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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sonore et joyeuse que Pardaillan en fut stupéfait et songea :
    « Allons, il a renoncé ! Tant mieux, morbleu, pour lui… et surtout pour l’autre. »
    – Je vais à Paris, fit-il tout haut. Jamais je ne vous ai vu le teint si coloré, les yeux si brillants, et surtout un pareil sourire aux lèvres. Vous êtes donc heureux ?
    – Au-delà de toute expression, mon ami, mon cher ami…
    – Ah ! ah ! fit le chevalier étourdi, et d’où venez-vous ainsi ?
    – De l’amour, dit Jacques Clément.
    – Mortdiable, à la bonne heure !… Et où allez-vous de ce pas ?
    – A la mort, dit Jacques Clément.
    Pardaillan demeura soudain glacé. Il regarda mieux le moine. Et dans ses yeux brillants, il entrevit un abîme. Sous cette coloration du visage, il vit la pâleur spectrale d’un homme qui fait le sacrifice de sa vie. Et pourtant, cette joie intense, furieuse, farouche qui éclatait chez le moine était sincère.
    – Mais, reprit Jacques Clément en clignant des yeux d’un air malicieux, comment entrerez-vous à Paris ?
    – Dame, je demanderai la permission à messieurs les bourgeois de garde, voilà tout.
    – Rien n’entre, rien ne sort. Allons, laissez-moi vous rendre un tout petit service. Prenez cette médaille ; avec cela, non seulement vous pourrez franchir les portes, mais passer partout dans Paris.
    Pardaillan prit la médaille.
    – Elle devait me servir pour rentrer, continua Jacques Clément… mais je ne rentrerai pas, moi !…
    Pardaillan frémit et pâlit. Il posa sa main sur l’épaule du moine.
    – Ecoutez-moi, dit-il.
    – Taisez-vous, interrompit sourdement Jacques Clément, dont les yeux s’éteignirent soudain et devinrent vitreux, dont le visage se fit livide, dont la voix devint âpre, rauque et glaciale. Taisez-vous. Tout ce que vous allez me dire, je le sais. Rien au monde, rien, entendez-vous, ne peut m’empêcher d’aller où je vais ! Si ma mère se levait de sa tombe pour me dire : « N’y va pas ! » je repousserais ma mère et j’irais ! Pardaillan, les destinées vont s’accomplir… taisez-vous !…
    Pardaillan jeta un coup d’œil sur le moine et, sur ce visage enflammé, lut une si implacable résolution qu’il comprit qu’en effet toute parole serait vaine. Il fit donc en peu de mots ses adieux à Jacques Clément et remonta sur son cheval.
    – Hum ! murmura-t-il en considérant le moine qui s’éloignait à grands pas vers Saint-Cloud, je ne donnerais pas un liard de la peau de Valois… à moins que ce ne soit de celle de ce moine… Pauvre être !… oui, oui… ses destinées vont s’accomplir, comme il disait de cette voix qui me faisait passer un frisson sur la nuque. Et quelle que soit cette destinée, elle est terrible ! Adieu, fils d’Alice de Lux !…
    Il poussa un soupir et se mit en route vers Paris où ce fut en effet grâce à la médaille du moine qu’il put entrer sans difficulté.
    Il faut savoir que le Parlement de Paris avait été arrêté en masse un mois environ après la mort du duc de Guise. Cette arrestation, qui fut le chef-d’œuvre de Bussi-Leclerc, rentré à Paris en janvier, donna lieu à une jolie page d’histoire que nous nous contenterons d’esquisser.
    Le Parlement donc étant en séance toutes chambres réunies, s’occupait de rédiger une adresse à Henri III pour le remercier des concessions qu’il avait faites au Tiers pendant les Etats. Il ne fallait pas peu de courage pour témoigner cette sympathie au roi au moment même où Paris brûlait les effigies de Valois, jetait bas ses statues, effaçait son nom de tous les monuments. Mayenne alla trouver à la Bastille Bussi-Leclerc, qui y avait repris ses fonctions, et lui dit :
    – Combien logeriez-vous bien de robins dans votre Bastille ?
    – J’en logerai dix mille s’il le faut, dussé-je les empiler les uns sur les autres.
    – Eh bien ! il faut que ce soir, messieurs du Parlement soient vos hôtes, sans quoi ils vont nous faire une guerre civile dans Paris.
    – Je m’en charge, dit Bussi-Leclerc.
    Et prenant cinq cents hommes d’armes des milices, il marcha sur le palais, entra dans la grande chambre le chapeau sur la tête et les pistolets aux poings. Il y eut grand tumulte ; le président demanda rudement à Bussi de quel droit il entrait ainsi.
    – Du droit du plus fort, répondit Leclerc.
    Beaucoup de conseillers essayèrent de se sauver, mais se heurtèrent aux piques et aux hallebardes des gens d’armes

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