Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
soutenir un siège tant elle était solide et
bien défendue. La nuit empêcha Fiora d’en apprécier l’architecture, car elle n’était
éclairée sur la rue que par les habituelles cages à feu. Mais la voûte
profonde, où veillait un corps de garde et qui ouvrait sur l’habituelle cour
carrée, mit la jeune femme mal à l’aise quand la litière la franchit et plus
encore lorsque les lourdes portes firent entendre leur grondement en se
refermant. Décidément, Girolamo ne laissait rien au hasard et sa maison
ressemblait à un coffre-fort. Il ne devait pas être facile d’en sortir sans l’approbation
du maître.
    La
cour était silencieuse, mal éclairée par quatre torches : deux fixées à la
sortie de la voûte et deux au bas du raide escalier de pierre qui montait vers
les étages. Quand la litière et son escorte s’arrêtèrent au plus près de cet
escalier, ce fut le silence, comme si le palais était inhabité :
    – Tirez
votre voile sur votre visage, donna Fiora ! conseilla Catarina. Et toi,
Khatoun, aide-moi à descendre ! Je ne me sens pas très bien...
    – Quand
je disais que c’était une folie ? bougonna la petite Tartare qui, aidée de
Fiora, extirpait sa maîtresse du creux des coussins.
    – C’est
plus qu’une folie, c’est une grave imprudence. D’autant que je pourrais prendre
ça pour une trahison ! gronda une voix d’homme qui arracha un cri à
Catarina.
    – Vous ?
Mais que faites-vous là ? Je vous croyais à Segni ?
    Sans
lui répondre, Girolamo Riario se tourna vers Fiora et arracha le voile qui
couvrait sa tête. Son visage épais, aux traits lourds, que la somptuosité d’un
pourpoint brodé d’or n’arrivait pas à rendre distingué s’éclaira d’un sourire
satisfait :
    – Enfin
on vous retrouve, ma belle ! Une chance qu’un des hommes de Santa Croce
vous ait reconnue, l’autre nuit, et vous ait suivie de la rive tandis que vous
descendiez le Tibre en barque. Le matin même j’ai su où vous étiez...
    – Pourquoi
n’ai-je pas été arrêtée, alors, comme l’a été Stefano Infessura ?
    – Ce
n’est pas pour ça qu’on s’est emparé de lui, mais pour lui apprendre la
modération dans ses écrits. Il sera...
    Il n’en
dit pas plus. Comme une furie, Catarina venait de se jeter entre lui et Fiora,
les bras étendus dans un geste de protection, un geste qui ne manquait pas de
grandeur.
    – Vous
avez osé me tendre un piège, vous ? A moi ?
    – Ne
prenez donc pas vos airs de princesse ! Pas avec moi qui suis votre époux,
même si je ne réponds pas à votre idéal masculin. Où prenez-vous que je vous
aie tendu un piège, ou que j’aie seulement cherché à vous être désagréable ?
Si cela était, j’aurais fait prendre cette femme chez la Juive et j’aurais
envoyé celle-ci réfléchir en prison.
    – Sous
quelle accusation ? Anna a soigné une blessée qui lui a été amenée, rien
de plus. En outre, vous n’ignorez pas que le Saint-Père ne veut pas que l’on
moleste les Juifs, et moins que toute autre la maison du rabbin Nathan.
    – Aussi
ai-je attendu que notre fugitive en sorte. Je pensais bien que vous vous
chargeriez d’elle dès l’instant où vous me croiriez absent. Les visites de
votre suivante au ghetto m’en ont donné la certitude. Vous voyez que j’ai eu
raison puisque, sans peine aucune, sans bruit et sans violence, le beau fruit m’est
tombé dans la main.
    – Ne
soyez pas stupide, Girolamo ! En quoi cette jeune femme vous
intéresse-t-elle ? Qu’avez-vous à faire de la politique de votre oncle
avec le roi de France, de la mise en cage d’un moine pouilleux et même d’un
cardinal français ?
    – Rien
du tout, vous avez raison. En revanche, elle peut servir sans même le vouloir
ma politique à moi, celle que j’entends mener avec les Médicis. Enfin... elle
vaut cent ducats et c’est une somme bonne à prendre !
    – Vous
avez à votre disposition le trésor de l’Église et vous me déshonorez pour cent
ducats ? Vous êtes un monstre, un être infâme, méprisable et je vous...
    Catarina
resta la bouche grande ouverte, puis, avec un cri déchirant, elle se courba en
portant ses mains à son ventre et se mit à haleter comme si elle venait de
fournir une longue course. Khatoun se précipita pour la soutenir, les yeux
agrandis par l’inquiétude, mais Fiora avait encore trop présent à la mémoire le
souvenir de son accouchement pour ne pas en reconnaître les symptômes.

Weitere Kostenlose Bücher