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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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soupirs, des râles, des bruits d’étoffe déchirée. Fiora n’osait
même pas tourner les yeux vers Esteban, dont elle entendait, auprès d’elle, la
respiration écourtée. Et, soudain, il y eut un grand cri :
    – La
milice ! Sauve qui peut !
    Ce fut
la panique. Chacun, oubliant son compagnon ou sa compagne d’un instant, ne
songeait plus qu’à fuir. Le prêtre maudit s’arracha de Hieronyma et disparut
dans la nuit cependant que son acolyte et les deux filles emportaient le diable
de bois peint. Fiora vit Hieronyma, qui avait ôté le masque qui l’étouffait,
essayer de se relever mais une haute silhouette noire se dressa soudain devant
elle, un bras étendu, trois doigts pointés vers ses yeux affolés... Elle tenta
vainement de lutter contre le pouvoir invisible de cet homme et retomba sur l’autel,
inanimée...
    Démétrios
se pencha, saisit le petit corps de l’enfant sacrifié qui avait été rejeté à
terre, le posa sur celui de la femme déjà souillé de son sang et s’éloigna en
courant. La lueur de nombreuses torches et l’écho de pas ferrés se faisaient
entendre...
    Un
instant plus tard, Démétrios avait rejoint Fiora et Esteban :
    – Venez !
ordonna-t-il. Et venez vite ! Nous avons juste le temps de fuir...
    – C’est
vraiment la milice qui arrive ? demanda Fiora.
    – Oui.
Juste à l’heure que j’avais indiquée. Le seigneur Lorenzo a bien suivi mes
explications.
    – Qui
a donné l’alerte ?
    – Moi,
bien sûr. Je ne voulais tout de même pas que tous ces malheureux qui cherchent
une compensation à leur misère soient voués à la prison, à la torture et au
feu... La dame Hieronyma finira la nuit au cachot en attendant d’être livrée au
bourreau...
    – Mais
comment pouvais-tu savoir qu’elle serait là, cette nuit ?
    – Je
t’ai déjà dit que je sais toujours ce que j’ai besoin de savoir...
Pressons-nous un peu, à présent. Je ne me soucie pas que l’on nous coure
après...
    Une
heure plus tard, ils étaient de retour au castello où Léonarde, qui avait
envoyé Samia se coucher, les attendait. Ignorant ce qu’était au juste cette mystérieuse
expédition dans laquelle ils se lançaient, elle les accueillit sans un mot mais
leur servit aussitôt du vin chaud à la cannelle qui mijotait doucement dans les
cendres de la cheminée. Elle regardait Fiora dont le visage pâle et les traits
tirés disaient assez qu’elle n’avait pas vécu des moments très agréables mais
la jeune femme, en entourant de ses doigts glacés le bol empli du liquide
brûlant, lui sourit avec tant de tendresse que la gouvernante, vexée de n’avoir
pas été tenue au courant, n’y tint plus :
    – Vous
semblez bien lasse, mon agneau, mais il y a longtemps que je ne vous ai vu ce
sourire. Êtes-vous heureuse, cette nuit ?
    – Oui...
et pour la première fois depuis longtemps ! La mort de mon père est
vengée, ma chère Léonarde, ainsi que tout ce que j’ai eu à souffrir à cause de
Hieronyma. Je vous dirai tout demain mais, pour l’instant, je meurs de
sommeil...
    – S’il
en est ainsi, justice vous sera-t-elle rendue et pensez-vous pouvoir, enfin,
rentrer chez vous ?
    – Je
n’en sais rien... Peut-être, puisque à présent mes ennemis sont abattus...
    – Il
en reste toujours, dit sévèrement Démétrios qui chauffait à la flamme ranimée
ses longues mains pâles. Mais est-ce vraiment là ce que tu souhaites : rentrer
chez toi, retrouver ta fortune et ne plus penser à rien ? As-tu oublié
que...
    – Que
nous avons conclu un pacte ? Je l’oublie d’autant moins que je désire à
présent retrouver l’homme qui m’a abandonnée au lendemain de notre mariage et
tirer vengeance de ceux qui ont mené mes parents à l’échafaud. Mais j’avoue que
j’aimerais, pour un temps, retrouver la paix de ma maison, revoir mon amie
Chiara, pouvoir, comme naguère, passer dans les rues de Florence sans entendre
des cris de mort ou recevoir des pierres, aller fleurir le tombeau de celui qui
sera toujours mon père, laisser s’apaiser cette fureur qui m’habite depuis tant
de jours, être encore une Florentine comme les autres et acquérir la certitude
qu’au retour des voyages que j’entreprendrai, je pourrai m’y retrouver chez
moi... Est-ce trop demander ?
    Démétrios
détourna les yeux de ce regard qui implorait une réponse et quitta la cuisine.
On entendit son pas dans l’escalier de la tour au sommet de laquelle il aimait
se retirer

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