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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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Vittoro malicieusement.
    Mon père m’avait expliqué quelque chose à ce propos, qui me revenait :
    — Au xiiie siècle, l’un des conclaves a duré deux ans et huit mois. On y serait peut-être encore, à l’heure qu’il est, si les fidèles n’avaient pas fini par prendre les choses en main et enfermé les cardinaux jusqu’à ce qu’ils s’entendent. Depuis, personne ne souhaite les voir prendre trop leurs aises.
    Néanmoins, on ne pouvait pas exactement qualifier le conclave à venir d’épreuve. Parmi le mobilier fourni dans chaque appartement, j’aperçus des pots de chambre insérés dans des coffres en bois et équipés de sièges rembourrés, de jolies boîtes de bonbons en émail, d’élégantes salières et d’autres raffinements encore.
    Scrutant plus attentivement les quartiers destinés à Borgia, je balayai d’un geste de la main la totalité de ce qui s’y trouvait.
    — Tout ceci doit partir, bien entendu. Nous apporterons nous-mêmes ce dont le Cardinal pourrait avoir besoin.
    L’ecclésiastique chargé de surveiller les préparatifs eut l’air indigné en m’entendant, mais garda le silence en voyant le regard sombre de Vittoro sur lui.
    Peu après, nous retournâmes à la chapelle pour y jeter un dernier coup d’œil. Plus tard, nous devrions décider quels membres de sa suite Borgia emmènerait avec lui au conclave (il en aurait droit à trois) et réfléchir à comment faire en sorte de maintenir le contact avec l’extérieur – en violation de toutes les règles, bien entendu. Mais pour l’instant, je voulais tâter le terrain du mieux possible.
    L’apparition soudaine de la garde d’honneur à l’entrée indiqua que le corps d’Innocent allait être mis en bière sous peu. Comme j’aimais autant être partie lorsque cela arriverait, je dus terminer promptement mon tour d’horizon. Je me tenais au centre de la chapelle, en train de regarder le plafond – qui m’a toujours frappée comme étant plutôt ordinaire en comparaison du reste – lorsqu’un mouvement à l’étage attira mon attention. Là se trouve la salle des gardes suisses, mais également une passerelle ouverte qui fait le tour du dôme intérieur et offre une vue imprenable sur tout ce qui se passe en dessous.
    Un homme se tenait sur cette passerelle et nous regardait. Je ne le reconnus que trop bien. Comme dans un rêve, Morozzi semblait nimbé d’or dans sa soutane noire vaporeuse.
    L’illusion venait du fait qu’il était éclairé de dos par la lumière entrant à flots des petites fenêtres. Il fit un mouvement, et l’impression s’estompa. Sans la lumière dorée, il apparaissait tel qu’il était vraiment, un homme dont la beauté démesurée n’avait d’égale que ses noirs desseins. Nos regards se croisèrent et en cet instant, je le vis sourire.
    — Salaud, dit Vittoro entre ses dents. Instinctivement, sa main empoigna le fourreau de son épée.
    Je vis le mouvement du coin de l’œil et me penchai légèrement vers lui, posant ma main sur la sienne. Ainsi donc mes soupçons étaient fondés, car pour avoir l’audace d’apparaître comme cela devant nous, le prêtre devait à coup sûr être de nouveau protégé. Ce qui le mettait hors d’atteinte jusqu’à ce qu’Il Cardinale n’ait plus besoin du soutien des autres cardinaux pour devenir pape. Seulement à ce moment-là serais-je libre d’agir.
    — En temps voulu, lui dis-je doucement. Mais pas encore.
    Le prêtre vit mon geste destiné à réfréner Vittoro, et son sourire s’élargit. Il alla jusqu’à lever la main et nous faire un petit signe moqueur avant de disparaître brusquement.
    Je restai figée sur place, non loin de la bière d’Innocent, à me demander jusqu’à quel point j’allais encore devoir compromettre mon âme pour m’assurer que le choix de Dieu se porte bien sur Rodrigo Borgia.

23
    U ne journée passa, durant laquelle je ne cessai de faire des allers-retours entre les deux palazzi pour vérifier toutes les procédures de sécurité instaurées dans les résidences principales du Cardinal. Madonna Adriana était revenue de la campagne et me reçut avec chaleur, du moins selon ses critères à elle. Je sentis un respect inaccoutumé dans sa manière de s’adresser à moi, et j’avais dans l’idée qu’il résultait de l’opinion personnelle qu’elle s’était forgée des récents événements, ainsi que du rôle que j’avais eu à y jouer. Non pas qu’elle ait fait une quelconque

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