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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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« Mon frère, vous êtes malheureux, je viens à votre secours ; vous n’avez pas de soldats, je vous amène les miens. »
    – Et vous croyez que le roi de France accueillerait une telle ouverture ?
    – J’en réponds.
    – Monsieur, soyez franc. La minute est solennelle. Oui ou non, venez-vous de la part d’Henri III ?
    – Sire, dit Pardaillan, je viens de ma part, et c’est bien assez. Mais je réponds que le roi de France vous accueillera avec des transports de gratitude et que dans sa joie, dans sa haine contre Mayenne, il vous désignera pour son successeur… et Henri III, sire, est bien malade.
    – Oh ! si j’en étais sûr, murmura le Béarnais dont le front était inondé de sueur.
    – Sire, je m’engage à vous accompagner jusqu’auprès d’Henri III. Si vos offres sont repoussées, je consens à être passé par les armes !
    – Soit !… Eh bien, supposons la chose faite. Me voici l’allié du roi de France. Il me désigne. Il meurt. J’ai pour moi la moitié de la France, comme vous disiez. Mais l’autre moitié ! Devrai-je donc passer ma vie à faire la guerre civile ?
    – La guerre civile cessera quand l’autre moitié de la France vous acceptera ; et cette deuxième moitié vous acceptera quand vous voudrez, fit tranquillement le chevalier.
    – Comment ! comment ! s’écria le Béarnais avec impétuosité.
    – Je vous ai dit, sire, que vous régneriez moyennant deux conditions. Je vous ai exposé la première. Voici la seconde : moi, sire, je suis honteux de l’avouer, je ne suis ni huguenot ni catholique, j’en parle donc fort à mon aise. Sire, quand vous aurez été proclamé roi de France, quand vous aurez la moitié de la France pour vous, quand vous aurez déchaîné la guerre civile pour conquérir l’autre moitié, quand vous aurez bien constaté que la guerre civile n’avance pas vos affaires et que Paris demeure irréductible, alors, sire, vous vous ferez catholique.
    – Jamais ! dit le Béarnais avec plus de force apparente que de conviction réelle.
    – Pardon, sire, dit Pardaillan, je croyais que vous vouliez régner ! Mettons que je n’ai rien dit.
    – Renoncer à la religion de mes pères !…
    – Pour assurer une couronne à vos enfants.
    – Capituler ainsi devant ces Parisiens !…
    – Eh ! sire ! Paris vaut bien une messe !
    – Ventre-saint-gris ! fit le Béarnais en éclatant de rire. Je répéterai le mot !…
    – Quand vous irez à Notre-Dame !…
    – Chut !… Ne parlons pas de cela… Parlons des secours que je puis porter à Henri III. Quant à me faire catholique, je verrai cela à la dernière minute. En attendant, huguenot je suis, huguenot je reste.
    « Bon ! pensa Pardaillan. Il est déjà converti. Et dire que le dernier garde d’écurie de ce roi se ferait hacher menu plutôt que de renoncer à la religion de ses pères, comme il disait ! »
    – Monsieur, reprit le roi, vous êtes mon hôte pour quelques jours. Je vais expédier M. d’Aubigné au camp du roi de France.
    « Bon !… Il me garde prisonnier. Mais je m’en irai si je veux… Oui, mais je veux voir la fin de la comédie. »
    – Sire, ajouta tout haut Pardaillan, j’accepte l’hospitalité que Votre Majesté veut bien m’offrir jusqu’au moment où elle se sera entendue avec l’autre Majesté…
    Le Béarnais eut un de ces sourires aigus qui illuminaient sa figure astucieuse. Il jeta un appel. Un officier parut.
    – Monsieur du Bartas, dit-il, je vous confie M. le chevalier de Pardaillan qui était des amis de Mme d’Albret et qui est des miens. Traitez-le donc de votre mieux, c’est-à-dire comme vous me traiteriez moi-même.
    Une heure plus tard, Agrippa d’Aubigné partait pour le camp d’Henri III porteur des propositions d’alliance du Béarnais. Le lendemain soir, il était de retour et apportait la réponse de Valois : le roi de France donnait rendez-vous au roi de Navarre au château de Plessis-lez-Tours.
    La nouvelle se répandit aussitôt dans le camp huguenot. Le Béarnais prit immédiatement ses dispositions. Il annonça qu’il partirait avec vingt officiers et cent hommes d’armes. Le reste de l’armée suivrait sans se hâter. Il y eut un conseil de guerre où tous les conseillers s’efforcèrent de prouver à Henri de Béarn qu’il courait à un guet-apens où il laisserait sa vie. Mais le roi tint bon et, le lendemain, partit avec la faible escorte qu’il avait indiquée, tandis que

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