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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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« mye » figura un collier composé de plaques d’or, où des devises galantes dues à la plume de Marguerite d’Alençon, sœur du roi et amie de la favorite, étaient finement gravées. Ce joyau attirait tous les regards et bien des convoitises : certaines femmes auraient donné plusieurs années de leur vie pour arborer un si beau témoignage d’attachement sentimental. Car Françoise de Châteaubriant montra un caractère passionné, et les rapports entre les deux amants ne furent pas toujours de tout repos.
    Les coups fourrés de la reine mère
    François I er combla Jean de Laval de gratifications substantielles à son retour. Le mari berné fut le point de mire de toute la cour, mais il feignit de ne pas s’en apercevoir. Il mesura sa déconvenue lorsqu’il repartit seul chez lui, alors que le roi emmenait Françoise au camp du Drap d’or ; il la présenta à Henry VIII, lui-même grand amateur de belles personnes du sexe (7-24 juin 1520).
    À la prière de Françoise, le souverain avait également amadoué ses frères Odet de Lautrec, Thomas de Lescun et André de Lesparre, trois Pyrénéens bagarreurs, sachant recevoir les coups d’épées et les rendre avec usure ; le roi en fit des chefs d’armée. Ne rêvant que plaies et bosses, ces loyaux serviteurs combattirent en Italie. Ils se fichaient bien de la vertu de leur petite sœur, qui leur avait valu des responsabilités excédant leurs capacités. Plus batailleurs que stratèges, un peu bandits à l’occasion, ils exerçaient de ces contestables talents de cupidité et de pillage qui déplaisent tant aux populations conquises, et auxquels ils durent une part de leurs échecs ultérieurs.
    En revanche, la maison de Foix était l’objet de la haine vigilante de la reine mère Louise de Savoie. Celle-ci avait détesté Anne de Bretagne qui le lui avait bien rendu. À la mort de la duchesse, la reine mère reporta sa rancune sur sa parentèle et Françoise devint la femme à abattre par tous les moyens. Parfaite illustration de la mère abusive, Louise ne reprocha pas directement sa liaison à son fils, mais s’évertua à la briser en lui procurant çà et là des « occasions » intéressantes. Fine mouche, Françoise ne tomba pas dans le panneau : oubliant ces passades, elle se garda bien de faire des scènes de jalousie au roi qui, toujours, finissait par lui revenir.
    Louise de Savoie essaya alors de perdre la réputation des Foix dans l’esprit du roi : les déboires militaires des trois frères et du mari de Françoise lui en offrirent le prétexte (1521-1522). Enfin, des rumeurs malveillantes accusèrent la favorite de tromper le roi avec le connétable de Bourbon, alors en instance de trahison, et l’amiral de Bonnivet. Tous ces ragots provenaient de l’entourage de la reine mère. Françoise se justifia devant le roi et, qualifiant Louise de « méchante créature  », l’accusa d’avoir causé la trahison du connétable de Bourbon, ce qui n’était pas faux… Une sale affaire de détournement de fonds – 400 000 écus destinés aux défenseurs de Milan – se greffa là-dessus : aux dires de l’intendant des finances Semblançay, Louise de Savoie aurait confisqué la somme à son profit. Si Lautrec retrouva la confiance du roi, il fallut bien trouver un coupable : la reine mère ne pouvant être soupçonnée, Semblançay servit de bouc émissaire et essuya une courte mais pénible disgrâce 24 (1523).
    Une favorite chasse l’autre
    L’an 1524, le sort de nouveau favorable à l’armée française fit cesser les calomnies. Las ! Il vint au roi la malencontreuse idée de rééditer son exploit de Marignan : il confia le gouvernement à Louise de Savoie et partit pour l’Italie à l’automne. Pour raccourcir la liaison avec son fils, la reine mère s’installa à Lyon avec la cour. Une trêve tacite la rapprocha même de la favorite détestée, car elles craignaient toutes deux le pire pour le roi, avec raison : malgré les conseils de prudence de Lautrec lui-même, François I er fut écrasé et capturé par les Espagnols à Pavie (25 février 1525). Sa défaite fut aussi celle de Françoise, qui quitta la cour et retourna chez son mari.
    Jean de Laval accueillit l’infidèle, sans doute de façon glaciale ou indifférente. Leur couple n’était plus qu’une association d’intérêts que l’amour avait déserté depuis longtemps. Le passé heureux avait disparu : leur fille, qui aurait pu les

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