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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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bouche,
la jeune fille crut lire du dédain.
    – Ne
vous a-t-on pas dit que mon père n’était pas l’époux de ma mère ? Alors
voilà qui est fait. Je suis bâtarde, pour parler plus brutalement. J’ajoute
que, chez nous, cela n’a pas beaucoup d’importance. Il est vrai, ajouta-t-elle
avec un demi-sourire, que nous sommes, nous autres Florentins, des gens
étranges, des demi-sauvages...
    Son
ironie irrita Selongey.
    – Ne
dites donc pas de sottises ! Je n’ai jamais rien dit de semblable. D’ailleurs,
dans nos grandes familles, la bâtardise n’est pas non plus une marque
infamante. Seul compte le sang du père. Ainsi le meilleur capitaine de
monseigneur Charles est-il son demi-frère, beaucoup plus âgé que lui d’ailleurs :
le Grand Bâtard Antoine...
    Cette
fois Fiora sourit gaiement, creusant des fossettes dans ses joues et montrant l’humide
blancheur de ses dents parfaites.
    – Ce
n’est pas la peine de prendre un ton furieux pour dire cela, messire. Et,
puisque nous sommes d’accord, souffrez que je me retire à présent. Ma
gouvernante pourrait trouver la messe un peu longue...
    – Etes
vous si surveillée ?
    – Je
le suis autant que doit l’être une fille de mon âge et de ma condition, dit
Fiora sévèrement. Vous ne devriez pas y trouver à redire.
    – Aussi
n’est-ce pas mon propos. Mais, je vous en supplie, ne partez pas encore. Je...
    Il
semblait hésiter tout à coup et Fiora s’impatienta.
    – Auriez-vous
encore des questions à poser ? En ce cas, je vous prierai de faire vite.
Je suis pressée.
    – Ce
que j’ai à dire mériterait de longs développements mais puisque vous êtes
pressée...
    Avant
que Fiora ait pu seulement esquisser un geste, il l’avait prise dans ses bras
et lui imposait un baiser passionné. Suffoquée, la jeune fille se sentit
emporter par une force irrésistible, à la fois brutale et infiniment douce, qui
la rendait incapable de la moindre réaction. Alors que la plus petite ébauche
de caresse venue d’un de ses soupirants déclenchait chez elle une colère hautaine,
elle se laissait emporter dans une sorte d’ivresse par cet homme dont elle
sentait le cœur battre lourdement contre sa poitrine. Il sentait le cuir, le
grand air, l’herbe mouillée et même le cheval et cette odeur avait quelque
chose d’enivrant comme était enivrant ce baiser, le premier qu’elle eût jamais
reçu. Il allumait un feu dans son sang, un éblouissement divin dans sa tête. C’était
un univers qui s’ouvrait soudain devant elle, celui, flamboyant, de l’amour des
hommes qui ne ressemblait guère aux rêves bleus d’une jeune fille et qui ne se
nourrissait ni de vers précieux ni de soupirs légers...
    Trop
innocente pour rendre la caresse, Fiora, vidée de ses forces mais le cœur
battant la chamade, se laissait aller dans les bras de Philippe et, quand il la
lâcha aussi brusquement qu’il s’était emparé d’elle, la jeune fille faillit
tomber. Il la retint et plus doucement, la ramena contre sa poitrine. Lui
relevant le menton d’un doigt, il l’embrassa légèrement sur le bout du nez et
sur chacun de ses yeux :
    – Je
t’aime ! murmura-t-il avec une ardeur qui la fit rougir. Je t’aime et je
te veux...
    Cette
fois, il se sépara d’elle puis, sans se retourner, quitta l’église en courant.
Fiora, encore sous le coup du rêve où il venait de la plonger, se laissa
glisser à genoux. Au-dessus d’elle, une statue de sainte que, dans le trouble
où elle était elle eût été bien en peine d’identifier, souriait dans la lumière
faible et diffuse de deux chandelles. Et, parce qu’il fallait à tout prix qu’elle
retrouvât ses esprits et qu’elle laissât à son cœur le temps de se calmer,
Fiora se mit machinalement à prier...
    Khatoun
alors vint s’agenouiller tout près d’elle et lui prit une main sur laquelle
elle posa sa joue :
    – Il
est tard, maîtresse, chuchota-t-elle. Il faut rentrer.
    Fiora
la considéra d’un œil légèrement égaré :
    – Tu
crois ? Je... je n’ai pas envie de rentrer. Pas maintenant ! pas
encore !
    La
jeune Tartare eut un petit rire doux comme un roucoulement de colombe.
    – Je
sais pourquoi. C’est parce que tu as peur que ça se voie sur ta figure.
    – Quoi ?
    – Que
tu sais maintenant ce que c’est que l’amour...
    – Folle
que tu es ! Tu crois donc que j’aime cet homme ? Est-ce que tu ne
sais pas que celui que j’aime c’est Giuliano.
    Elle
fut

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