Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
intérêts d’Il Cardinale avant tous les autres en cet instant crucial ?
    — Non, répliqua Vittoro. Il ne sait rien de tout cela.
    Haussant les épaules, il ajouta :
    — J’ai repensé à ce que vous aviez dit, qu’il ne voudrait pas savoir. Et j’ai décidé que vous aviez raison.
    Dieu soit loué. Peut-être nous restait-il une chance, en fin de compte.
    — Je peux le faire, Vittoro. Sincèrement. La méthode n’est pas infaillible, mais elle a de bonnes chances de fonctionner. Je n’ai même pas besoin de beaucoup de temps.
    Cette dernière assertion n’était pas nécessairement vraie. Si je trouvais ce que je cherchais tout de suite, très bien ; mais sinon…
    — Faites sortir Francesca, intervint David. Expliquez-moi en gros comment trouver les appartements du pape ; je m’occupe du reste.
    Je n’eus pas le temps d’émettre une objection que Vittoro secouait déjà la tête.
    — Tu n’arriveras jamais à trouver ton chemin. Même les rats se perdent, ici. (Il soupira lourdement.) De toute façon, si Morozzi obtient ce qu’il veut, il ne s’en tiendra pas aux juifs. Ce genre d’homme ne s’arrête jamais. Il ne sera satisfait que le jour où nous serons tous sous sa botte.
    — Dommage que la plupart des gens ne s’en rendent pas compte, répliqua David sèchement.
    — La plupart des gens ne feraient pas la différence entre leur cul et leur coude, répliqua Vittoro.
    Il se tourna tout de suite vers moi et ajouta :
    — Pardonnez-moi, Donna, je ne suis qu’un vieux soldat qui a son franc-parler.
    Je lui serrai la main, sentant mes yeux s’embuer de larmes.
    — Ne t’excuse pas, Vittoro, et pour l’amour du ciel, arrête de me vouvoyer et de m’appeler Donna. Je suis autant une dame que toi.
    Les deux hommes éclatèrent de rire, davantage pour relâcher la pression que pour mon trait d’esprit, à l’évidence. C’est ainsi que la question fut tranchée.

18
    N ous reprîmes notre cheminement dans le conduit, qui montait abruptement tout en épousant les courbes du castel . Par deux autres fois nous passâmes devant une meurtrière, d’où j’eus un aperçu de la ville endormie en dessous. Enfin, la cheminée d’aération se termina par une large ouverture au-dessus de nos têtes, d’où je voyais seulement le ciel étoilé.
    — Où sommes-nous ? demandai-je tandis que Vittoro se hissait à l’air libre. David suivit, puis m’aida à monter sur ce qui s’avéra être, à ma grande surprise, le toit du château Saint-Ange. Nous nous trouvions au pied du Commandant des Armées de Dieu, le saint patron des guerriers, celui que le prophète Daniel avait qualifié de « grand prince qui saura défendre les juifs lorsque viendra le temps du malheur », comme je l’ai appris depuis. Au-dessus de nous, l’archange Michel se dressait dans toute sa majesté, un regard déterminé durcissant son beau visage. Et en dessous…
    Par chance je ne suis pas en proie au vertige, mais mon sens de l’équilibre fut mis à rude épreuve cette nuit-là. David ne semblait guère à l’aise non plus de devoir traverser le toit au pas de course. Ensuite, nous redescendîmes par une autre cheminée qui nous mena au quatrième et dernier étage de la forteresse. Là, nous tombâmes sur un étroit corridor aux murs ornés de fresques écaillées représentant des scènes de campagne ensoleillées, peuplées d’hommes et de femmes aux yeux limpides qui nous observaient d’un air de curiosité muette, à travers le temps. Enfin, nous arrivâmes devant une petite porte à panneaux.
    Vittoro mit son oreille tout contre, et écouta attentivement. Au bout d’un moment, il se redressa et nous fit un signe de tête.
    — De l’autre côté se trouve un couloir qui mène aux appartements du pape. Si Morozzi n’y est pas encore, cela ne saurait tarder, mais d’abord il aura envoyé quelqu’un chercher l’édit.
    — Comment cela, « envoyé chercher » ? demandai-je.
    — Il n’est pas ici, expliqua Vittoro. Il est resté au Vatican. Borgia a obtenu qu’il soit conservé à la curie, mais Morozzi voudra le rapporter sans plus tarder, vu les menaces qui pèsent sur le pape. Il prétendra que l’ordre vient d’Innocent lui-même, et tentera de le lui faire signer séance tenante.
    — Mais il doit d’abord l’apporter ici, ajouta David, qui comme moi était en train de saisir.
    — Donc, nous avons un peu de temps, mais pas beaucoup, en conclus-je.
    Vittoro acquiesça d’un signe

Weitere Kostenlose Bücher