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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ami.
    – Je
crois que Dieu y a pourvu. Si tu veux faire encore quelque chose pour un « pays »,
prie-Le pour que ma belle épouse qui est loin d’ici, hélas, mais qui est dans l’attente
mette au monde un fils. Avec une mère comme la sienne, il saura, je crois,
porter dignement notre nom.
    Philippe
était prêt. Le barbier se retira les larmes aux yeux et fut remplacé par un
piquet de soldats qui ne dépassèrent pas la porte. Le vieux geôlier tira une
clef de son trousseau et débarrassa le prisonnier des fers qui le retenaient à
ses chaînes, remplacés aussitôt par une corde, si bien que, sans même avoir eu
le temps de masser ses poignets endoloris, Philippe se retrouva les mains liées
derrière le dos. Il protesta :
    – Ne
puis-je mourir les mains libres ?
    – Ce
sont les ordres, répondit le sergent qui commandait le piquet d’archers.
Allons, à présent, il est l’heure !
     
    Après
un dernier regard à cette prison qu’il avait détestée et qui pourtant lui était
devenue chère parce qu’il croyait y voir flotter l’ombre claire de Marie de
Brévailles, le condamné franchit la porte basse, suivi de son confesseur qui
priait tête inclinée, vint se ranger entre les soldats qui l’attendaient,
gravit avec eux l’escalier dont les marches de pierre, usées par des milliers
de pas ferrés, se creusaient en leur milieu, et sortit enfin dans la rue où
attendait un tombereau, le même peut-être qui avait conduit les Brévailles à la
mort vingt ans plus tôt, car c’était un vieux véhicule aux planches disjointes.
Néanmoins, en l’apercevant, Philippe poussa un nouveau soupir de soulagement.
Il avait craint l’humiliation suprême d’être traîné sur la claie, dans la
poussière et les détritus, comme on en usait volontiers à Dijon avec les
condamnés. Comme il n’en était rien, il se sentit tout à coup beaucoup mieux.
Il se rappela qu’il n’avait pas terminé son pain, mais n’en éprouva aucun
regret ; il était dispos et en pleine possession de lui-même, ce qui ne pouvait
être qu’une grâce. Décidé à oublier la terre, il leva les yeux vers le ciel d’un
bleu délicat que l’incandescence du soleil d’été n’avait pas encore blanchi. La
journée promettait d’être belle entre toutes. Elle avait ce matin la gloire
triomphante de la jeunesse. C’était un temps pour aller courir dans les prés,
pour s’installer auprès d’une rivière avec un attirail de pêche et un pot de
vin mis à rafraîchir dans l’eau courante, un temps pour lire de jolis vers à l’ombre
d’un vieux chêne ou simplement pour respirer les roses en tenant par la main la
dame de son cœur, un temps pour le bonheur et la joie de vivre, enfin...
    Tandis
que le tombereau s’éloignait en cahotant sur les gros pavés de la rue et que, d’un
clocher à l’autre, les bourdons des églises commençaient à sonner le glas – ce
glas qui ne cesserait qu’au moment où sa vie prendrait fin – Philippe choisit
de regarder le sommet des arbres où chantaient des oiseaux et le ciel qui, lui,
chantait si bien, ce matin, la gloire de Dieu. La terre, en vérité, n’était pas
belle et il préférait l’oublier. Elle était bourdonnante de ricanements, voire
d’injures qui se levaient sur le passage de l’attelage. Ce peuple était
incompréhensible qui, d’abord, semblait s’être donné à sa princesse
héréditaire, et qui à présent huait un homme qui avait voulu l’aider à lui
demeurer fidèle. En réalité, ceux qui regrettaient le duc Charles n’étaient
guère nombreux et, si l’on n’était pas tout à fait prêt à accueillir la férule
du roi de France, celui qui allait mourir avait cependant l’impression
affligeante que la mort du Téméraire en avait soulagé plus d’un. Plus de levées
d’hommes nouveaux pour boucher les trous que les défaites avaient semés dans l’armée,
plus d’impôts forcés pour le trésor de guerre ! On n’était plus obligé de
cacher ses biens, de se défier du voisin. Cette ville était faite de bourgeois
plus que de nobles, et les bourgeois ont toujours été amis de la paix.
    A
entendre toutes ces cloches, une idée vint à Selongey et il se pencha vers le
petit moine qui, à ses côtés, récitait les prières des agonisants.
    – Je
croyais, chuchota-t-il, qu’après la bataille de Morat le duc Charles avait
ordonné que toutes les cloches de Bourgogne fussent portées aux fonderies de
canons ? Il me semble

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