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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Philippe de Selongey. Jusque-là, cet étranger avait
paru considérer la superbe giostra comme un jeu d’enfants.
    Enfin
Pazzi mordit la poussière et se retira sous les huées de la foule auxquelles
Fiora s’associa de bon cœur. Le vaincu était le beau-frère de Hieronyma, sa
cousine abhorrée et elle en était venue à détester tous les Pazzi en général.
De plus, ceux-ci cachaient à peine leur animosité envers les Médicis et l’on
disait que Francesco avait tenté, certain jour, d’obtenir par la force les
faveurs de Simonetta. Le voir vaincu était une bonne chose et Fiora en oublia
presque d’avoir un peu de peine quand vint le moment que tous attendaient, le
clou du spectacle qui était le couronnement du vainqueur par la reine du
tournoi.
    Giuliano
vint s’agenouiller devant Simonetta qui posa sur sa tête une couronne de
violettes avant de lui donner un baiser un peu plus long peut-être que ne l’exigeait
la circonstance. Ce que voyant, la foule leur fit une ovation ; les hommes
hurlaient, les femmes pleuraient d’attendrissement, les bonnets volaient en l’air
et l’enthousiasme était à son comble quand un jeune homme dégringola de la
tribune et vint se planter près du trône de la reine. C’était un garçon maigre
avec, sur un visage osseux, des cheveux blonds indisciplinés qui ressemblaient
à du chaume. Ses yeux clairs mais sévères auraient pu appartenir à un moine ou
a un prophète,
    – Ma
sœur, dit-il calmement, ne te semble-t-il pas que ta place est au foyer de ton
époux et non là où il n’est pas ?
    – Seigneur !
souffla Fiora enchantée, voilà notre Amerigo descendu de ses chères étoiles...
    – ...
pour s’occuper de celle de Gênes, renchérit Chiara que le moindre incident
ravissait toujours. Est-ce que tout n’irait pas pour le mieux chez les Vespucci
pour que l’illuminé de la famille s’en mêle ?
    Mais
déjà le Magnifique interpellait le perturbateur :
    – Retire-toi,
Amerigo Vespucci ! Simonetta règne sur Florence par sa beauté et les siens
devraient en être fiers. S’il n’a pas plu à Marco, son époux, de l’accompagner,
nous le regrettons mais nous n’y pouvons rien.
    – Il
sait trop qu’il ne serait pas le bienvenu ! Je me retire donc puisque tu l’ordonnes
mais j’ai tenu à ce que tu saches que la famille n’approuve pas...
    Quelqu’un
vint le tirer par la manche et Fiora reconnut son peintre. Sandro Botticelli et
le jeune Vespucci étaient amis, la maison de l’un et le palais de l’autre étant
voisins dans le quartier d’Ognissanti. Cependant Fiora et Chiara s’apprêtaient
à prendre hautement le parti d’Amerigo. Leurs père et oncle entreprirent de les
calmer.
    – Tu
devrais savoir que ces gens perdent la tête dès que l’on touche à leur idole,
fit Albizzi mécontent. Quant aux Médicis, nous sommes payés pour savoir qu’ils
sont rancuniers et je n’ai aucune envie d’être exilé comme mon père.
    Francesco,
lui, se contenta de sourire à sa fille et de l’obliger à se rasseoir car le
spectacle n’était pas encore tout à fait terminé. Elle reprit donc sa place et,
machinalement, regarda l’envoyé bourguignon mais elle détourna la tête aussitôt
en rougissant jusqu’à la racine de ses cheveux : non seulement l’insolent
se permettait de lui sourire mais, du bout des doigts, il lui envoyait un
baiser...
    Tandis
que les chevaliers de légende, plus ou moins bosselés et salis, regagnaient en
bon ordre les tentes qui les attendaient, le Magnifique faisait venir devant le
trône de Simonetta, pour le féliciter, l’homme qui avait mis en scène le
fastueux spectacle, dessiné les costumes et peint les décors : Andrea di
Cioni, dit Verrochio. Il était alors le peintre et le sculpteur le plus célèbre
de Florence et les élèves se pressaient dans son atelier d’où était sorti
Botticelli.
    Il
vint sous les applaudissements de la foule et, n’étaient ses habits élégants,
on l’eût pris sans peine pour un paysan avec sa taille courte et épaisse, sa
grosse tête ronde couverte de cheveux noirs et frisés mais, auprès de lui,
marchait son élève préféré qui l’avait aidé dans la préparation de la fête et
celui-là grand, mince et blond attirait les regards de tous parce qu’il avait l’impassible
beauté d’une statue de dieu grec. C’était Hermès revenu sur terre. Et, tandis
que Verrochio se confondait en remerciements, le dieu grec reçut les
félicitations du

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