Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
de personne. Il m’a paru bon, hier, d’éviter au roi le coup qui le menaçait. Il me paraît bon cette nuit d’éviter à ce même roi un assassinat de plus sur la conscience. Messieurs, moi vivant, aucun de vous ne touchera un cheveu du Révérend Jacobin qui est mon hôte…
    Au même instant, Pardaillan et Charles d’Angoulême furent debout, l’épée à la main.
    Les trois spadassins tombèrent en garde, et les épées allaient se croiser lorsque Sainte-Maline s’écria :
    – Une minute, messieurs !… Chevalier, je dois vous prévenir que nous comptons faire du bruit. La ville est sillonnée par les patrouilles de M. de Crillon. Sans aucun doute, vainqueur ou non, vous serez pris. Et ce sera une réelle mortification pour nous… Réfléchissez, il en est temps encore…
    – Ce que vous dites là est plein de sens, fit Pardaillan en abaissant la pointe de son épée.
    – Ah !… vous êtes raisonnable, enfin !
    – Oui ! j’ai besoin de quitter Chartres au point du jour, et je me soucie peu d’être arrêté. Aussi, messieurs, ne me battrai-je pas contre vous, à moins que vous ne me forciez à vous tuer, ce dont j’aurais le plus vif regret…
    – Vous nous laissez donc faire ? s’écria Chalabre.
    – Non pas !… Seulement, j’avais marqué dans ma tête deux existences que je comptais vous demander en payement de votre dette. Je renonce à l’une d’elles, et je vous demande la vie de messire Clément… C’est le deuxième tiers de votre dette, messieurs.
    En parlant ainsi, Pardaillan rengaina paisiblement sa rapière et reprit place à table, tant il paraissait certain que les spadassins tiendraient parole.
    Il ne se trompait pas. Ces trois assassins, ces trois
bravi,
qui sur un signe de leur maître tuaient sans scrupule, nous avons dit qu’ils étaient gens d’honneur. Devant la soudaine requête de Pardaillan, sans la moindre hésitation, sans une seconde de réflexion, les trois assassins remirent poignards et épées au fourreau… Ils étaient blancs de fureur, ils tremblaient de rage, mais ils tenaient parole…
    – Moine, dit Chalabre en frémissant, remercie le ciel de ce que tu sois sous la sauvegarde du seul homme au monde qui pouvait, d’un tel mot, faire entrer nos dagues en leurs gaines…
    – Monsieur de Pardaillan, fit Montsery, cela fait deux existences payées !
    – Reste à une, dit Pardaillan.
    Nous serons heureux, dit Sainte-Maline, que cette une et dernière que vous avez à nous réclamer soit la vôtre !
    Pardaillan hocha la tête. Un sourire se joua sur ses lèvres, et il répondit ces étranges paroles qui correspondaient sans doute à quelque pensée :
    – Quand je n’aurai plus que ma propre vie à demander, c’est que tout ira bien…
    Et comme les trois faisaient un mouvement pour se retirer :
    – Une minute, messieurs ! faites-nous donc la grâce de boire avec nous…
    – Pourvu que ce soit à la santé du roi ! fit Sainte-Maline.
    – Ma foi ! dit Pardaillan en remplissant les verres, buvez à la santé de qui vous voudrez, moi je bois à la nôtre de tous ici présents…
    Les trois spadassins se regardèrent, puis prenant leur part de la situation, s’assirent en éclatant de rire. Quelques moments plus tard, ils choquaient leurs verres contre celui de l’homme qu’ils étaient venus tuer !…
    – Ce n’est pas tout, reprit Chalabre, que dirons-nous au roi ?… Nous ne pouvons pas lui dire que nous n’avons pas trouvé celui que nous cherchons, puisqu’on a eu soin de nous conduire jusqu’à sa porte !…
    – Nous pouvons encore moins lui raconter que, venus pour verser le sang, nous nous sommes contentés de verser du beaugency en compagnie de messire Clément ? fit Montsery.
    – Je connais Sa Majesté, ajouta Sainte-Maline, nous aurions beau lui assurer que le beaugency était excellent, le roi serait capable d’être de mauvaise humeur contre nous, et cette mauvaise humeur ne se passerait que du moment où il nous aurait vus nous balancer au bout d’une potence, avec une cravate de chanvre autour du cou…
    – Messieurs, intervint Pardaillan, voulez-vous me permettre ?…
    – Dites, dites ! s’écrièrent les trois, car un homme comme vous doit être de précieux conseil…
    – Voici le conseil : débarrassez-vous de messire Jacques Clément. Charles d’Angoulême regarda Pardaillan avec stupeur. Quant au moine, il ne fit pas un geste. On eût cru d’ailleurs, dans toute cette

Weitere Kostenlose Bücher