Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
la Loire. Elle l’avait tout de suite aimé quand il lui était apparu, au
détour du chemin de terre qui, hors les murs de Tours, menait du « pavé »
au prieuré de Saint-Côme. C’était pourtant par un matin frileux de la fin
janvier où la nature, saisie par l’hiver, n’était pas en son mieux. Mais que la
maison était donc jolie !
    Fait
de tuffeau crémeux et de briques roses, le logis, bâti en équerre de part et d’autre
d’une tourelle octogone, brillait de toutes ses fenêtres à verres de couleur
qui reflétaient l’éclat joyeux des feux allumés à l’intérieur. A l’entour s’étendait
un jardin qui, d’un côté, descendait jusqu’au fleuve et, de l’autre, se perdait
dans un bois qui rejoignait les murs d’enceinte du Plessis-Lès-Tours, le
château royal où, la veille, Fiora et ses compagnons avaient reçu la plus chaleureuse
hospitalité. Plus loin, vers le nord, l’îlot qui supportait l’antique prieuré s’enveloppait
d’une brume lilas d’où son clocher émergeait mystérieusement, à mi-chemin du
ciel, semblable au pieux dessin de quelque peintre angélique.
    Le
sentier qui menait au petit château était tout juste assez large pour une
charrette et il devait être très ancien, car il s’enfonçait dans le sol entre
des talus herbeux où se montraient déjà les pousses tendres des primevères et
des
    violettes.
De vieux chênes s’élevaient de chaque côté, tordant sur le ciel d’azur léger
leurs branches grises couvertes de lichen. Ils formaient une sorte de voûte qui
devait en été donner de la fraîcheur, et au-delà de laquelle toute la maison
rayonnait d’amitié et semblait ouvrir ses bras à la voyageuse venue y chercher
refuge. Après les brumes glacées de Lorraine et les neiges infinies de
Champagne, les doux vallonnements du val de Loire, son air plus léger et la
majestueuse splendeur de ses eaux bleutées donnaient aux voyageurs l’impression
de passer d’un austère purgatoire au séjour de paisibles élus. La colère et le
chagrin de la jeune femme en avaient tiré un certain apaisement. Elle n’avait
plus ce visage fermé, tendu, ces yeux lourds de nuages sombres qu’elle avait
emportés de Nancy, et Léonarde en avait silencieusement remercié Dieu.
     
    Aussi
longtemps qu’elle vivrait, la vieille demoiselle reverrait, deux jours après
les funérailles du Téméraire, Fiora surgir dans sa chambre mal chauffée, pieds
nus sur les carreaux froids, à peine vêtue d’un drap qu’elle retenait contre sa
poitrine, la masse noire de ses cheveux croulant sur ses épaules mais le regard
plein d’éclairs. Sans même prendre le temps d’un bonjour, elle avait ordonné, d’une
voix tremblante de colère, que l’on fît les bagages, que l’on envoyât voir si l’envoyé
du roi de France, Douglas Mortimer, était encore au palais. Si c’était le cas,
il fallait lui demander de faire préparer des chevaux afin d’être prêts à
partir dans l’heure suivante.
    Naturellement,
Léonarde ne s’était pas rendue sans combat. Voir sa fille élective aux prises
avec une telle fureur alors qu’elle la croyait au plus doux comme au plus
ardent des joies de l’amour retrouvé était bien la dernière chose à quoi elle s’attendait.
Elle avait demandé des explications. Qu’on ne lui avait pas données tout de
suite.
    – Ce
parchemin que vous m’avez montré, à Grandson, ce titre de propriété d’un petit
château donné par le roi Louis, vous l’avez toujours ?
    – Il
ferait beau voir que je l’aie perdu ! Ce sont de ces choses que l’on serre
précieusement. Je le porte cousu sous ma robe. Mais je vous rappelle que vous n’en
vouliez pas.
    – J’ai
changé d’avis. J’accepte. C’est là que nous allons !
    – Mais...
votre époux ? Messire Philippe ?
    – ...viendra
m’y chercher quand il sera disposé à vivre avec moi !
    Il n’avait
pas été possible d’en tirer autre chose, mais, connaissant « son agneau »
comme elle le connaissait, Léonarde, laissant Fiora entasser rageusement dans
un coffre de cuir le peu de biens terrestres que leur avait laissés leur longue
pérégrination à la suite du défunt duc de Bourgogne, s’était lancée à la
recherche de Mortimer. Elle l’avait trouvé au moment où il se préparait
lui-même à partir, mais n’avait eu aucune peine à le convaincre de les attendre
puis de les escorter auprès de Louis XI. Fidèle à lui-même, l’Écossais n’avait
fait

Weitere Kostenlose Bücher