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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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valet de
chambre.
    – Je
n’ai pas le choix, dit Fiora doucement. Vous laisser tuer serait stupide car
mon fils aura besoin de... tous ceux qui sont les miens. Et puis, nous nous
reverrons peut-être... plus tard !
     
    Sa
capitulation valut à Fiora d’achever la nuit dans l’une des chambres destinées
à l’entourage du pape et non dans l’un des cachots qui peuplaient les
entrailles de la forteresse. L’installation était plutôt Spartiate, mais du
moins eut-elle à sa disposition un vrai lit et des ustensiles de toilette avec
de l’eau et du savon. Rompue de fatigue, elle se contenta de s’étendre sur la
courtepointe sans même prendre la peine de se dévêtir.
    Elle n’en
dormit pas pour autant, les derniers événements de la nuit ayant chassé le
sommeil dont son corps las avait cependant le plus grand besoin. Son épaule
blessée lui faisait mal, mais elle n’avait rien pour changer son pansement, le
léger bagage dont l’avait munie Anna était demeuré dans la litière de Catarina.
Il ne lui restait que l’aumônière de dona Juana, toujours pendue à sa ceinture.
En la fouillant pour prendre son mouchoir, ses doigts rencontrèrent le mince
flacon habillé de plomb que la Juive y avait glissé. Elle le sortit et le
considéra un moment. Anna le lui avait donné pour qu’il soit l’instrument de sa
vengeance contre Hieronyma et qu’elle s’en serve pour l’éliminer à jamais. A
présent, Fiora en venait à penser qu’il pourrait être sa propre délivrance, le
dernier secours au bord du gouffre où elle allait tomber et se perdre à jamais.
Pour sauver Mortimer, elle s’était livrée à ses pires ennemis, mais, d’autre
part, l’Ecossais avait couru de grands risques pour la sauver. Pouvait-elle l’en
remercier en le laissant mourir sous ses yeux, et de quelle abominable façon ?
En outre, elle savait à présent qu’en France on ne l’oubliait pas. Le roi avait
pris la peine d’envoyer déjà deux délégations, plus Mortimer. C’était
encourageant, mais toute cette puissance dont il disposait était trop loin et
ses messagers avaient dû connaître un sort tragique. Louis XI recevrait,
quelque jour, une hypocrite missive lui annonçant un ou plusieurs accidents
stupides. Quelque jour qui se situerait une fois qu’elle serait dûment mariée à
Carlo Pazzi.
    Une
seule chose la retint de déboucher la fiole et d’en avaler le contenu
sur-le-champ : ce n’était pas un poison rapide. Anna avait spécifié que
son « ennemie mourrait dans la semaine sans que l’on pût savoir de quelle
maladie ». Avec un soupir, Fiora remit l’objet à sa place. Il se
trouverait bien, un jour ou l’autre, un couteau à portée de sa main ou, mieux
encore, une haute muraille d’où se précipiter, une rivière où se noyer... Car,
décidément, elle n’était pas faite pour le bonheur et, puisque la malédiction
qui avait présidé à sa naissance continuait ses méfaits, il serait bien
meilleur pour tout le monde et surtout pour son enfant que cette fatalité
disparût avec elle.
    Chose
extraordinaire, une fois qu’elle eut arrêté cette funèbre décision, elle se
sentit mieux, presque délivrée. Les battements désordonnés de son cœur s’apaisèrent,
le manège infernal qui tournait dans sa tête s’arrêta et elle s’endormit enfin.
    Le
tintamarre des cloches sonnant à toute volée la réveilla. Elle vit que le
soleil était déjà haut dans le ciel, et comprit que quelqu’un était assis près
d’elle, lorsque son regard tomba sur des doigts noirs qui tenaient des boules d’ambre.
Il remonta vers le visage qu’éclaira soudain un large sourire :
    – Tu
as bien dormi ? Domingo est heureux de te revoir. Il était en peine de
toi.
    – Pourquoi ?
Parce que j’avais réussi à échapper à ton maître ?
    – Non,
mais même un fidèle serviteur peut éprouver de l’amitié pour l’être qui est
confié à sa garde.
    – Comment
es-tu ici ?
    – Sur
ordre, bien sûr. Domingo doit te préparer à l’audience que le Saint-Père t’accordera
vers la fin du jour.
    – Je
ne me souviens pas d’avoir demandé une audience. Mais dis-moi : que veut
dire ce carillon ? J’en ai les oreilles cassées...
    – Tu
n’es pas la seule, mais, ce matin, la noble comtesse Riario a donné le jour à
une fille que l’on appellera Bianca. Le Saint-Père est heureux et, par
conséquent, Rome est en fête. Il n’y a pourtant pas de quoi, ajouta le Nubien
en agitant

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