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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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acceptaient de s’occuper de La Rabaudière. Ce qu’ils
avaient fait de grand cœur car ils se fussent tous deux jetés dans le feu sur
un simple signe de leur « bon sire ». Ils habitaient, sous les
combles de la maison, une belle chambre dont la fenêtre, couronnée d’un gable
en forme de fleur de lys, s’ouvrait dans le brillant manteau d’ardoises qui
couvrait la demeure. Bons Tourangeaux solides et affables, ils aimaient le
travail et eussent été les gens les plus heureux du monde si le Ciel leur avait
accordé un enfant, mais prières, neuvaines et fréquentes visites au tombeau du
grand saint Martin, gloire de la ville voisine de Tours, s’étaient montrées
inopérantes et, à quarante-cinq ans bien sonnés, Péronnelle savait qu’elle n’avait
plus grand-chose à attendre de dame Nature. Elle s’en consolait en régalant son
Etienne des trésors d’une cuisine dont la qualité soutenait la comparaison avec
celle de maître Jacques Pastourel, qui régnait sur les cuisines royales, et il
arrivait que le roi, au retour d’une de ses chasses, vînt s’installer à sa
table.
    Péronnelle
était ronde comme une pomme, avec un visage tout en lignes douces dont la beauté
résidait dans deux grands yeux de la couleur exacte de ces pervenches qui
avaient baptisé la maison et, jadis, Etienne avait dû cogner plus d’une fois
pour empêcher les galants de venir conter fleurette à ces yeux-là. Il s’en
était toujours tiré à son avantage car il était aussi carré que sa femme était
ronde, et l’usage alterné du filet de pêche, de la bêche et de la cognée l’avait
doté de muscles avec lesquels il convenait de compter.
    Bien
loin de les chagriner, l’arrivée de Fiora et de Léonarde leur causa un vif
plaisir assorti de soulagement. Ils ne savaient pas à qui, au juste, le roi
avait donné la maison aux pervenches. On leur avait seulement dit que c’était
une jeune dame à laquelle Louis XI voulait du bien. Aussi le couple
craignait-il qu’il s’agît de quelque favorite, d’autant plus insupportable qu’elle
ne serait peut-être pas sortie de la cuisse de Jupiter, et que l’âge du roi
rendrait arrogante. Que Louis XI se fût donné une maîtresse alors qu’il avait
juré de ne plus toucher autre femme que la sienne – ce qui ne risquait pas d’arriver
souvent, la reine Charlotte vivant toute l’année au château d’Amboise à six
bonnes lieues du Plessis – était déjà suffisamment préoccupant pour ces braves
gens.
    La
beauté de la nouvelle venue, sa gentillesse et la mine si respectable de
Léonarde leur ôtèrent, dès l’abord, le plus gros de leurs inquiétudes et
Douglas Mortimer, qu’ils connaissaient bien et que le roi avait chargé d’accompagner
la nouvelle propriétaire, acheva de les rassurer : donna Fiora était la
fille d’un ancien ami du roi Louis et celui-ci avait décidé de la prendre sous
sa protection après les nombreux malheurs dont elle avait été victime. Le plus
grave était peut-être d’avoir épousé, jadis, un seigneur bourguignon trop ami
du défunt Téméraire pour accepter de devenir français et qui, en dépit des
prières de sa jeune femme, entendait reprendre les armes et courir les
aventures. Aussi donna Fiora, désolée, avait-elle choisi de se réfugier auprès
de son vieil ami dont elle se refusait à trahir la confiance.
    Un
discours aussi inhabituel chez l’Écossais, qui, en général, ne prononçait guère
plus de trois paroles à l’heure, avait fortement impressionné Etienne, guère
plus bavard que lui, et fait verser quelques larmes à la sensible Péronnelle.
En foi de quoi le couple adopta Fiora et se mit en quatre pour lui faire goûter
le bonheur qu’il y avait à vivre en pays tourangeau. Avec d’autant plus d’enthousiasme
que l’accord entre Péronnelle et Léonarde avait été immédiat, en dépit d’une
certaine différence d’âge. Très pieuses l’une et l’autre, elles surent s’entendre
sur l’art de mener à sa perfection le train de la maison car, si Léonarde avait
jadis régné sur un palais florentin et une somptueuse villa, elle savait mettre
une sourdine à l’espèce de suprématie qu’elle pouvait tirer de ses talents et
admirer en toute bonne foi la spécialité dans laquelle Péronnelle était passée
maîtresse, c’est-à-dire l’art culinaire. De son côté, Péronnelle appréciait à
sa juste valeur le tact de la vieille demoiselle, lui avait remis d’elle-même
les clefs

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