
    – Que voulez-vous dire ? balbutia Jacques Clément.
    – Que vous ne la perdez pas – malheureusement pour vous – qu’elle vous reviendra !…
    – Oh ! si cela était !… Si je pouvais revivre !… la revoir !… l’aimer encore !
    – Et moi je vous dis que vous la reverrez, que vous l’aimerez, qu’elle vous aimera, enfin, bref, que vous connaîtrez jusqu’où peut aller l’humeur de la jolie duchesse. Mais à supposer que l’amour vous échappe, comme il vous plaît à dire, comment votre vengeance vous échappe-t-elle en même temps ?…
    – Ne vous ai-je pas raconté toute la scène à laquelle j’ai assisté ? Henri III est condamné. Il va être frappé ! Mais ce sera par un autre que moi. Et dès lors, que m’importe sa mort, si je ne puis me dresser devant la vieille Médicis et lui dire : « Vous avez tué ma mère, et moi je viens de vous poignarder au cœur en tuant votre fils… »
    – Cher ami, répondit Pardaillan, sachez que ce soir, je reçois à dîner le brave Crillon.
    – Oui, vous me l’avez déjà dit, et je crois entrevoir votre pensée. Vous voulez vous faire présenter au roi, et le prévenir de ce que les Guise trament contre lui…
    – Allons ! fit Pardaillan, que ce soit cela ou autre chose, prenez patience et espoir. Seulement il ne faut pas que Crillon nous voit ensemble. Vous aurez donc l’obligeance de vous retirer au plus tôt dans votre chambre, et d’y attendre que je vous y vienne chercher ou que je vous appelle.
    Jacques Clément approuva d’un signe de tête. Les deux hommes déjeunèrent ensemble. Ou plutôt, Pardaillan mangea pour deux. Quant à Jacques Clément, il était plongé en des idées funèbres, et bientôt, selon ce qui avait été convenu, il se retira dans sa chambre.
    Pardaillan s’assit près du feu et se mit à méditer profondément. Il prenait des notes sur un morceau de papier ; il raturait ; il recommençait. Quand enfin il eut fini ce singulier travail, il relut avec un sourire de complaisance et murmura :
    – Je crois que ce ne sera pas trop mal ainsi.
    Ce que Pardaillan venait de méditer avec tant d’attention, c’était le menu du dîner du soir. Il appela donc l’hôte et lui donna les instructions nécessaires pour que ce menu fût exécuté scrupuleusement. Aussi, lorsque Crillon apparut, la table était toute dressée et servie.
    – Ah ! ah ! s’écria le brave Crillon, il paraît que vous me voulez traiter comme un prince.
    – Non pas, dit Pardaillan, car alors je ne me fusse pas mis en frais… Mais dîner de prince ou de roi, ou de simple gourmand, il faut qu’il se mange. Asseyez-vous donc ici, mon cher sire, le dos au feu, et moi là, devant vous.
    Crillon obéit en prenant la place que lui indiquait Pardaillan. Nous n’en suivrons pas les péripéties, nous contentant de noter l’entretien des deux convives. En effet, en même temps que Crillon, bon mangeur, bon buveur, attaquait les victuailles, Pardaillan attaquait son hôte par ces mots jetés froidement et tout à coup :
    – A propos, messire, vous savez qu’on veut tuer le roi ?…
    Crillon, qui portait son verre à sa bouche, s’arrêta dans ce mouvement et considéra Pardaillan avec des yeux de stupeur et presque d’effroi.
    – Bah ! reprit le chevalier, on dirait que cela vous étonne,

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