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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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marchant vers le perturbateur, ce qui
permit à la jeune fille de constater que, si Tornabuoni était plus grand que
Giuliano, le Bourguignon était plus grand que Tornabuoni.
    – Le
sens est clair, il me semble, fit Selongey avec un dédain qui fit monter le
rouge aux joues de Fiora, nous avons vu un fort beau spectacle... qui ne
ressemble en rien à ce qu’est un tournoi digne de ce nom.
    – Qu’en
savez-vous ? Nous avons combattu, il est vrai, à armes courtoises...
    – Vous
appelez cela armes courtoises ? Moi, je dirais plutôt armes symboliques...
ou même armes inexistantes. Si vous voulez savoir ce qu’est un véritable
tournoi, venez à Bruxelles, à Bruges, à Gand ou à Dijon et vous pourrez
constater que nos armes courtoises pourraient servir en temps de guerre... à
des gens comme vous !
    La
colère empourpra soudain le beau visage de Luca et, arrachant la dague pendue à
sa ceinture dans une riche gaine de cuir de Cordoue, il s’élança, l’arme haute
sur l’homme qui le défiait si insolemment.
    – Voilà
des paroles que vous allez regretter ! L’autre ne décroisa même pas les
bras et considéra l’agresseur avec l’indulgent sourire que l’on réserve aux
enfants ou aux irresponsables :
    – Que
prétendez-vous faire ? Prouver votre valeur en ce lieu, c’est-à-dire hors
de propos... ou bien m’assassiner ?
    – Je
prétends que nous nous mesurions sur l’heure, dans le jardin de ce palais, par
exemple, afin de vous montrer si je suis un enfant ou un fou ! Venez-vous
ou dois-je vous frapper ?
    – Vous
y tenez vraiment ?
    – J’y
tiens... essentiellement !
    – Dieu
que vous êtes ennuyeux ! Vous avez tellement envie de finir la nuit dans
votre lit avec un ou deux trous dans la peau ? Il me semble que, ce soir
il y a mieux à faire.
    – Quoi
par exemple ?
    – Mais...
vous enivrer, par exemple. Les vins de monseigneur Lorenzo, s’ils ne sont pas
de Bourgogne, sont dignes d’estime. Ou encore prier à danser quelque belle
dame. Tout ce que je désire, moi, c’est que vous partiez d’ici. Voyez-vous, j’ai
grande envie de prendre votre place aux genoux de cette jolie damoiselle à qui
personne n’a encore consenti à me présenter...
    C’était
apparemment le soir des propos interrompus car une voix basse et rauque se fit
entendre et la haute silhouette du Magnifique apparut soudain entre les deux
hommes qui – il faut le souligner – reculèrent avec respect chacun d’un pas en
ébauchant un salut :
    – Voilà
une lacune que je peux combler aisément, dit Lorenzo en un français parfait.
Souffrez, madonna Fiora, que je vous présente le comte Philippe de Selongey,
chevalier de la Toison d’or comme vous le pouvez voir et ambassadeur de
monseigneur le duc Charles de Bourgogne. Quant à vous, messire Philippe, j’espère
que vous apprécierez à sa juste valeur l’honneur qui vous est fait en étant
admis à saluer donna Fiora Beltrami, qui est l’un des plus jolis ornements de
cette ville et la fille d’un homme que je tiens en grand respect. Etes-vous
satisfait ?
    – Entièrement,
monseigneur !
    Et le
salut que Philippe offrit à Fiora eût comblé une impératrice.
    – Alors,
faites-moi la grâce de vous faire conduire dans mon cabinet des médailles. Nous
avons à parler. Voici Savaglio qui va vous y mener. Quant à vous, adorable
Fiora, m’accorderez-vous la joie de danser avec vous cette piva !
    L’atmosphère,
si menaçante l’instant précédent, venait de s’alléger comme par enchantement.
Les deux adversaires se séparaient : Philippe de Selongey pour rejoindre
le capitaine des gardes du palais et Luca Tornabuoni pour offrir sa main à une
jeune femme rousse qui venait d’apparaître à point nommé. Fiora se retrouva en
route pour la salle de bal, sa main fine logée dans le poing du maître qui l’élevait
très haut comme pour mieux faire admirer sa danseuse. Ensemble, ils allèrent
prendre place en tête de la double file des danseurs tandis que les musiciens
préludaient.
    Les
figures d’une danse qui exigeait la perfection des gestes les tinrent
silencieux durant un court moment.
    Fiora
s’abandonnait au plaisir d’évoluer au son de la musique avec l’ardeur de sa
jeunesse mais aussi avec une pointe d’orgueil. C’était assez grisant de danser
avec celui que beaucoup nommaient tout bas « le prince » et d’être
ainsi le point de mire de tous ces yeux. La fermeté de la main qui tenait la
sienne

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