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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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marquée du sang du sacrifice avec, sur elle, le corps d’un enfant
égorgé. Il me semble que cela devrait intéresser fray Ignacio au premier chef ?
Et pourtant Esteban l’a vu parler à Jacopo Pazzi comme à un ami !
    – Tout
à fait comme à un ami ! approuva Esteban en écho.
    – Tu
as raison, c’est étrange ! dit Démétrios qui se tourna vers son serviteur :
Au fait, tu n’as pas rendu entièrement compte de ta mission. As-tu entendu, par
la ville, les gens parler de la dame Hieronyma que la milice a dû jeter en
prison ?
    Le
Castillan secoua sa tête aux cheveux hirsutes :
    – Non.
Je n’ai rien entendu dire. Je venais d’arriver au marché quand j’ai appris que
le corps de son fils venait d’être tiré de l’eau. Tous ne parlaient que de
ça...
    – Bizarre !
La ville devrait en être bouleversée. Quant au moine, pour une pareille
affaire, il devrait réclamer la tête de toute la famille... et il parle
amicalement avec le patriarche ? Difficile à comprendre ! ... Mais il
faut savoir ! Selle la mule, Esteban !
    – Où
veux-tu aller ? demanda Fiora.
    – Voir
le seigneur Lorenzo. C’est avec lui que j’avais réglé l’intervention de la
milice au mont Ceceri. Il doit tout de même savoir ce qui s’est passé ensuite ?
    – N’y
va pas ! Quelque chose me dit que tu serais en danger, pria la jeune femme
avec angoisse. Tu vois, c’est moi qui, aujourd’hui, ai un pressentiment. Ils
ont pris Pippa. Dieu sait ce que cette femme va dire !
    – Elle
ne peut rien dire. Elle n’a vu qu’un mendiant...
    – Doué
de pouvoirs peu communs. Es-tu bien certain qu’aucun souvenir ne subsiste quand
on s’éveille de ce sommeil que tu provoques ? La Virago est habile, rusée ;
pour sauver sa vie, elle dira n’importe quoi, elle accusera n’importe qui...
    – Ou
elle dira qu’elle ne sait rien. Que le jeune Pazzi est sorti de chez elle comme
il y était entré...
    – Peut-être
mais une chose est certaine : le vieux Jacopo savait tout et pourquoi son
petit-fils allait ce soir-là chez Pippa. Reste ici, je t’en prie ! Attendons
un peu ! Lorenzo te fera peut-être savoir de ses nouvelles...
    Elle
tremblait, tout à coup, et son émotion frappa Démétrios. D’ailleurs, Esteban
venait à la rescousse :
    – Elle
a raison, maître. Rien ne presse. Laissons finir le jour et passer la nuit.
Demain, si tu veux, j’irai aux nouvelles dès l’ouverture des portes. Tu pourras
me donner une lettre que je porterai au seigneur Lorenzo... Toi qui jamais ne
te laisses gagner par l’impatience, je ne te reconnais plus.
    Le
médecin haussa les épaules et passa sur son visage une main un peu fébrile. Il
alla vers le sac de cuir qu’il avait fermé tout à l’heure et s’y appuya comme s’il
cherchait à en tirer un renouveau de forces. Puis, se retournant, il regarda
Léonarde qui était toujours debout près de la porte aussi muette et immobile qu’une
statue :
    – Et
vous, dame Léonarde, fit-il en français, quel est votre conseil ?
    – Je
ne pensais pas que mon avis pût avoir une importance à vos yeux mais je suppose
que vous vous attendiez à un événement quelconque depuis ce matin... un
événement qui pourrait vous obliger à partir. Sinon pourquoi ce coffre, ce sac,
ces rangements que vous n’avez cessé de faire ?
    – Je
devrais savoir qu’aucun détail de ce genre n’échappe aux regards d’une bonne
maîtresse de maison, fit-il avec un sourire. C’est vrai : depuis cette
nuit je m’attends à quelque chose mais je ne saurais dire à quoi. Il me semble
que l’heure approche où il va falloir quitter cette maison.
    – Alors
que ce soit au moins librement ! Suivez le conseil d’Esteban ! Quelques
heures de plus ou de moins ne changeront rien...
    Démétrios
hocha la tête puis, sans rien ajouter, quitta la pièce. Fiora le suivit. L’un derrière
l’autre et sans échanger seulement un mot, ils montèrent au sommet de la tour.
La jeune femme cherchait encore à comprendre pourquoi, tout à l’heure, elle s’était
opposée si vivement au départ du Grec mais une chose était certaine : à
cet instant, elle avait su, aussi clairement que si une voix secrète le lui
avait crié, que si Démétrios se rendait à Florence, il n’en ressortirait pas
vivant. Et l’idée de perdre ce dernier ami qui, pour l’aider, avait été jusqu’à
tuer, lui était devenue insupportable. Cet homme étrange et curieux, dont elle
avait eu

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