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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’une
terrible épreuve.
    Jorge
s’arrêta devant une porte de chêne noirci qu’aucun verrou ne défendait et qui,
même, était entrouverte, laissant passer une lumière rougeâtre. Au-delà, on
entendait haleter quelqu’un qui devait lutter contre la souffrance.
     
    Le
spectacle qu’elle découvrit était pire encore que ce à quoi elle s’attendait :
un homme était étendu sur le chevalet, ses poignets et ses chevilles pris dans
des bracelets de fer reliés à un treuil destiné à les étirer jusqu’à
dislocation. L’affreuse machine était arrêtée à cause de l’absence du
sous-gouverneur et le bourreau, un Noir gigantesque et nu jusqu’à la ceinture,
attendait placidement, bras croisés à côté de la victime, de nouveaux ordres.
Fiora n’eut aucune peine à reconnaître ce visage aux yeux clos, pâli par la
douleur : c’était celui de Douglas Mortimer, le sergent de la Garde
écossaise du roi de France et l’un de ses meilleurs amis.
    Elle n’avait
pu retenir un tressaillement qui n’échappa pas à Riario, pas plus que la
soudaine blancheur de ses joues.
    – Quelque
chose me dit que vous vous connaissez, tous les deux ? fit-il avec un
sourire plein de fiel.
    Déjà
Fiora se ressaisissait. Priant mentalement Dieu pour que Mortimer ne fût pas
inconscient et pût l’entendre, elle déclara, plus haut peut-être qu’il n’était
nécessaire et avec une indignation qu’elle n’eut pas besoin de forcer :
    – Bien
sûr, je le connais ! C’est l’intendant de mon domaine de La Rabaudière. Il
m’est très attaché et je ne suis pas étonnée qu’il se soit mis en quête de moi.
Voilà des mois que j’ai été enlevée.
    – Votre
intendant ? Un simple paysan à vous entendre ? Comment se fait-il
alors qu’il soit venu à Rome ? Qui donc a pu lui dire que vous étiez ici ?
    – Qui
donc ? Je croyais qu’à mon arrivée ici, le cardinal d’Estouteville avait
envoyé un messager au Plessis-lès-Tours pour faire connaître au roi Louis les
exigences du pape ? Mon manoir est voisin du château royal et mes gens ont
dû apprendre très vite le sort que l’on m’a fait. A ce propos, d’ailleurs, le
roi n’a-t-il pas envoyé un messager, une délégation, une lettre ou quoi que ce
soit d’autre en réponse au message du cardinal ?
    – Il
n’a rien envoyé du tout ! fit Riario en haussant les épaules. Vous ne
devez pas avoir autant d’importance que mon oncle se l’imaginait.
    – C’est
un sacré foutu mensonge ! fit une voix qui semblait venir des profondeurs
de la terre et qui était celle de Mortimer en personne. En dépit de sa
situation tragique, ses yeux bleus, grands ouverts à présent, brillaient d’un
feu allègre qui réchauffa le cœur de Fiora. Grâce à Dieu, il l’avait entendue,
reconnue et, à eux deux, ils arriveraient peut-être à duper le douanier déguisé
en prince qui les observait.
    – Ah,
tu parles à présent ? gronda-t-il. Tu consentiras peut-être à nous dire au
moins ton nom ?
    – Il
s’appelle Gaucher, dit Fiora, Gaucher Le Puellier. Son oncle et sa tante,
Etienne et Péronnelle, sont les gardiens de mon domaine. Une belle prise en
vérité que vous avez faite là ? Un bon garçon de paysan qui ne connaît
ici-bas que Dieu et son maître !
    – Mais
qui ose tout de même m’accuser de mensonge ? Que peut-il savoir des
relations entre le roi et le souverain pontife ?
    – Ce
que tout le monde sait au Plessis où l’on est fort en peine de donna Fiora,
reprit le faux Gaucher. Que le roi Louis a déjà envoyé ici, et par deux fois,
des gens à lui... que personne n’a jamais vu revenir !
    – Les
chemins ne sont pas sûrs par les temps où nous vivons, soupira Riario en pleine
hypocrisie. Ce qui l’est, c’est que nous n’avons reçu personne... et que tu as
bien de la chance, l’ami, d’être arrivé entier.
    Il s’approcha
du corps étendu sur lequel il se pencha :
    – Tu
es bien certain de n’être pas envoyé par le roi ? J’ai bonne envie de te
faire tourmenter encore un peu, rien que pour savoir si tu n’as pas encore
quelques petites choses à nous dire ?
    – Je
suis assez grand pour m’envoyer moi-même ! grogna Mortimer en forçant sur
le ton paysan. Not’ maîtresse, on l’aime par chez nous et, moi, j’ai voulu voir
c’que vous en avez fait ! Mais... j’aurais jamais cru la retrouver dans
une cave comme voilà ! ... prisonnière autant dire !
    – Pas :
autant dire.

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