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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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regard au second personnage : vêtu simplement d’une cotte-hardie {3} bleu foncé, barrée d’une large ceinture de cuir, ce dernier était aussi différent de Warrenne que l’eau du feu. Ses épais cheveux noirs, indisciplinés et piquetés de gris, encadraient un visage sombre et glabre au teint mat, dans lequel brillaient des yeux profondément enfoncés. Hugh Corbett, clerc principal, émissaire spécial du roi, garde du Sceau privé, se vit adresser par son souverain un clin d’oeil appuyé.
    — Comprenez-vous mon problème, Hugh ? s’exclama Édouard d’un ton rogue.
    — Oui, Sire !
    — Oui, Sire ! l’imita le monarque.
    Son visage tanné se fendit en une grimace narquoise. Les lèvres retroussées, il avait plus l’air d’un molosse furieux que de l’Oint du Seigneur. Il se leva et étira son corps puissamment charpenté jusqu’à faire craquer ses jointures, puis se passa la main dans sa chevelure gris acier qui, telle la crinière d’un lion, lui tombait sur la nuque.
    — Oui, Sire ! répéta-t-il d’un ton moqueur. Bien sûr, Sire ! Si tel est votre désir, Sire !
    Il donna un violent coup de botte dans le tabouret du clerc.
    — Allons, Messire Corbett, exposez-moi la situation.
    Le clerc aurait bien aimé dire ses quatre vérités à son gracieux souverain : qu’il était arrogant, colérique, cruel, vindicatif et qu’il s’abandonnait à des accès de rage qui ne lui profitaient guère. Mais il n’en fit rien et, les mains croisées sur ses genoux, se contenta de soutenir le regard de son maître.
    Ce dernier portait encore ses habits de chasse vert foncé. Ses bottes, jambières et surcot étaient maculés de boue et il dégageait des relents de sueur à chaque mouvement. Corbett se demanda qui empestait le plus : le roi ou son lévrier ? Édouard se pencha vers son clerc qui ne broncha pas devant les yeux pailletés d’ambre sous les paupières rougies.
    Le monarque était d’une humeur massacrante, comme toujours au terme d’une partie de chasse, car le sang bouillonnait encore dans ses veines.
    — Dites-moi, demanda-t-il à Corbett d’une voix doucereuse, dites-moi donc quel est notre problème.
    — Sire, d’abord vous avez la rébellion écossaise sur les bras. Son chef, un certain William Wallace, s’est avéré un valeureux combattant et un meneur-né.
    Corbett surprit une lueur d’agacement sur le visage de son souverain, mais il poursuivit :
    — Wallace utilise à merveille les marécages, fondrières, brumes et forêts de son Écosse natale pour lancer ses attaques, mettre sur pied ses escarmouches et tendre de sanglantes embuscades. On n’arrive pas à l’encercler et il surgit là où on l’attend le moins. En deux mots, Sire, conclut Corbett avec une moue sarcastique, il fait tourner en bourrique votre fils, le prince de Galles, qui commande votre armée.
    Son interlocuteur eut un sourire forcé.
    — Et en deux mots, Messire Corbett, quelle est la deuxième partie de mon problème ?
    Le clerc lorgna Warrenne : aucun secours à espérer de ce côté-là, le comte semblait avoir été transformé en statue de pierre et Corbett se demanda, une fois de plus, si John de Warrenne, comte de Surrey, avait bien toutes ses facultés.
    — La deuxième partie du problème, Sire, c’est que Philippe de France masse ses troupes sur ses frontières nord et que, d’ici un an, il lancera une offensive de grande envergure contre la Flandre. Bien sûr, si Dieu le veut, il sera vaincu, mais dans le cas contraire, il agrandira son empire, supprimera un de nos alliés, ruinera le commerce de la laine et harcèlera nos bateaux.
    Le roi Édouard applaudit lentement en se levant :
    — Et la troisième partie du problème ?
    — Vous nous avez confié que vous aviez reçu une lettre du lord-maire de Londres, Sire, mais sans nous en révéler la teneur.
    Le monarque s’assit sur son tabouret et sortit de son surcot un parchemin blanc qu’il déroula. Sa mine se fit grave.
    — En effet, déclara-t-il. C’est une lettre du lord-maire et du conseil de Londres. Ils implorent notre aide. Il y a un tueur, un maudit scélérat qui s’amuse à trancher la gorge des catins, courtisanes et autres prostituées dans toute la ville.
    Corbett ricana :
    — Depuis quand la mort de simples ribaudes émeut-elle les édiles de la capitale ? Parcourez les ruelles de Londres au coeur de l’hiver, Sire, et vous trouverez plus d’une pauvre fille vieillie avant

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